Brésil : Indignation après une expulsion violente à Sao Paolo

Lundi, pour exécuter une décision de justice, 240 policiers ont expulsé 800 familles de Olga Benário, un  terrain squatté dans une zone nommée Capão Redondo, dans la périphérie sud de São Paulo.  La propriété était occupée depuis deux années par une centaine de familles, plusieurs d'entre elles appartenant au mouvement social Frente de Luta por Moradia (Front de lutte pour le logement). Le propriétaire du terrain, une compagnie de transport, a réussi à obtenir un ordre d’expulsion d’un juge, malgré une dette pour impôts impayés et les efforts du bureau de la défense publique pour protéger les résidents. L’expulsion s'est achevée par des maisons et des voitures brûlées, et une centaine de familles dans la rue et dans la boue.

Photo Ferrez, utilisée avec permission

Photo Ferrez, utilisée avec permission

Des images de la violente expulsion, pendant laquelle les “troupes de choc” ont utilisé des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène, ont été diffusées en direct par les chaînes de télévision brésiliennes les plus importantes qui s'en sont servi intensivement lors des journaux télévisés, ce qui a provoqué des réactions dans la blogosphère brésilienne et sur twitter. Ferrez, qui est un voisin, a blogué [en portugais comme tous les liens] son indignation, écrivant, après avoir témoigné sur quelques expulsions, qu'il “ne pouvait même plus le supporter” :

Hoje o helicóptero voltou de madrugada, dezenas de famílias ficaram com suas coisas durante a noite, beirando o córrego amontoram as coisas e ficaram no sereno, uma mulher me perguntou se depois a mídia ou os polícia ia levar eles pra algum lugar, eu engoli seco e não consegui responder, ela entendeu, pois o silêncio também é uma resposta.
Não tiveram pra onde ir, ninguém veio buscar. entre uma conversa e outra, um vacilão falando que tinha muito oportinista na favela, muito cara que pegou casa sem precisar, pois já tinha seu barraco, logo foi calado pela multidão que beirava o córrego, com gritos um tiozinho chegou e falou que ninguém tava brincando de ter lucro ali não, que ninguém tava fingindo que precisava morar, que ele havia perdido tudo pro trator.

Aujourd’hui, l’hélicoptère est revenu à l’aube, des dizaines des familles sont restées dehors avec leurs affaires pendant toute la nuit, près du ruisseau, sous la rosée ; une femme m’a demandé si plus tard, la police ou les médias allaient les emmener quelque part,  j’ai avalé ma salive et je n’ai pas pu répondre, elle a compris puisque le silence est aussi une réponse.

Ils n’avaient pas d'endroit où s'adresser, personne n'est venu les chercher ; entre autres conversations,  un mec à grande gueule disait qu’il y avait beaucoup d’opportunistes dans les bas fonds, beaucoup de mecs qui avaient occupé des maisons sans en avoir besoin, puisqu’ils avaient déjà leurs taudis, puis la foule autour du ruisseau l'a obligé de se taire, en criant, un type est venu et lui a dit que personne ne jouait à s'enrichir là bas, personne n'était en train de faire semblant d’avoir besoin d’habiter là, qu’il avait tout perdu sous le bulldozer”.

Photo Ferrez, utilisée avec permission

Photo Ferrez, utilisée avec permission

La plus part des opinions sur Twitter expriment de la compassion pour les gens expulsés, comme celle de @fefoguimaraes, qui a publié un message sur Twitter disant que l’expulsion était un affront à la dignité humaine,  et a envoyé un message au secrétariat du maire pour demander où iront les familles.

Le rapporteur spécial de Nations Unies pour un logement adéquat, Raquel Rolnik, qui est de Sao Paulo, a écrit sur son blog :

As imagens do despejo mostram a urgência de tratarmos a questão de moradia de forma definitiva. São mães com crianças de colo, idosos e trabalhadores que não terão alternativa para onde ir e podem acabar na rua.

Les images de l’expulsion montrent l’urgence qu'il y a à s’occuper du problème du logement de façon définitive. Il y a des mères portant des enfants dans leurs bras, des gens âgés et des travailleurs qui n’auront pas d’alternatives et finiront dans la rue.
Photo Ferrez, utilisée avec permission

Photo Ferrez, utilisée avec permission

Panóptico critique l’état de Sao Paulo et sa publicité pour son projet de logement social, qui venait d'être lancée dans les médias, juste le lendemain de l’expulsion, et son refrain “Dans l’état de Sao Paulo, on le fait. Et on le fait bien” :

Mas num ponto a propaganda é bem verdadeira. Como todos nós vimos ontem, a tropa de choque e os tratores sempre funcionam: “No Estado de São Paulo é assim: A gente faz. E faz bem feito”

Se o governo seguir sua “política de habitação popular”, como observado na desapropriação do prédio do INSS, depois da expulsão das famílias de suas casas, virão as ordens para que a polícia toque o povo da rua. É o governo de SP sempre inovando: desaloja o desalojado.

