Lors de sa première visite en Afrique subsaharienne, le Président Barack Obama a prononcé un discours à Accra, au Ghana, le 11 juillet 2009. Ce discours a fait réagir les blogueurs de toute l'Afrique et d'ailleurs. Cet article présente quelques unes des réactions animant la blogosphère depuis son message à l'Afrique. Rafiki Kenya publie la transcription intégrale de ce discours. Chiume mentionne sur sa page Twitter un lien pour une version en swahili du discours du président américain.
Ghana Pundit dit que ce discours a été un message sans détour pour tout le monde, mais surtout pour les dirigeants africains :
Le Président Obama, lors de son premier déplacement en Afrique subsaharienne, a prononcé un discours franc pour tout le monde, mais surtout pour les dirigeants qui sont au pouvoir depuis cinquante ans et dont les politiques ont provoqué d'indescriptibles difficultés économiques et la misère du peuple.
“En tant qu'Africains, nous savons déjà une grande partie de ce que le Président Obama a dû dire”, écrit Moses Kemibaro, qui ajoute : “Il a exprimé clairement beaucoup de problèmes familiers, mais la différence est qu'il propose d'agir différemment de ses prédécesseurs.” :
En tant qu'Africains, nous savons déjà une grande partie de ce que le Président Obama a dû dire. Il a prononcé un discours qui résume les aspects négatifs et positifs de l'Afrique que nous connaissons, allant de la corruption à des élections se déroulant dans le calme, de la guerre à la paix, du tribalisme à l'esprit d'entreprise.
En un mot, le Président Obama est bien informé de ce qui se passe à travers le continent africain, comme le démontre son discours. Il a exprimé clairement beaucoup de problèmes familiers, mais la différence est qu'il propose d'agir différemment de ses prédécesseurs. C'est ce que l'Afrique attend du dirigeant du monde libre, une nouvelle orientation et une nouvelle attitude des États-Unis envers l'Afrique.
Il nous demande à nous, Africains, de prendre la responsabilité de nos destins individuels et collectifs. Il demande aux Africains d'enfin agir correctement et de se montrer à la hauteur de leur potentiel et de leur grandeur. Est-ce que c'est vraiment possible ? Sommes nous capables d'agir correctement comme il l'a demandé ? Bien sûr que je l'espère ! YES WE CAN frères africains ! C'est le moment d'un nouveau départ et d'une nouvelle Afrique !
The Provocateur considère son discours au Ghana comme l'un des meilleurs d'Obama, “…le Président Obama s'est en grande partie exprimé comme Bill Cosby le fait en s'adressant aux Afro-Américains” :
Ce discours a été à mon avis l'un des meilleurs que le Président Obama ait prononcé. Il ne contenait aucune de ces comparaisons morales, critiques de l'Amérique, et présentations erronées des positions adverses dont le Président Obama a abusé dans d'autres discours.
Pendant tout ce discours, j'ai pensé que le Président Obama parlait beaucoup comme le fait Bill Cosby en s'adressant aux Afro-Américains. De la même façon que Cosby dit qu'il est temps pour les Afro-Américains d'arrêter de se servir des torts du passé comme une excuse pour mal vivre, le Président Obama a dit que les torts faits au continent dans le passé par les autres ne sont pas une excuse pour ce qui se passe à l'heure actuelle dans le continent.
L'Afrique a une longue et terrible histoire d'oppression, d'esclavage, et de colonialisme. Cette histoire a conduit à un tracé de frontières qui n'ont pas grand chose à voir avec les liens de parenté et l'histoire, et beaucoup avec le simple caractère aléatoire de ce que les colonisateurs étrangers ont imaginé. Alors que le Président Obama a reconnu cette terrible histoire et son poids sur la société africaine actuelle, il a clairement dit que ce n'était pas une excuse pour la corruption, la dictature, et les sociétés brisées que cela a engendré.
