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Afrique du sud : Les taxis n'aiment pas le réseau de bus de la Coupe du Monde

Catégories: Afrique du Sud, Médias citoyens, Politique, Travail, Voyages

Le réseau de transport en bus BRT [1] (Bus Rapid Transit) a été inauguré le 31 août à Johannesbourg, en Afrique du sud. Ce réseau  BRT, appelé “Rea Vaya [2]”, fait partie de l'infrastructure de transports en commun développée en prévision de la Coupe du monde de football 2010 [3] [tous les liens sont en anglais].

Ce réseau fait face à l'opposition des chauffeurs de taxi ( mini-bus). Traditionnellement, les taxis absorbent à peu près tout le trafic passagers en Afrique du Sud. Le secteur s'est développé durant l'Apartheid [4], et fonctionne en dehors de l'économie formelle.

BRT [5]

Les exploitants de taxis estiment que le BRT menace leur secteur, et leur opposition au nouveau réseau se manifeste depuis plusieurs mois. En mars derniers, plusieurs autoroutes ont été complètement bloquées par des taxis refusant de bouger.  Photo ici [6].

Réactions à la grogne des taxis

Dans ce billet, nous passerons en revue les opinions et articles de blogueurs.

Road Safety Blog annonce [7]:

Les taxis ont déposé un appel de la onzième heure devant la haute cour de Pretoria vendredi dernier pour essayer d'empêcher le lancement du BRT, mais le juge n'a pas suivi leur demande d'une interdiction d'urgence aux bus de circuler. .

Plus loin :

Les exploitants de taxis disent que le gouvernement a tracé le réseau BRT le long de trajets que les taxis ont mis des décennies à développer, et qu'il menace leur gagne-pain.

Ndebele a dit que le groupe de travail national qui travaille sur le projet continuerait à dialoguer avec les taxis dans l'espoir d'atteindre un accord écrit.

“Tout ce que nous faisons pour les transports en public doit en dernier lieu bénéficier aux passagers” a-t-il dit.

Zapiro [8], un dessinateur sud-africain, qui réussit toujours à saisir l'essence d'une situation, a publié ce dessin :

brt-zapiro [9]

Malocoda a l'impression que le lancement du BRT est un énième exemple de promesses non respectées par le gouvernement. Il écri [10]t:

Nous assistons a quelques promesses non respectées du Roi Chameleon, qui ne sont pas surprenantes.

Et les chauffeurs de taxis qui croyaient fermement qu'ils feraient partie du réseau de transports BRT. On dirait que c'est très compromis maintenant, pas vrai ?

Ruth sur le blog  Believer décrit [11] son expérience du réseau BRT le premier jour :

Essayer d'aller au travail ce matin a été une mission. Plus de cent personnes essayant de se caser dans un bus a un seul étage, mission impossible. Donc, il a fallu rester debout et parfois être soulevée de terre par des paires de fesses quand un passager essayait de passer par la porte.

Coups de feu et conduite folle

Les premiers jours qui ont suivi l'inauguration du réseau de bus ont été marqués par  une fusillade [12], quand des occupants d'un taxi ont tiré depuis le taxi et blessé deux personnes qui voyageaient dans un des bus à Soweto.

Lefty a écrit [13] :

J'ai lu dans les nouvelles aujourd'hui  (lien [14]) que certains chauffeurs de taxis ne sont pas exactement satisfaits du nouveau réseau BRT. Tellement peu satisfaits qu'ils ont tiré sur deux personnes. L'un des deux, si j'ai bien compris, était un flic.

Plus loin, il écrit :

Comment pouvez-vous justifier ceux qui tirent sur les gens pour exprimer leur désaccord ? Je suis à 100% pour le  BRT, ça va être utile à tous les gens (sauf aux chauffeurs de taxi, bien sûr).

Et à  Monsieur John Q, chauffeur de taxi, je dis : vous avez assassiné une fille qui se rendait à l'école au début de cette année. Vous avez estropié un étudiant. Vous mettez ma vie en danger chaque jour avec votre conduite folle et votre mépris de la loi. Vous, Monsieur, veuillez prendre votre paquet de chips et dégager de ma route. Si vous recherchez un peu de sympathy (compréhension), vous pouvez la trouver dans le dictionnaire, entre shit (merde) et  syphilis.

Charles s'intéresse à l'économie du secteur des taxis. Il écrit : [15]

Est-ce que le problème est la perte d'emplois de chauffeurs de taxi ou la diminution du revenu des exploitants ? De mon point de vue extérieur sur ce secteur, il n'a pas l'air d'être sain du tout. Si l'on en juge par l'état de beaucoup de ces véhicules, on peut raisonnablement penser que la plus grosse partie des bénéfices est tirée de ce secteur sans que l'on s'inquiète de la sécurité de ces “vaches à cash”. Si nous en jugeons par la manière dont ils sont surchargés, on peut en déduire que le confort des passagers ne figure dans aucune prise de décisions.  De mon point de vue, ça a l'air de niches, dites aussi opportunités, dans ce marché.
….
Est-ce vraiment acceptable de la part d'un groupe de se proclamer propriétaire d'un secteur économique ou d'une partie, sans que personne d'autre puisse y toucher ?  D'où tiennent-ils ce sens de la propriété ?

Jeanius écrit : [16]

Ils menacent de retenir en otage les villes, les sociétés et le gouvernement.

Les usagers attendent depuis des années le réseau de transport BRT et aucun acteur ou investisseur ne peut dire qu'il n'avait pas connaissance de ce projet en cours. Cela fait dix ans ou presque maintenant que les usagers attendent le BRT et si les taxis ne sont toujours pas prêts, ils ne le seront jamais, pas tant que leur manque de préparation peut empêcher la mise en place du réseau de transport en commun.

Les principaux acteurs du secteur des taxis sont malins et bien informés des procédures juridiques. S'ils croient vraiment que leurs droits sont bafoués, ils ont l'argent et d'autres ressources pour porter l'affaire en justice et faire valoir leurs droits…mais ils ouvriraient un tel panier de crabesque la plupart préfèrent ne pas avoir recours à la voie judiciaire.

Ils préfèrent l'intimidation.

Cette situation est complètement intolérable.