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Gabon : L'opposition continue à contester les résultats électoraux

Catégories: Gabon, Élections, Manifestations, Médias citoyens, Politique

La mort en juin dernier d'Omar Bongo, l'un des dictateurs les plus longtemps en poste d'Afrique, avait inspiré l'espoir que le Gabon pourrait voguer vers une renaissance politique. Mais lorsque son fils, Ali Ben Bongo, candidat du parti au pouvoir, a été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle du 31 août, cela n'a guère surpris. Comme l'explique un blogueur francophone, Le petit Quimonte illustre [1] :

Au Gabon, la Couronne est héréditaire, de mâle en mâle par ordre de primogéniture élue démocratiquement par succession directe au suffrage universel sous protection militaire.

Et pourtant les représentants de l'opposition refusent de rentrer tranquillement chez eux.

La semaine dernière, les partis d'opposition gabonais ont lancé un appel à une grève générale de 3 jours [2], pour protester contre l'élection du mois dernier, et exprimer la solidarité avec les victimes des violences post-électorales à Port Gentil (bien qu'au vu de la plupart des comptes-rendus de la presse internationale, cet appel n'ait guère été suivi à Libreville).  Gabon Libre Expression [3] (via Afrik.com) rapporte que certains candidats d'opposition proposent leur propre décompte alternatif des votes plaçant le candidat de l'UPG Pierre Mamboundou devant Bongo, avec plus de 68% des voix.

Jeudi, les candidats de l'opposition ont publié une déclaration commune [4] et au moins neuf d'entre eux ont déposé des réclamations devant la Cour Constitutionnelle gabonaise, demandant l'annulation du vote du 31 août, que l'ex-candidat Bruno Ben Moubamba qualifie de “coup d'état électoral,” sur la base de bourrages d'urnes et d'autres irrégularités. La Cour a un mois pour se prononcer sur les allégations, mais, comme le souligne un article récent article de Afrik.com [en anglais], vu les liens étroits du tribunal avec la famille Bongo [5], l'opposition n'entretient que peu d'espoir d'une issue favorable.

Longue vie à la Françafrique!

La France, qui a depuis longtemps une relation particulière avec la famille Bongo, est rendue au moins partiellement responsable. Les manifestants de Port-Gentil ont visé des installations appartenant à Total, la compagnie pétrolière française, dans des violences post-électorales qui ont fait au moins trois morts.

Une manifestation contre l'élection est prévue à Paris [6] ce mercredi, et sur au moins un site d'informations gabonais, il y a des appels au boycott des produits français [7].

Pour Un Gabon Meilleur! [8] retrace l'histoire des entreprises françaises au Gabon, et leurs relations étroites avec la famille Bongo :

Elf, rebaptisé aujourd’hui Total, est la plus connue des entreprises françaises qui exploite les richesses du Gabon du fait de l’affaire qui à partir de 1994 et jusqu’au procès de 2004 a donné un coup de projecteur sur les liens entre les dirigeants de la société pétrolière, la famille Bongo, la mafia et les sommets de l’appareil d’État français.

Mais en fait, c’est l’ensemble de l’économie du pays qui est sous la coupe de sociétés françaises et il est difficile de toutes les citer. Le clan Bongo est servi au passage, étalant un luxe provoquant au milieu du dénuement. Mais l’essentiel de la richesse produite par les travailleurs du pétrole, des mines, de l’extraction forestière, du transport et des activités portuaires, etc., profite à des patrons et des actionnaires d’entreprises dont le siège est par exemple à Odet dans le Finistère (Bolloré), à la Tour Montparnasse à Paris (Eramet), à La Défense (Areva) ou à Niort (Rougier, pour l’exploitation et le négoce des bois tropicaux).

Alliance Nationale de la Resistance du Tchad [9], présente une chronologie de l'ingérence supposée de la France dans l'élection, culminant avec une remarque désormais tristement célèbre faite par Robert Bourgi au journal Le Monde la veille de l'élection: “Au Gabon, la France n'a pas de candidat, mais le candidat de Robert Bourgit, c'est Ali Bongo. Maintenant, je suis un ami écouté de Nicolas Sarkozy. De façon subliminale, les électeurs comprendront”.

Des lecteurs de La Voix Du Peuple Gabonais [7] discutent de la faisabilité d'un boycott des produits français.  Ondonza écrit :

je suis entièrement d'accord avec le boycotte, c'est une mesure de pression efficace qui peut amener les francais à revoir leur position, dans la mesure où le chiffre d'affaires de leurs sociétés diminuera à long terme, ils seront obligés de fermer et rentrer chez eux. Pour cela aussi bien les hommes d'affaires, étudiants, touristes et autres ne devraient plus prendre Air france ou Gabon airlines, une alternative sera de prendre la Lufthansa, Ethiopia airlines et autres compagnies. Les automobilistes ne devraient plus consommer le carburant de Total, ni de la Lybian oil. Penser consommer Gabonais maintenant cela fera rehausser le pouvoir d'achat des petits commercants gabonais.
Que Dieu benisse le Gabon

Aligatoire se demande comment un boycott pourrait bien fonctionner, étant donné l'extrême dépendance du Gabon vis-à-vis de l'ancienne puissance coloniale :

Boycotter les produits français, je me demande comment? notre économie ne produit rien. Cela suppose boycotter tout les groupes CFAO, CECADIS,TOTAL,SMAG,BNP(bicig) bgfi,crédit lyonnais (ugb), SEEG, LIBERTIS(les bongo). DRAGAGE……commençons donc par créer une banque gabonaise et des entreprises gabonaises. Il faut donc commencer à être décomplexé de l'homme blanc. car bcp d'africains souffrent d'un complexe d'inferiorité face l'homme occidental.Cette lutte doit être d'abord psychlogique et culturelle.Tous nos dirigeants sont à la merci des occidentaux au détriment de leur peuple. Nous sommes dans les mêmes configurations lors de la traite négrière, le chef coutumier et le négrier.

Alphonse Obiang, dans un commentaire sur Alliance Nationale de la Resistance du Tchad [9], renvoie la responsabilité sur le personnel politique gabonais :

Cet article est du grand n'importe quoi!…je ne vois pas ce que paris vient faire là, sauf si vous prétendez que c'est paris qui a contraint les anti-bongo à diviser leurs voix par 22. le résultat est clair: prise en semble, l'opposition dépasse largement les 50%. divisée, ali bongo passe haut la maion. Tout le reste n'est qu'explications facile et foutage dd gueule.