Toutefois, The Provocateur pense que ce discours a été insuffisant et trop vague au niveau des solutions :
Alors que le président a réalisé un excellent travail de présentation des problèmes, ses solutions sont demeurées insuffisantes et vagues. C'est bien sûr normal. Les solutions ne peuvent être résumées en aucune manière dans un discours d'une demi-heure. Les solutions peuvent être présentées dans un discours, mais il faudra beaucoup de travail, ce qui ne s'est jamais vu, pour résoudre les problèmes. C'est pourquoi je félicite le président pour son excellent discours, qui identifie la plupart des problèmes du continent, et présente à grands traits les solutions. Ce sera, comme le président l'a lui-même souligné, au continent africain d'aller jusqu'au bout et de s'améliorer. Nous ne pouvons que soutenir ceux qui soutiennent la liberté, la démocratie et une bonne gouvernance (c'est quelque chose que le président a aussi dit).
La conclusion que Selasi Koffi Ackom tire de ce discours est que ce n'est pas l'argent qui peut résoudre les problèmes de l'Afrique :
Ma conclusion personnelle : ce n'est pas l'argent qui peut résoudre les problèmes de l'Afrique ! L'Afrique peut se suffire à elle-même avec l'aide bienveillante des pays occidentaux. Cela commencera à partir du moment où l'Afrique aura le pouvoir de marchander ses exportations, où l'Afrique recevra une part équitable de ses investissements et de ses ressources, où l'Afrique participera aux prises de décision des politiques internationales, où la gestion des ressources de l'Afrique sera donnée à ses propres habitants, et aussi où les dirigeants africains penseront à leur continent plutôt qu'à leur intérêt égoïste. Le PATRON précédent au niveau mondial, le secrétaire général de l'ONU, était Ghanéen, et grâce à sa participation bienveillante à quelques décisions internationales, nous pouvons tous nous rendre compte de l'impact que cela a eu pour le continent en aide et en investissement. Il était seul et n'a pas pu faire beaucoup. Si une telle occasion est donnée à l'Afrique, ça sera très important ! Il devrait exister un programme pour toutes les Associations Humanitaires Africaines et les ONG pour collecter des méga fonds en cas de crise humanitaire. Elles connaissent les gens qu'elles secourent et leurs besoins, personne ne connaît mieux les besoins des Africains que les Africains eux-mêmes. Nous avons besoin d'une libération totale, pour un Continent Uni. Le Panafricanisme réunit tous les Africains émigrés, et il revient à nouveau ici. Peut-être pouvons-nous nous rencontrer pour partager nos idées communes.
Vive le Ghana, Vive l'Afrique et Vivent les États-Unis !
Edwin Okong'o écrit que son “sang africain” a évité à Obama un examen attentif au Ghana.” il affirme que l'Afrique a évité de poser des questions difficiles à Obama à cause de son origine africaine :
Pendant son séjour au Ghana, le Président Barack Obama a présenté une politique des États-Unis qui n'était pas différente de celle de ses prédécesseurs. Mais comme le père d'Obama était originaire de mon pays, le Kenya, et parce que le sang, le sang africain en particulier, est plus épais que l'eau, les Africains ont évité de poser à leur fils les questions difficiles qu'il méritait sur ses intentions pour le continent. Pour comprendre à quel point les liens du sang sont importants en Afrique, nous devons revenir au mois de mai, au moment où Obama a annoncé son intention de se rendre au Ghana. L'euphorie s'est emparée si intensément du continent qu'au lieu de débattre du type de relations que l'Afrique devrait avoir avec les États-Unis, nous ne nous sommes intéressés qu'à nos voisins. Nous nous sommes demandés pourquoi il avait choisi le Ghana. Les Kényans, qui pensaient qu'ils possédaient un droit inaliénable à la première visite d'Obama en tant que président, se sont plaints d'avoir été snobés. Le Nigeria s'est demandé pourquoi Obama n'a pas inclus le géant africain dans son itinéraire. Et, si vous étiez à la place d'Obama, n'auriez-vous pas choisi d'office le pays qui a donné Nelson Mandela au monde ? Dans un pur style américain, Obama a expliqué courageusement qu'il a choisi le Ghana à cause de “l'engagement démocratique” de ce pays d'Afrique de l'Ouest. Pendant que les Kényans, les Nigérians, les Sud-Africains et les autres se livraient à cette introspection, les Ghanéens se préparaient à faire ce que nous les Africans faisons le mieux : s'habiller de vêtements colorés, chanter, danser et acclamer les présidents. Bien que les autres pays africains aient réalisé très rapidement leur introspection , “l'engagement démocratique” est un message tellement clair, ils n'ont pas réussi à la faire assez tôt pour qu'Obama les rajoute à son parcours. En conséquence ils se sont joints au Ghana et ont fait de l'événement “notre visite”, une visite à l'Afrique subsaharienne. Après tout, n'est-ce pas le sang qui nous lie, et un fils de l'Afrique n'appartient-il pas à son village ? Au moment où Obama atterrissait au Ghana, nous étions si unifiés par ce fils de l'Afrique que nous ne lui avons pas demandé de nous dire quel était le véritable but de son voyage au Ghana, et en quoi son nouveau programme était différent de celui de ses prédécesseurs.
