Porto Rico: Démantèlement d'une chaîne publique d'informations

Récemment, la salle de rédaction de l'unique chaîne publique de télévision de Porto Rico, la TUTV [en espagnol], a été pratiquement démantelée [en espagnol], apparemment à cause de coupes budgétaires. Le président de la Corporation de l'Audiovisuel Public de Porto Rico [en anglais], Israel “Ray” Cruz [en anglais]- nommé par le gouvernement élu en novembre dernier – a renvoyé environ 50 employés dont beaucoup de journalistes. La chaîne d'informations, créée il y a 15 ans, continuera d'émettre durant les deux prochains mois, à l'issue desquels les licenciements seront irrévocables.  Un groupe de reporters, de caméramen, de producteurs et de rédacteurs a échappé au renvoi mais le futur de la programmation demeure incertain. Le gouvernement de Porto Rico a déjà mis en place un plan financier qui comprend le licenciement d’environ 30 000 fonctionnaires du gouvernement [en espagnol].

Le jour-même où les employés de la chaîne publique se voyaient notifier leur licenciement, la présentatrice Gloria Soltero a délivré un message cinglant à ses téléspectateurs durant les informations. La blogosphère porto-ricaine  s'est fait l'écho des nombreux commentaires après les paroles de Soltero, mais avant, voici des extraits du message de la journaliste [en espagnol]:

A aquellos que dieron lo mejor de sí para nuestro taller informativo, para que eso acabara, los felicitamos, lo lograron. Entre ellos está nuestro presidente Israel ‘Ray’ Cruz, que siguió al pie de la letra lo dictado por nuestro gobernador Luis Fortuño, quien le deja saber al pueblo de esta forma que no le importa lo que acontezca con la cultura de nuestro país, y mucho menos con lo que pase en nuestro país con sus empleados públicos.

Acuérdense, pueblo de Puerto Rico y a usted, señor gobernador, que como diría nuestro querido y respetado Aníbal González Irizarry, “un pueblo sin prensa es un pueblo esclavo”. Sr. Fortuño: si su deseo es un pueblo esclavo, usted lo ha logrado.

Nous félicitons tous ceux qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes pour voir la diffusion de nos programmes s'arrêter. Vous avez réussi ! Parmi eux se trouve le Président Israel ‘ Ray’ Cruz, qui a suivi pas-à-pas les ordres de notre Gouverneur Luis Fortuño. Celui-ci a fait savoir à la population qu'il n'a que faire de la culture de notre pays et encore moins du futur qui attend les fonctionnaires du pays.
Rappelez-vous, peuple de Porto Rico et vous, M. le Gouverneur, comme le dirait notre bien cher Aníbal González Irizarry [célèbre journaliste porto-ricain], ‘un pays sans presse est un pays asservi.’ M. Fortuño, si votre volonté était d'asservir votre pays, vous l'avez accomplie.

Dans son blog Calahondo , le professeur de journalisme Luis F. Coss déclare [en espagnol]:

La solidaridad no puede ni debe ser un fenómeno pasajero. La solidaridad debe ser un estilo de vida frente a la codicia y frente a las políticas y prácticas que atentan contra la dignidad del ser humano. Celebro la respuesta de Gloria y de Ojeda ante las acciones destempladas de los patronos. Ahora nos toca a todos transformar los episodios heroicos en trabajo cotidiano, en conciencia madura para explicar lo que nos pasa hoy y el mañana al que aspiramos.

La solidarité ne peut et ne devrait pas devenir un phénomène temporaire. La solidarité devrait être un mode de vie, afin de faire face à la cupidité et autres pratiques et politiques qui mettent en péril notre dignité en tant qu'êtres humains. Je me réjouis des réactions de Gloria et d'Ojeda [un journaliste radio porto-ricain] contre les actions impitoyables des employeurs. Désormais, il nous appartient de transformer ensemble les épisodes héroïques en travail quotidien, en pleine conscience et avec maturité afin de pouvoir expliquer notre situation actuelle et ce que nous attendons du futur.

Dans son blog Hoy me desperté de arena, I. Caballer écrit [en espagnol]:

El lamento, la rabia y la indignación por el despido de empleados públicos son experimentados en estos momentos en carne propia por otro grupo de trabajadores puertorriqueños en el Canal del Gobierno de Puerto Rico. En esta ocasión, la única diferencia es que pudieron hacer uso de un medio masivo de comunicación para expresar su sentir y pedirle al pueblo que tome acción y no olvide.

La douleur, la colère et l’ indignation qu'a causées le renvoi d'employés du gouvernement, sont de nouveau d'actualité chez un groupe de  Porto-Ricains travaillant pour la chaîne du Gouvernement. La seule différence est que cette fois-ci, ils ont pu bénéficier d'un moyen de communication à grande échelle, pour exprimer leurs sentiments et demander à la population d'agir et de ne pas oublier ce qui leur est arrivé.

Le blogueur Luis Daniel Beltrán a commenté [en espagnol]:

Una reacción que denota la indignación por el cierre de un medio informativo que – aunque en alguna ocasión estuvo maniatado por los caprichos del partido político de turno en el poder – servía al país,  sobre todo en los tiempos de incertidumbre que se viven desde comienzos del año en curso.

La réponse [de Soltero] exprime l'indignation causée par la fermeture d'un espace d'information qui, bien qu'il ait été par moments un outil des lubies du parti politique au pouvoir, a servi le pays, surtout en ces temps d'incertitude depuis le début de l'année.
La petite image utilisée dans ce billet, “television”, est de Walt Jabsco et utilisée sous licence Creative Commons. Vous pouvez visiter les séries de photos de Walt Jabsco sur flickr.

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