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Palestine : Un film sur la “Culture de résistance” produit par le Hamas à Gaza

Catégories: Palestine, Arts et Culture, Film, Guerre/Conflit, Médias citoyens

Le premier long-métrage [1][les articles et blogs cités sont en anglais] [1]produit par le Hamas [2] est sorti à Gaza le 1er août, dans le cadre d'une tentative pour ce mouvement d'élargir son soutien par des initiatives culturelles [3] [en anglais], en construisant une «culture de résistance» [4]. Dans la même semaine, une pièce de théâtre mettant en scène un tournage de film a été donnée à Gaza. Les blogueurs de la bande de Gaza ont assisté aux deux, et nous donnent leurs avis.

Lina Al Sharif, qui blogue sur 360 km2 of chaos, a assisté à la première du film Imad Aqil [5]:

Fusillades, poursuite de voitures et histoire d'un héros, «Imad Aqil» est le premier film qui vient de Gaza. Ce film de 2 heures a eu sa première le 1er août au centre culturel Rashad Al-Shawa de Gaza-ville. Il a été écrit par Mahmoud Al-Zahar [6], un leader important du Hamas à Gaza, réalisé par Majid Jindiya, et produit par le réseau de médias Al-Aqsa. Le film a coûté environ 120,000 dollars selon le quotidien du Hamas Al-Resala. Le film a été tourné principalement dans le complexe de studios d'Asda qui est localisé dans les anciennes colonies israéliennes évacuées en 2005. Et il a été frappé par la récente guerre.

J'ai vu l'affiche publicitaire du film avant sa sortie ; j'ai été étonnée de trouver un film maison vu la situation difficile à Gaza. Pas plus tard que hier, avec deux amis nous avons acheté les billets à 10 shekels et sommes allés voir le film sur ce héros palestinien légendaire.

Lina nous raconte le scénario :

Le film est basé sur la biographie du combattant de la liberté Imad Aqil [7]. Il débute sur la scène de la sage-femme qui se dirige avec son mari vers la maison des Aqil pour mettre au monde le futur héros, qui est né le 19 juin 1971 dans le camp de Jabaliya. Ensuite, les spectateurs assistent à son enfance et son adolescence dans le camp, où les Palestiniens étaient continuellement soumis à des arrestations arbitraires et à des passages à tabac par les patrouilles israéliennes. En 1988, la première Intifada a éclaté, en même temps que le Hamas était officiellement lancé comme Mouvement de libération islamique. La même année, Imad Aqil a été arrêté pour s'être engagé dans l'Intifada et dans les activités du Hamas. Il a passé 18 mois en prison. Après avoir été libéré, il a pris un rôle moteur dans la lutte armée contre l'armée israélienne à Gaza . Il a été surnommé par les Israéliens «l'homme aux sept vies». La vie de ce combattant des brigades Qassam [8] s'est achevéz quand il a été assassiné en 1993 par l'armée israélienne avec l'aide d'un traître palestinien.

L'opinion de Lina sur le film ?

Ce n'est pas le meilleur film que j'aie vu, mais c'est un film de Gaza. En prenant en considération toutes les circonstances, les ressources et les installations qui sont nécessaires pour produire un film avec ce genre de scénario ; le résultat est plutôt bon étant donné la situation et le siège imposé à Gaza depuis déjà près de deux ans et de demi. Les acteurs et actrices sont tous de Gaza. Hélas, le même compte-rendu de Resala a mentionné que quatre des acteurs ont été de fait tués dans la dernière guerre contre Gaza. Il y a eu quelques problèmes avec le mixage du son ; une partie des dialogues était inaudible sous les effets sonores. En outre, le jeu des acteurs n'était pas très bon. Mais le résultat global doit être apprécié dans le contexte des temps difficiles que traverse Gaza.

Sur le blog In Gaza (également mis en ligne sur The Electronic Intifada [9]), la Canadienne Eva Bartlett écrit sur une pièce de théâtre consacrée au tournage d'un film [10]:

«Les gens de Gaza n'adorent-ils pas aller au cinéma, comme les gens partout ailleurs ?» demande le cinéaste en herbe Hossam Abdel Latif. Sa femme Souad, qui a plus les pieds sur terre, rétorque : «Quelqu'un qui n'a pas les moyens de manger ira-t-il au cinéma ?”

La question de l'art en temps de siège et d'occupation est l'un des principaux thèmes de la dernière production théâtrale à Gaza, Film Cinema, dont la première a eu lieu le 4 août à Gaza-ville. Un plateau recouvert de pellicule, et orné d'un ours en peluche dodu et solitaire, forment le décor de cette pièce à trois personnages.

«Je suis Hosssam Abdel Latif, et je veux faire un film,» répète au début l'aspirant réalisateur devant sa caméra vidéo qui tourne, pour se faire interrompre sans arrêt.

Eva décrit l'intrigue :

L'histoire est simple — un réalisateur de cinéma et les défis auxquels il est confronté — mais est empêtré dans tout ce qui fait la vie dans la Palestine occupée, et donne ainsi une heure de théâtre amusante, et qui fait de temps en temps réfléchir à la réalité. Film Cinema évoque le dernier massacre israélien à Gaza — mais sans faire référence à un moment précis, ce pourrait être n'importe quelle invasion de Gaza par l'armée israélienne — et traite des rêves et des pressions que vivent les Palestiniens sous le siège oppressant de Gaza. En même temps, la pièce montre les réalités universelles des prises de bec conjugales et des désirs individuels.

Elle poursuit :

Film Cinema est le deuxième événement théâtral de cet été à Gaza, et d'autres sont en préparation.

Les amateurs de théâtre cherchent aussi la diversion dans les activités artistiques ou un semblant de «normalité» à Gaza. La salle pleine à craquer et l'enthousiasme du public démontrent la soif des Palestiniens de Gaza pour les arts, et leur besoin d'un exutoire cathartique.