Et Edwin Okong'o de se demander pourquoi Obama veut mettre en place un commandement militaire américain pour l'Afrique (AFRICOM) :
“L'Afrique n'est pas la caricature grossière d'un continent en guerre,” a déclaré Obama, mais le fils de l'Afrique continue de vouloir mettre en place un commandement militaire américain pour l'Afrique (AFRICOM), c'est-à-dire la même politique de militarisation que nous avons rejetée sous Bush. Pourquoi son gouvernement a-t-il augmenté les crédits, de 8,3 millions de dollars en 2009 à 25,6 millions de dollars en 2010, pour la vente d'armes à certains des mêmes pays corrompus qu'il a évités pendant sa tournée ? Ce chiffre peut paraître modeste, mais 25,6 millions de dollars peuvent mettre dans les mains de pays corrompus au moins 25 000 fusils M16. Et selon le African Security Research Project, implanté à Washington, l'armée américaine fournit un entraînement militaire à plusieurs pays africains, comprenant le Kénya, le Libéria, le Rwanda, l'Ouganda, le Nigeria, et l'Éthiopie, dans le cadre d'un programme nommé International Military Education and Training (IMET). Obama a également proposé de mettre en place ce programme en Somalie, en Guinée Équatoriale, et au Zimbabwe.
Et Edwin Okong'o poursuit son questionnement gênant pour Obama, “Il faut plus que quelques courtes visites en Afrique pour comprendre le continent” :
Parce qu'il a du sang africain, nous avons eu peur de lui dire qu'il faut plus que quelques courtes visites en Afrique pour comprendre le continent. Nous l'avons approuvé lorsqu'il a dit que, “oui, une carte coloniale qui ne voulait pas dire grand chose a contribué à nourrir les conflits”. Mais nous n'avons pas réussi à lui expliquer que beaucoup d'Africains qui critiquent le colonialisme ne le font pas pour le reprocher à l'Occident. Que nous n'avons jamais nié que la corruption est endémique en Afrique ; que nous parlons du colonialisme parce que c'est pratique ; que nous voulons que l'Occident comprenne qu'un continent brutalisé et pillé pendant des siècles ne peut pas renverser la situation en 50 ans. Nous voulons que les États-Unis réfléchissent à leur situation 50 ans après leur indépendance. Les esclaves africains étaient-ils libres ? Les femmes avaient-elles le droit de vote ? La Guerre de Sécession s'est-elle même produite ? La corruption n'était-elle pas effrénée dans cette nation nouvelle et libre ? Mais au lieu de demander à ce fils de l'Afrique d'étudier l'histoire, nous l'avons laissé cracher la même rhétorique occidentale qui veut que tout Africain qui prononce le mot “colonialisme” n'ait pour seul désir que l'Afrique attende 200 ans pour un “engagement démocratique” fort. Parce qu'Obama est de notre sang, nous l'avons laissé continuer de mettre en avant les mêmes idées erronées, condescendantes, qui veulent que chaque Africain soit dans le besoin le plus extrême en eau, en nourriture et en médicaments. “Et c'est pourquoi,” a-t-il dit, “mon administration a engagé 63 milliards de dollars pour faire face à ces défis.”
