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Pakistan : Comment gérer le retour des réfugiés

Catégories: Pakistan, Action humanitaire, Catastrophe naturelle/attentat, Gouvernance, Guerre/Conflit, Médias citoyens, Réfugiés

Le gouvernement pakistanais a enfin annoncé un calendrier [1] pour les personnes déplacées du fait des opérations militaires dans la Vallée de Swat, esquissant leur retour chez eux. Le plan élaboré par le Groupe des Services spéciaux (SSG) se compose d'un programme de rapatriement en quatre phases. [2][les liens sont en anglais]

Swat Refugees, Image courtesy Dr. Awab Alvi (teeth.com.pk/blog) [3]       

Réfugiés de Swat, photo publiée avec l'autorisation du Dr. Awab Alvi (teeth.com.pk/blog)

Le Centre International de Surveillance des Déplacements de population (IDMC [4]) indique que plus de 3 millions de personnes ont été déplacées pendant la crise de Swat. Après deux mois de cauchemar, ces genss vont enfin retourner chez eux. Mais la question demeure : ressentent-ils de l'espoir ou bien continuent-ils à craindre pour leur sécurité ?

Faris Karim sur Teeth Maestro [5] s'est entretenu avec une personne déplacée pour en avoir le coeur net :

J'ai parlé avec Burhan samedi 18 juillet 2009. Il était sur le point de s'en aller pour retourner chez lui et était ravi de rentrer. Il partageait certes la crainte de ce que réservait l'avenir, mais il était prêt à affronter toutes les difficultés chez lui, avec ses propres forces, plutôt que de vivre comme un réfugié.

Voici ce qu'a raconté Sarfaraz, plus quelques questions que je lui ai posées : Vous est-il possible de retourner dès maintenant ?

Ce n'est vraiment pas possible de retourner dès à présent, mais j'ai une autre crainte. Et si nous retournons le mois prochain et qu'alors ces gens qui sont responsables de tout ce désordre se soulèvent à nouveau ? Cette crise va-t-elle alors recommencer ? Serons-nous de nouveau déplacés ? Croyez-moi, faire des va-et-vient pareils avec sa famille, c'est pire que la mort ! J'avais mis ma femme et mes enfants dans une voiture, mais j'ai fait à pied tout le chemin de Saidu Sharif à Malakand, près de 65 kilomètres.

Kalsoom Lakhani sur CHUP! – Changing Up Pakistan [6] fournit une analyse approfondie :

Ce n'est pas que les millions de déplacés ne veuillent pas rentrer chez eux. En réalité, beaucoup d'entre eux ont exprimé leur désir de regagner leurs villes le plus tôt possible. Leur prudence semble, pour cette raison, être basée sur un manque de confiance dans le gouvernement pour assurer les services et la sécurité, ainsi que sur une lassitude générale de vivre dans des familles hôtes ou dans des camps.

Saesneg sur Rozanama-Bach [7] dépeint les épreuves qu'ont dù subir ces personnes, dans un billet intitulé : ‘Souriez, vous êtes une personne déplacée’ :

Imaginez : vous avez été forcé à quitter votre maison, on vous transporte dans un camp de toile sans eau courante ni véritable assainissement, vous n'avez aucun moyen de vivre et êtes dépendant, quel qu'ait été votre emploi précédent, des distributions de l'Etat ou des organismes humanitaires étrangers.

Living on handouts, image courtesy Dr. Awab Alvi (teeth.com.pk/blog) [8]       

Distribution de vivres, photo publiée avec l'autorisation du Dr. Awab Alvi (teeth.com.pk/blog)

Il évoque ensuite les craintes éprouvées par les personnes déplacées pour d'autres raisons :

Le Daily Times a parlé [9] à un certain nombre de déplacés disant qu'ils resteraient là – soit parce que les opérations militaires se poursuivaient, soit qu'ils n'avaient pas d'argent chez eux.

Le chauffeur du bus et leur escorte publique ont dit qu'il était trop dangereux de faire la dernière partie du voyage, alors que des soldats se battent encore contre les taliban.

Le gouvernement a finalisé le retour de ces réfugiés en laissant beaucoup de questions sans réponse. Il faut sans doute en faire beaucoup plus pour garantir leur sécurité, ainsi que pour leur réhabilitation et leur installation. Dans son blog, l'auteur de ce billet a examiné [10] ces problèmes :

Il est clair que le gouvernement doit établir une stratégie à long terme pour la réhabilitation des personnes déplacées. Devant le nombre croissant de protestations dans les camps de réfugiés et les incertitudes dominantes pour les gens, cela devient incontournable.