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Bolivie : Le retour du «Ministre de la cocaïne»

Catégories: Amérique latine, Bolivie, Droits humains, Histoire

Pendant la dictature militaire de Luis García Meza [1] [en anglais] qui a régné en Bolivie au début des années 80, son bras droit et ministre de l'Intérieur Luis Arce Gómez donnait un conseil aux dissidents qui auraient songé à s'exprimer contre le pouvoir. Il leur disait «de circuler avec leur testament en poche.» Wilfredo Jordán publie un clip audio [espagnol] [2]  de Arce Gómez prononçant ces mots.

Ainsi commençait le règne d'une terreur où un millier de personnes ont été tuées aux mains d'un gouvernement brutal. Parmi les assassinats de personnalités en vue, on compte le jésuite espagnol Luis Espinal [espagnol] [3] et le député Marcelo Quiroga Santa Cruz [4], qui a été enlevé, torturé, et finalement tué. Son corps n'a jamais été retrouvé.

Le régime de García Meza était lourdement impliqué dans le trafic de drogue, et Arce Gómez était considéré comme maillon principal. Il était souvent surnommé le «Ministre de la cocaïne.»Richard Sánchez de La Mala Palabra [espagnol] met en lumière certains de ses agissements, tels que les taxes sur les feuilles de coca vendues aux narco-trafiquants et le business des taxis aériens pour le transport de la drogue [5]. A la suite de quoi Arce Gómez a été extradé vers les Etats-Unis pour exécuter sa condamnation. Après avoir purgé sa peine, il a été renvoyé en Bolivie, où il serait transféré à la prison de haute sécurité de La Paz pour subir la perpétuité incompressible infligée par la justice bolivienne.

Beaucoup de blogueurs étaient encore très jeunes pendant cette période noire de l'histoire bolivienne. Cependant, des personnes plus âgées ont été étonnées de voir à quel point Arce Gómez avait vieilli. José Vasquez de Vasquez Press [espagnol] écrit  [6]:

Algunos compatriotas han sido conmovidos por la apariencia del ex dictador, al que en la televisión se lo ve como un anciano que apenas camina con bastón o en silla de ruedas, que padece varias enfermedades (próstata, diabetes y que tuvo derrame cerebral).

Des compatriotes ont été très frappés par l'apparence de l'ancien dictateur, à la télévision il avait l'air d'un vieillard qui  pouvait à peine marcher avec une canne, ou en chaise roulante, atteint de diverses maladies (prostate, diabète, et une hémorragie cérébrale).

De nombreux Boliviens espèrent que son retour signifie qu'il y aura enfin des réponses à certaines des questions posées depuis longtemps [espagnol] [7]. La famille de Quiroga Santa Cruz espère que ses restes seront enfin localisés.

La mauvaise santé de l'ancien officier amène certains à spéculer qu'il pourrait demander un adoucissement de sa peine, en échange peut-être d'informations sur la disparition de Quiroga Santa Cruz et d'autres. Mais Vasquez ne voit pas pourquoi la justice bolivienne devrait être clémente avec lui, alors que la dictature n'a pas montré la moindre «attitude humanitaire» envers autrui [6].