Nous avons applaudi quand nous avons entendu Obama dire que les États-Unis allaient “mettre plus de moyens dans les mains de ceux qui en ont besoin”, alors même que nous savons qu'une grande partie de cette aide finira aux mains de nos fils de l'Afrique pas si engagés dans la démocratie. Nous avons applaudi lorsqu'Obama a déclaré que “les pays riches doivent ouvrir de façon significative leurs portes aux biens et aux services en provenance d'Afrique”, bien qu'il soit connu de tous que même si le monde entier ouvrait ses marchés à l'Afrique, la plupart d'entre nous n'a rien à vendre.
“On parle plus qu'on n'agit pour l'Afrique,” écrit Paxalles :
Au fond les Obama sont plus à l'aise dans les palais et les salons que dans ce continent ravagé par la pauvreté qu'est l'Afrique, où il n'a jamais séjourné bien longtemps au cours de sa vie, mais dont il a beaucoup parlé.
Agendia Aloysius a quelques conseils pour Obama :
Le Président Obama a été catégorique en disant : “Aucun pays ne créera de richesse si ses dirigeants exploitent l'économie pour s'enrichir personnellement…”. L'Afrique a besoin d'institutions viables et fiables et pas de dictateurs comme le Président Obama l'a laissé entendre.
Cela est certainement vrai car les administrateurs coloniaux actuels de l'Afrique sont tout aussi mauvais que les colonisateurs ne l'étaient. Cependant, lorsque nous nous intéressons aux paradis fiscaux créés par des dirigeants corrompus et soutenus par des pays riches mais tout aussi corrompus, qui ont appauvri de façon importante les pays en développement, alors se posent plusieurs questions sans réponse. Lorsqu'on étudie ce qui ne marche pas, on se pose beaucoup de questions.
Des territoires comme Jersey, Monaco, Genève, Munich, Londres, le Delaware, etc, figurent parmi les places les plus importantes où des capitaux illégaux sont conservés et où des transactions bancaires sont réalisées en ne respectant quasiment pas les principes bancaires et moraux légaux de base, comme ne pas accepter d'argent provenant d'origines douteuses.
Le Président Obama devrait permettre que son pays signe des accords avec les autres pays africains de façon à ce que les comptes bancaires et les biens de tous les Africains, surtout ceux qui détiennent des postes à responsabilité ou qui en ont détenu, soient à tout moment surveillés.
Depuis longtemps, les pays riches et corrompus détenant des capitaux volés ont toujours refusé de collaborer avec les pays où cet argent a été volé, au prétexte de législations compliquées.
La réponse est simple : ces pays d'accueil veulent toujours avoir l'argent et les autres biens obtenu par les escrocs. C'est pourquoi les capitaux appartenant à des voleurs comme Mobutu, Abacha, Bongo, etc, ont été virtuellement possédés par les pays hôtes.
À propos du commerce équitable, Agendia Aloysius ajoute :
Nous souhaitons que M. Obama use de son influence et de celle de son pays pour proposer des changements dans les politiques impérialistes d'institutions telles que le conseil de Sécurité des Nations-Unies, l'Organisation Mondiale du Commerce, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire international, etc. L'Afrique a besoin de commerce équitable, pas d'une aide financière qui a fait un tort considérable au continent
Edwin Okong'o a un point de vue similaire. Il souligne que les ressources pillées en Afrique ne finissent pas dans les mains des Africains :
“Il y a des guerres pour les terres et des guerres pour les ressources,” a déclaré Obama. Mais son sang africain nous a empêché de lui demander si la plus grande partie de ces ressources (diamants) finissait dans les mains des Africains. Et que dire de cette autre ressource qui a causé un tel chaos dans le delta du Niger ? Est-ce parce qu'au Nigeria, “la loi cède devant la brutalité et les pots-de-vin” ? Les multinationales qui versent ces pots-de-vin n'ont-elles aucun rôle dans cette guerre pour les ressources ? Et serait-il vraisemblable qu'une ressource découverte récemment (du pétrole) au large du Ghana ait fait progresser ce pays dans le classement par les États-Unis de “l'engagement démocratique” ?
