Deux pays, la République Dominicaine et Haïti, partagent la même île, connue sous le nom d’Hispaniola depuis sa découverte par Christophe Colomb en 1492. A cette époque, l'île n'était pas divisée et est restée telle jusqu'en 1697, lorsqu'en signant le traité de Ryswick, l'Espagne a cédé à la France la partie occidentale de l'île, qui a été rebaptisée Saint-Domingue.
Cette colonie a été progressivement peuplée d'esclaves africains, qui se sont finalement rebellés contre leurs maîtres français. C'est ainsi qu’Haïti est né en 1804, devenant le premier pays des Amériques à obtenir son indépendance. En 1822, Haïti contrôlait la totalité de l'île et a occupé Saint Domingue jusqu'au 27 février 1844, lorsqu'une société secrète appelée “La Trinitaria”, menée, parmi d'autres, par Juan Pablo Duarte, a été créée pour prendre l'indépendance à Haiti et fonder ce qui est maintenant la République Dominicaine.
A compter de ce jour, la République Dominicaine et Haïti ont été deux nations indépendantes, avec des cultures, des croyances et des systèmes différents. Les voies de leur développement économique ont aussi largement divergé, Haïti étant le pays le moins développé des Amériques tandis que la République Dominicaine jouit d'une des économies les plus importantes des Caraïbes et d'Amérique Centrale.
En dépit de ces contrastes prononcés, c'est la juxtaposition des deux pays qui a entrelacé leurs destins. Un grand nombre de Haïtiens traversent quotidiennement la frontière, d'habitude de façon illégale, pour se faire employer dans le bâtiment, ou pour travailler comme vendeurs de rue de fruits, bonbons ou autres petits articles bon marché. D'autres encore peuvent avoir été spécialement engagés pour travailler dans les plantations de canne à sucre.
Du fait du grand nombre de Haïtiens sans papiers en République Dominicaine, on en voit une grande partie mendier dans les rues. Ces exemples visibles laissent souvent aux Dominicains une opinion stéréotypée négative de tous les Haïtiens. Pourtant, il y a aussi une partie moins nombreuse qui arrive en règle dans le pays, dans l'intention d'étudier, souvent munis de bourses, mais n'ont peut-être pas le profil typique des Haïtiens dans le pays. José Rafael Sosa présente à ses lecteurs une de ces étudiantes qui réussissent, elle s'appelle Gessy [espagnol]:
Cuando uno conoce a Gessy, el esquema prejuiciado que tenemos de “los haitianos”, se va a casa del carajo. Gessy Bellerive nació en Grande Riviѐre Du Nord, cerca de la ciudad de Cabo Haitiano, y voy directo a la historia: acaba de graduarse Magna Cum Laude en la Pontificia Universidad Católica Madre y Maestra. Ahora regresa a Haití a servir a su pueblo.
Malgré ces exemples positifs de Haïtiens excellant dans les pays voisins, nombreux sont les Dominicains qui trouvent que l'immigration est devenue incontrôlable. Bien que la plupart arrivent de leur plein gré, il en est d'autres qui sont amenés en République Dominicaine par des trafiquants d'êtres humains et sont exploités dans des réseaux de mendiants. Selon des estimations, il y aurait environ 1 million de Haïtiens sans papiers en R.D., dont beaucooup sont des enfants travaillant dans les rues comme laveurs de pare-brise ou cireurs de chaussures. Manuel Vólquez de Diario Digital Dominicano [es] résume ainsi la situation :
Los haitianos se desplazan por el país como hormigas y han desplazado a nuestros obreros en sectores importantes de la economía como son la construcción y los negocios informales. Han llegado tan lejos que hasta usan niños en las avenidas para mendigar, han asimilado nuestra cultura y nuestras costumbres. ¿Cosas de la transculturización y la globalización?
Ce qui préoccupe beaucoup de gens, c'est l'impact économique sur l'Etat Dominicain, à cause des fonds dévolus aux soins médicaux gratuits pour les immigrants sans-papiers. On rencontre des cas de diminution des lits disponibles pour les malades, parce qu'ils sont souvent occupés par des immigrants [es]. Selon le Dr. Bolívar Matos, Directeur de la Santé de la Région du Sud, le coût de la fourniture de soins médicaux à ces immigrants dans les provinces de San Juan et Elías Piña [es] a atteint 55 million pesos (environ 1,6 million d'euros).
Dans la section des commentaires de l'article de Hoy, nombreux sont ceux qui écrivent sur ces coûts accrus. Rosado320 se demande quel peut être le coût total pour l'ensemble de l'île, puisque les estimations ne concernent que deux provinces. Oscar Caceres pense qu'il pourrait être nécessaire d'augmenter les impôts pour financer ces besoins, et suggère même de demander une aide internationale pour contribuer à couvrir ces coûts. Cependant, Davidlebron compatit un peu plus et écrit:
A nosotros los dominicanos ausentes, no se nos niega la atencion medica por estos paises tampoco…asi que estoy un poco sorprendido porque hay gente que considera que tratar a los hermanos haitianos es un problema. Claro que es costoso…pero a ninún humano se le debe negar el derecho a comer y ser atendido por probemas de salud…a muchos de nuestros niños se les atiende en hospitales del extranjero y nadie sale a relucir esto como si de algo negativo se tratara.
Ces thèmes sont souvent au centre du débat sur les Haïtiens en République Dominicaine. Il en résulte que les Dominicains sont souvent accusés, au plan international, de racisme, d'abus et de mauvais traitement contre les Haïtiens, surtout dans l'industrie sucrière. Il y a aussi le tollé sur les droits des Haïtiens lorsque la République Dominicaine prend des mesures souveraines comportant des expulsions. Il y a des organisations non-gouvernementales actives dans ce genre de campagne, et c'est une question qui sera explorée dans le prochain article.