- Global Voices en Français - https://fr.globalvoices.org -

Ouganda : Le gouvernement garde le silence sur la famine

Catégories: Ouganda, Action humanitaire, Droits humains, Environnement, Gouvernance

Alors que la sécheresse se répand à travers l'Afrique de l'est, plus de trois millions d'Ougandais risquent d'être affectés par une famine. Selon un rapport récent d’Oxfam [1], cette famine est une conséquence du changement climatique qui a affecté la région. Les inondations massives [2] en 2007 ont ruiné des récoltes et ont érodé des champs dans l'ensemble de l'Ouganda nord et oriental. La sécheresse actuelle qui frappe aussi le Kenya [3], pays voisin, a aggravé la crise alimentaire et conduit à la crise actuelle. La faim a causé [4] la mort de plus de 40 personnes dans le nord et dans les zones orientales du pays. Les blogueurs craignent que le nombre des victimes ne se multiplie avant que le gouvernement en prenne conscience.

Le blogueur Antipop critique [5] sur son blog [en anglais] le gouvernement fédéral qui tente de minimiser les effets de la famine en l’ appelant « pénurie alimentaire » :

La famine en Ouganda oriental, au Teso (à la frontière du Kenya) pour être exact, a coûté la vie de 35 personnes, a été pour nous un énorme surprise. Certains d'entre nous en ont même entendu parler pour la première fois pendant les pauses momentanées que nous avons pris en remplissant nos estomacs déjà renflés. C'est regrettable et nous devrions avoir honte.

Mais pas autant qu'Andrew Bageire, Ministre d'État de l'agriculture, et Tarsis Kabwegere, Ministre des Secours et la préparation aux catastrophes qui a essayé de diluer ce fiasco ; Bageire ,en disant que les personnes de Teso payaient ce prix élevé à cause de leur paresse, parce qu'ils perdent  leur temps  en buvant de l'ajon  (bière locale) au lieu de cultiver et de stocker de la nourriture. Le ministre Kabwegere en insistant sur le fait qu'une « pénurie alimentaire » n'est pas une famine.

La blogueuse Eizzy note sur son blog [en anglais] que le pire est dans le nord et l'est du pays, alors que les populations de l'ouest sont relativement protégées de la faim. Elle se demande [6] si le gouvernement a  tardé à réagir face à cette crise parce que le président est originaire de  l'ouest du pays:

Comme prévu, ces secteurs étaient dans le nord et l'est du pays, je dis ceci parce qu je suis de l'ouest, les gens ne sont pas riches, mais ils ont toujours de la nourriture à manger. Je ne peux pas également ignorer que les politiciens et les personnes bien placées dans le gouvernement (le président inclus) sont également de l'ouest. On ne peut pas s'empêcher  de penser qu'ils ne s'y intéressent pas… C'est la honte et on se demande à quoi ça sert d'avoir un gouvernement ! Je veux dire, vraiment, si un gouvernement ne peut pas traiter un besoin fondamental tel que la faim, alors, que font-ils ?

Karamoja, en Ouganda du nord-est,est l'un des secteurs les plus affectés par la famine.Photo de Ruco van der Merwe [7].

Le blog Uganda's Daily Monitor rapporte [8] [en anglais] que le Ministre de la préparation aux catastrophes Tarsis Kabwegyere « est toujours en train de rechercher des interprétations médicales comme cause réelle du décès  » des victimes. L'étudiant universitaire Kyomuhendo-Ateenyi répond répond [9] sur le blog Uganda Talks [en anglais] :

Quand les nouvelles de décès multiples dus à la famine ont afflué dans la ville de Kampala, l'honorable ministre de la préparation aux catastrophes (lors d'une conférence de presse qu'il a personnellement organisée) a demandé aux accusateurs qu'ils prouvent leurs allégations en montrant des tombes !

Selon lui, la famine était une campagne de diffamation orchestrée par des têtes brûlées de l'opposition dont le but principal est de répandre le pessimisme même là où ce n'est pas nécessaire. Il a ensuite rappelé aux gens que le devoir du gouvernement n'était pas d'alimenter les citoyens et a conseillé aux personnes frappées par la famine de cultiver plus de mangues, de les sécher durant les périodes d'abondance  et de faire des stocks pour les moments difficiles. Il est professeur de sociologie à l'université de Makerere, le premier établissement tertiaire en Afrique de l'est.

“La saison des pluies est sèche en Afrique de l'est… La semaine dernière, des journaux en Ouganda ont parlé de 35 personnes mortes de faim au nord de l'Ouganda, » écrit Josh sur son blog In An African Minute [10] [en anglais] « Ken Banks [11] nous interroge au sujet de “l'éléphant dans la chambre de la pauvreté globale”. Pour moi, c'est ça. »