Ce billet a été publié sur Global Voices en anglais le 13 septembre 2009
Durant les émeutes qui ont secoué Kampala [en français], la capitale de l'Ouganda, pendant deux jours consécutifs, les blogueurs et les internautes se sont efforcés d'informer le reste du monde.
A peine 24 heures après les premiers troubles[en français], des habitants de Kampala ont lancé Uganda Witness [en anglais], un site de suivi de la crise où les internautes ont pu échanger des informations sur les victimes, les pillages et la présence de la police, et d'autres nouvelles. A la date du vendredi 11 septembre, à midi (9 heures GMT) le site avait publié de nombreux rapports sur les émeutes au centre de Kampala et dans différentes banlieues.
Le blogueur ougandais The 27th Comrade (le 27ème Camarade) [en anglais, comme tous les liens] a passé ces derniers mois à développer un logiciel pour publier des messages Twitter et les mises à jours sur Facebook en utilisant les téléphones portables d'Uganda Telecom (l'entreprise de télécommunications de l'Ouganda). En réaction aux émeutes, il a repris du service très tôt le vendredi du début des émeutes en envoyant des messages sur le blog collectif basé à Kampala, The Kampalan, assurant aux auteurs que leur anonymat serait préservé :
Maintenant, la situation à Kampala a provoqué l'annonce anticipée du lancement de ce service. Qu'y faire ? Les hommes font des programmes, les dieux décident.
…En deux mots, il n'y a pas de censure, pas de quoi avoir peur, et pas de favoritisme. Publiez. :o) Les échanges ne se cachent pas dans le système d'une manière qui nuit à l'anonymat, et en fait beaucoup de choses sont rendues complexes (la signature, la publication de messages) sur ce site justement pour que votre anonymat soit respecté.
Un message sur Twitter d'un habitant de Kampala, tout nouvel utilisateur de Twitter, dgel, qui recommande aux autres d'utiliser Twitter pour diffuser des informations sur les émeutes a fait le tour de la communauté des utilisateurs de Twitter en Ouganda.Il avait écrit :
@dgel: “Vous qui êtes à Kampala, s'il vous plaît, apprenez à au moins une autre personne comment utiliser Twitter, et encouragez-la à nous tenir au courant . #kampala“.
Les nouvelles des médias traditionnels ont été de plus en plus difficiles à obtenir car le gouvernement a arrêté les reporters et fermé les radios dans toute la ville. Joe a expliqué sur Uganda Talks :
La nuit dernière, nos lecteurs ont peut-être appris que la station de radio CBS, très populaire, a été fermée, accusée “d'incitation à la violation et à la mobilisation des manifestants”. Aujourd'hui le gouvernement a pour les mêmes raisons suspendu les licences des stations Suubi FM, Radio Sapientia et Radio Two Akaboozi Kubiri
Fresh Apples, qui a publié des mises à jour depuis le début des émeutes,a rapporté que le gouvernement avait déployé des gardes aux portes de la station de radio CBS à Buziga Hill, à Kampala:
La radio CBS n'émet plus. Probablement fermée par le gouvernement.
…CBS muette – des militaires qui patrouillent à Buziga.
Plusieurs messages sur Twitter publiés par des Ougandais sur place, à Kampala, ont indiqué que le gouvernement recherchait les journalistes indépendants aussi :
@mugamuya: Un reporter du “Voice of Africa (radio FM locale) a été détenu à Kayunga après les émeutes de Kampala. Peut-être dans une cellule de commissariat quelque part. Un autre reporter de NTV a été aussi arrêté brièvement.”
@uginsomniac: Moses Kibuuka (NTV) & Yahaya Iga Muyingo (Voice of Africa) arrêtés aujourd'hui, sont encore en détention. L'équipe est sous les verrous. #Kampala“
D'après les habitants de Kampala, les stations de télévision et de radio qui continuaient encore à émettre retransmettaient peu ou pas du tout d'informations sur les émeute. Tumwijuke sur le blog Ugandan Insomniac a écrit :
A quoi sert une radio si ce n'est pour transmettre instantanément des informations ? Où sont-elles, les réactions des auditeurs ? Pourquoi ne pas discuter du comportement de casseurs des manifestants. Où sont les interviews houleuses avec la délégation du roi des Buganda, la police et le gouvernement? Où sont les appels en provenance de Masaka, Nyendo, Kayunga et Mukono, où les émeutes ont eu lieu ? Pourquoi pas de débats sur la liberté de presse ? Pourquoi n'y-a-t- il pas de discussions sur les raisons qui justifient l'existence du Broadcasting Council (Conseil de la radio et télévision) ?
Les seules informations que je reçois sur la situation à Kampala proviennent de Twitter, de Facebook et des blogs.
Sarah, du blog The Malan Family a écrit :
La TV ougandaise retransmet de la musique et NTV Uganda diffuse la série “Thats so Raven” *levons les yeux au ciel*. La BBC a un correspondant qui couvre en direct les émeutes…depuis la confortable Nairobi On peut être sûr qu'il a “des nouvelles de dernière minute” pour nous !!!!
Les utilisateurs de Twitter en Ouganda ont aussi remarqué l'insuffisance de la couverture médiatique de ces émeutes :
@CamaraAfrica: “Wow…tout le monde se branche sur NBS dans l'attente du reportage …attendez … sur comment apprendre à jouer au golf. #kampala
@solomonking: N'importe quoi !! UBC a retransmis un court métrage ennnuyeux sur le NLP de Ethan Mussolini au moins cinq fois en deux heures et rien sur les émeutes !!! #kampala“.
Jon Gos, fondateur de la compagnie de logiciels Appfrica et en 2009 de TED Fellow, basés en Ouganda, a été surpris par la rapidité avec laquelle les Ougandais ont adopté Twitter.
Une des choses qui m'ont surpris, c'est la manière dont une poignée d'utilisateurs de Twitter ont réussi à couvrir la situation pour un grand nombre de personnes. Comme moi et d'autres tels que @camaraafrica, @mugumya, @solomonking, quand nous avons entendu les dernières informations ici en Ouganda, nous les avons publiées avec fièvre sur Twitter et Facebook, nos seuls moyens d'atteindre le monde extérieur.
Dans un autre billet sur le blog Appfrica blog, il a écrit :
Les sources d'informations traditionnelles ont essayé de suivre mais les sites de la presse locale ont été fermés. Soit à cause d'un excès de trafic sur leur site web, ou pour d'autres raisons. Ainsi, plusieurs d'entre nous, expatriés ou non, devons recourir à Twitter pour nous renseigner.