Les Kenyans attendent les pluies apportées par El Nino entre maintenant et décembre 09 avec impatience et crainte à la fois. En effet, même si El Nino est en lui même une catastrophe naturelle qui, dans sa forme “modérée”, peut provoquer le déplacement de 100 000 personne et en réduire 750 000 à l'aide humanitaire, selon l'IRIN [en anglais, comme tous les liens, sauf mention contraire], la majorité des Kenyans veulent “ce” El Nino.
En temps normal, la population serait inquiète à la perspective de risquer de se noyer ou de perdre biens et bétail dans les inondations provoquées par El Nino, mais pas cette année. La sècheresse qui s'est abattue sur l'Afrique de l'est a été si dure et longue – 10 millions de Kenyan seraient exposés à une pénurie alimentaire (IRIN) – que la population est prête à accepter n'importe quoi, pourvu qu'il y ait de l'eau, même accompagnée d'une catastrophe naturelle.
Une expatriée américaine au Kenya, Katherine Herzog, dans un commentaire sous un billet du blog Ewaso Lions intitulé ‘Quand pleuvra-t-il ? La sècheresse persiste à Samburu’, écrit : “Un El Nino ‘modéré’ transformera, on l'espère, la région que vous décrivez si bien et de façon si douloureuse. Même si la pluie sur la terre desséchée signifie habituellement des inondations, de la pluie, sous n'importe quelle forme, sera un bienfait pour l'homme, le bétail, et la faune.
La faune sauvage supporte habituellement mieux la sècheresse que les humains et le bétail, mais même les animaux sauvages commencent à mourir. Ewaso Lions décrit la situation constatée début septembre :
Malheureusement, à cause du manque d'eau, les antilopes sing-sing, les impalas, les buffles, les phacochères [ces liens sont en français], les vaches et les moutons meurent chaque jour. Des familles de phacochères qui comptaient vingt membres en avril et mai ne sont plus que deux, désormais, et même eux sont à l'agonie. J'ai vu un crocodile mourir l'autre jour. Il était sorti de son hibernation et est littéralement tombé raide mort en quittant son trou. D'autres animaux mourront au cours des prochaines semaines, ce qui réduira le nombre d'espèces et leur diversité dans cette zone. La pression sur les ressources des réserves naturelles s'accentuera. Les animaux sont en train de mourir, chaque semaine, chaque jour, à chaque minute.
Les prédateurs, eux, prospèrent, car les animaux faibles ou en train de mourir sont des proies faciles. Le risque est qu'ils seront à leur tour chassés par les bergers, étant donné que de plus en plus de troupeaux sont conduits sur les réserves, à la recherche de pâturages et d'eau. La présence de bétail sur le territoire des animaux sauvages signifie qu'ils sera chassé par les prédateurs, qui seront à leur tour tués en représailles par les bergers. Ewaso Lions blog ajoute :
A cause de la sècheresse et de l'épuisement de la rivière, la présence de bétail sur les réserves augmente, et les risques pour les lions aussi, dus à la présence des humains. Nous travaillons dur pour essayer de surveiller chaque lion individuellement à l'intérieur des réserves.
Ceci a été écrit au début du mois de septembre. L'ouest du Kenya a reçu depuis de légères pluies, avec quelques inondations dans la troisième ville du Kenya, Kisumu, mais El Nino n'est toujours pas là. La sècheresse persiste. Même dans le parc appelé la “Capitale de la faune sauvage du monde”, le Parc national de Nairobi, le constat n'est pas meilleur. Les trous d'eau sont asséchés, il n'y a plus de pâturage ou de feuillage, et la situation est inquiétante. Will Knocker a mis à jour son blog le 7 octobre :
Même les girafes – extrêmement bien adaptées à la vie dans les plaines africaines – ont faim et marchent de long et large à la recherche de feuilles – y compris dans mon jardin, dans le sanctuaire de Silole. Dans la forêt de Langata, leur feuillage préféré – Rus natalensis – a disparu à cause de la sècheresse.
Le 7 octobre, le Lion Guardians s'est à nouveau plaint de la terrible sècheresse, constatant que la situation avait empiré depuis leur premier rapport . Ils écrivent :
La sècheresse continue ici, et les animaux comme les gens luttent pour la vie. Chacun espère que la pluie arrivera bientôt et ramènera un peu de vie sur la terre parcheminée. Le trou d'eau près du lodge voisin, Ol Donyo Wuas, est constamment fréquenté par beaucoup d'éléphants, et par des herbivores très maigres comme ces zèbres. Tous sont à la recherche d'eau rare.
Ils poursuivent :
Il n'y a plus un brin d'herbe nulle part, la vie sauvage comme le bétail sont en train de mourir de faim. Ces collines étaient à une époque couverte d'herbe longue et verte – maintenant, les animaux n'ont plus rien à manger.
Dans les collines de Mara qui flanquent la réserve mondialement connue de Masai Mara, le blog Predator Aware signale que les Maasai traversent des moments difficiles :
Les villages du Masai Mara sont à bout à cause de l'actuelle sècheresse et de la perte du bétail, étant donné que l'élevage pastoral est leur première source de revenus, suivi par le tourisme.
En réponse à un commentaire d'un lecteur, Predator Aware déplore l'assèchement de la source de vie de cette région, la rivière Mara, et répète la prière qui est sur toutes les lèvres :
Oui, la rivière Mara est dangereusement basse. La déforestation des forêts de Mara, où la rivière prend sa source, combinée à la sècheresse, ont provoqué cela. La pluie est la seule guérison possible et nous espérons qu'elle tombera bientôt.
1 commentaire
Je suis allée au Kenya en 1995 notamment dans le Serengueti au moment de la migration des gnous . J’ y ai vu des animaux prospères, une végétation suffisante et la rivière Mara à un niveau correct. Je suis allée aussi au Tsavo et me souviens des hautes herbes qui bordaient la piste…
Mais déjà les neiges du Kilimandjaro n’étaient plus ce qu’elles avaient été…….
Quand est ce que l’homme comprendra enfin que le compte a rebours a désormais commencé?
Une pensée à ce peuple kenyan si gentil et si malheureux