Mais jusqu'à un certain point, la pub a bien dit la vérité. Comme on a tous vu hier, la troupe de choc et les tracteurs fonctionnent toujours : ” Dans l’état de Sao Paulo, c’est comme ça : on le fait. Et on le fait bien”.

Si le gouvernement continue avec sa “politique de logement populaire”, comme on l'a vu dans l'expulsion de l’immeuble du INSS, puis l’expulsion des familles de leurs maisons, la police recevra l’ordre d'expulser les gens des rues. C'est le gouvernement de Sao Paulo, toujours innovant, mettant en marge les marginalisés.

Il y a ceux qui sont en désaccord, affirmant que la propriété privée doit être respectée avant tout, comme Xico qui commente le billet de Panóptico :

Pra começo de conversa, não deveriam ter ocupado uma área particular, ociosa ou não. Além disso, a prefeitura ofereceu abrigo às famílias, que se recusaram a aceitar. Finalmente, oferecer uma política habitacional NÃO significa fornecer suporte à invasão de propriedade privada.

Não estou dizendo que essas famílias mereçam morar na rua. Estou dizendo que elas estão indo pelo caminho errado. Parte da responsabilidade é, sim, do governo, mas a responsabilidade pessoal pesa muito nessas horas. Não se pode esperar que o governo apóie esse tipo de atitude fornecendo infra-estrutura a pessoas que não têm o direito de estar ali pra começo de conversa.

Pour commencer, ils ne devraient pas avoir occupé une zone privée, même si elle n’est pas utilisée. D'autre part, la préfecture a offert des abris aux familles, qui les ont refusés. Finalement, offrir une politique de logement NE signifie PAS soutenir l'occupation de propriétés privées.

Je ne dis pas que ces familles méritent d’habiter dans la rue. Je dis qu’ils se sont trompés de chemin. Partie de cette responsabilité est celle du gouvernement, mais la responsabilité personnelle a beaucoup de poids dans ces situations. Tout d'abord, on ne peut pas attendre que le gouvernement soutienne ce type d’attitude en offrant des infrastructures pour des gens qui n’ont pas le droit d’être là.

Photo Ferrez, utilisée avec permission

Little Star Shining est en désaccord avec ce point de vue, écrivant qu’elle n’a pas de mots pour décrire la nouvelle de cette  brutale, violente, absurde expulsion de ces familles.

Cabe então refletimos, afinal o que é uma àrea ocupada (ou “invadida” como pronuncia pejorativamente nossa brilhante mídia)???
Vamos lá…
Uma àrea para ser ocupada tem que ser primeiramente uma àrea inativa, sem uso… ou seja, não tem ninguém morando, nenhum imóvel, nem fábrica, plantação, nada! A premissa é que ela não esteja em nenhuma forma de uso, afinal não dá pra ocupar uma casa de alguém está morando, por exemplo, apenas casas abandonadas, concordam?? Com a àrea é a mesma coisa… ela está lá imensa, abandonada e sem uso. Até que um grupo de pessoas, geralmente organizadas em movimentos de sem-tetos ou sem-terra, resolvem ocupar aquela àrea e dra uso à ela. […]

Agora a indignação é você ainda crer que o governo, justiça, polícia ou seja qual for a instituição Estatal reguladora de poder, visa atender o povo!!!! Oraaaa… não caia nessa!

C'est à nous de réfléchir, alors, qu'est-ce que c’est une zone occupée (ou ”invalide” comme nos brillants médias les nomment péjorativement)

Allons-y…

Une zone, pour être occupée, doit d'abord être une zone inactive, sans utilité…C’est- à-dire, personne ne l’habite, pas d’immeubles, ou d’industries, ou de plantations, rien ! La condition est qu’elle n'ait aucune forme d’utilisation, après tout, il est impossible d’occuper une maison où il y a déjà quelqu’un qui habite, seulement des maison abandonnées, vous êtes d’accord ??

Quand il s'agit d’un terrain vague, c’est pareil… Il est là, immense, abandonné, personne ne s'en sert. Jusqu'à ce qu’un groupe de gens, généralement organisés en mouvement de sans terre ou sans logement, décident de l’occuper et de s'en servir.

Maintenant, l’indignation est de croire encore que le gouvernement, la justice, la police ou qui, ou quoi que se soit, l’institution de l’État régulateur de pouvoir, vise à servir le peuple !!! Alors, ne tombez pas dans ce piège!!!

D'autres photo choquantes de l’expulsion sont disponibles sur le compte Flickr d’Anderson Barbosa, un journaliste brésilien indépendant.

Photo Ferrez, utilisée avec permission

Photo Ferrez, utilisée avec permission

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