Sur le même sujet, Oyez a écrit ce commentaire sur le blog Up Station Mountain Club :
À l'heure actuelle, l'Occident rend facile à n'importe quel imbécile de voler de l'argent et de le planquer. C'est à la base de nos problèmes. Je sais que ces voleurs trouvent toujours d'autres endroits, par exemple Mugabe planque son argent à Hongkong. Des anciens présidents comme Nyerere ou Mandela qui n'ont pas volé d'argent ont vécu plutôt confortablement dans leur pays après avoir abandonné le pouvoir. Et aussi, si un président va se faire soigner à l'étranger, on devrait lui faire vraiment honte et parler de lui, ou lui interdire de partir. S'ils ne peuvent pas faire ça, ce sera possible pour nous de poursuivre leur famille et les biens des dirigeants africains et de geler leurs comptes jusqu'à ce qu'une bonne gouvernance soit rétablie. Si ces choses se passent, nous pourrons commencer à avoir des gouvernements responsables.
Obama, il y a une banque à Washington qui s'appelle Riggs Bank où beaucoup de ces présidents et leurs amis planquent de l'argent volé. C'est une information publique. Le dictateur de Guinée Équatoriale planque de l'argent là-bas.
Si la parole d'Obama veut dire quelque chose, les voleurs doivent être arrêtés.
D'autres blogueurs débattent de la raison derrière le choix du Ghana. C'est à cause de la découverte du pétrole au Ghana, affirme Agendia Aloysius :
Je pense que le choix du Ghana a été certainement motivé par le fonctionnement démocratique du pays, sa stabilité et ses progrès, mais aussi par la découverte du pétrole, et la nécessité de signer des contrats juteux avec ce nouveau pays pétrolier.
Pour The Ghanaian Journal, ce voyage officiel au Ghana entre dans le cadre de la nouvelle stratégie pétrolière des États-Unis sur le continent africain :
Sommes-nous en train de faire le sale travail pour les États-Unis, alors qu'ils nettoient leurs saletés pétrolières chez eux ? Sommes-nous devenus le nouveau cobaye des États-Unis ? Nous devrions être prudents lorsque nous faisons affaire avec un pays qui a contribué à notre déclin en participant à la chute de notre premier président, Kwame Nkrumah. “À bon entendeur salut !”.
Si le choix d'Obama était une question de démocratie, le Ghana n'est peut être pas le choix idéal. “Un meilleur choix n'aurait-il pas été celui de la Tanzanie, où trois présidents ont quitté leur charge d'eux-mêmes, et où un nombre égal de musulmans, de chrétiens et d'animistes ont appris à cohabiter pacifiquement ?”, se demande Edwin Okong'o :
Parce qu'Obama est de sang africain, personne n'a pris la parole pour lui dire que “l'engagement démocratique” est un phrase américaine à la mode que nous avons souvent entendue, et que, si vraiment tout ceci était une question de démocratie, le Ghana ne serait pas le meilleur choix. Le Ghana n'a-t-il pas un longue histoire de coups d'état ? Et ceux qui ont été portés au pouvoir par ces coups d'état n'ont-ils pas dirigé le pays jusqu'à une date aussi récente que 2001 ? Un meilleur choix n'aurait-il pas été celui de la Tanzanie, où trois présidents ont quitté leur charge d'eux-mêmes, et où un nombre égal de musulmans, de chrétiens et d'animistes ont appris à cohabiter pacifiquement ? Selon le World Factbook de la CIA, l'économie de la Tanzanie a connu une croissance de 7,1 % en 2008. Est-ce que le fait que la Tanzanie ait été surtout gouvernée par un parti unique la rend moins démocratique ? Et pourquoi pas la Zambie, où l'ancien président Frederick Chiluba, qui aurait volé l'argent du contribuable, fait l'objet de poursuites ? Oui, Monsieur le Président Obama, un tribunal de ce continent de grande misère qui serait ravagé par la corruption a mis en examen un ancien président. Et en évitant les autres pays africains, Obama ne continue-t-il pas la vieille politique américaine qui consiste à dresser les pays les uns contre les autres ? N'est-il pas en contradiction avec la promesse d'un dialogue ouvert qu'il a faite lors de son entrée en fonction ? Même George W. Bush, celui de “l'axe du mal”, a rendu visite à cinq pays africains. Et n'est-ce pas un stéréotype de coller l'étiquette de “corrompus” sur tous les dirigeants africains ?