En avril dernier, le Sénat et la Chambre des députés du Mexique ont approuvé une loi règlementant la vente au détail des drogues [en espagnol, comme tous les liens], connue sous le nom de Ley de Narcomenudeo, qui dépénalise la consommation de drogues à petites doses. Selon le journal mexicain El Universal, la loi comprend un tableau comparatif qui spécifie la quantité maximale de drogue qu’une personne peut avoir sur elle pour sa consommation personnelle. Par exemple, 5 grammes de marijuana et 500 milligrammes de cocaïne.
La loi a été approuvée durant l’alerte nationale au virus de la grippe H1N1 et elle a reçu beaucoup moins de couverture que cette grippe. Pendant cette session de la Chambre, plus de 60 réformes législatives ont été votées sans grands débats, lors de séances que plusieurs journaux mexicains ont appelé un «vote-marathon» ou «une course contre le temps».
Les réactions sont mitigées mais deux éléments sont récurrents dans les discussions : la violence et les homicides liés au trafic de drogues dans de nombreuses villes mexicaines, ainsi que l’approbation hâtive de la loi.
On peut dire qu’une partie importante de ces informations ont été diffusées de façon virale sur les réseaux sociaux en ligne et par la re-publication dans des médias indépendants et non par les journaux traditionnels, ce qui en soi est critiquable. Parmi les sujets de discussion, la question de la différence entre légalisation et dépénalisation était fréquente, considérant que la dernière contient des limites spécifiques à cette consommation.
L’utilisateur de Twitter Dx remarque que la loi a été passée sous «silence» :
ni nos dimos cuenta cuándo clavaron la ley de narcomenudeo, con eso de que solo se habla de #influenza
nous ne nous sommes pas rendus compte du moment où la loi sur la vente de drogues a été clouée vu qu’il n'était question que de la #grippe.
Sur le blog Seduciendo con Palabras , Judith a réfléchi à d’autres changements dans la vie politique mexicaine :
También aprobaron diversas reformas: una considera el tráfico de armas como tema de seguridad nacional —propuesta de Fernando Castro Trenti— y otra obliga a perseguir de oficio la piratería en programas de computación, videogramas, fonogramas o libros.
Nos chamaquearon
Ils ont approuvé de nombreuses réformes : l'une considère le trafic d’armes comme l’affaire de la sécurité nationale – proposée par Fernando Castro Trenti – et une autre vise à poursuivre le piratage des logiciels informatiques, des vidéogrammes, des phonogrammes ou des livres.
Nous avons été trompés.
Pour le blogueur La Espantosísíma X (L’horrible X) l’approbation de la loi est un signe de l’infiltration des trafiquants de drogues, qu'il compare au virus H1N1, dans le gouvernement :
Tal vez no tenga nada que hacer y todo sea producto de que mis neuronas (gracias a Dios, completamente ajenas al consumo de cualquier estupefaciente estupidizante) padecen esa impopular tendencia a pensar, pero estoy segura de que en México durante los últimos días de abril se desató un foco de infección que aniquilará a gran parte de la población, y no es otro más que la evidente infiltración del narco poder en las huestes políticas y mediáticas nacionales.
Peut-être que je n’ai rien à faire et que tout est le produit de mes neurones (Dieu merci, qui ne sont sous l’influence d’aucun stupéfiant) qui ont cette tendance impopulaire à réfléchir, mais je suis sûr que le Mexique, pendant les derniers jours d’avril, a libéré une infection qui tuera une grande partie de la population, et ce n'est rien d'autre que l’infiltration évidente du pouvoir des trafiquants dans les milieux médiatiques et politiques.
L’utilisateur MarioMty a remarqué, dans un commentaire laissé sur le blog de Vivir México,, que les drogues «légales» comme le tabac et l’alcool ont vraiment maximisé leurs capacités à mettre en péril la santé :
Me sorprende que los noticiarios esten tomando esta importante noticia con apenas una mencion mínima, sin embargo me queda muy claro que es una forma de entrar al negocio de la droga de manera “legal”, a costa de nuestros jovenes, no les importa que condenen a las nuevas generaciones a una vida con drogas de fácil acceso, como pasa con el tabaco o el alcohol. En muy poco tiempo veremos cada vez mas cerca, a personas con serios problemas de salud, y a familias destruidas por este mal.
Il est étonnant que les émissions d’information parlent si peu de cette nouvelle bien qu’elle constitue de toute évidence une manière légale de s'introduire pour l'industrie de la drogue, en exploitant les adolescents. Cela ne dérange pas[les émissions d'informations] de condamner de nouvelles générations à une vie où l’accès aux drogues est facile, ce qui est arrivé avec le tabac et l’alcool. Dans peu de temps, nous allons voir des gens avec des problèmes graves de santé et des familles détruites par cette maladie.
En août, la loi a reçu ses décrets d'application au Mexique. Des changements dans la vie quotidienne sont pour l'instant difficiles à remarquer. MCF de Cabezas Underground a publié l'information et des commentaires humoristiques :
Yo tengo que comentar, que en caso de que alguien en este país le importaran las pinches leyes, esto se me hace demasiado confuso, es legal portarla, pero no venderla, ¿y luego de donde la saco pues?…no me da buen espina.
Je tiens à dire que, si jamais quelqu’un dans ce pays se soucie de ces lois merdiques, je les trouve trop déroutantes, il est légal de porter sur soi [des drogues] mais on ne peut pas les vendre, alors, d’où je les sors ? Cette histoire ne me dit rien qui vaille.
La communauté du blog Hazme el chingado favor! n'a pas suivi l'actualité : dans un billet récent, l’utilisateur JF demande la légalisation des drogues, provoquant ainsi un fil de plus de 100 commentaires, qui ne font jamais référence à la Ley de Narcomenudeo. De son côté, l’utilisateur de Twitter AramBarra reprend l’information récente sur l’augmentation de la vente des drogues entre 2006-2008 pour mettre en doute la réforme récente :
Narcomenudeo en df crece 700% < –ya cambiamos la estrategia?
La vente des drogues au détail à Mexico a augmenté de 700% < — avons-nous changé de stratégie déjà ?
Initialement, la loi sur la vente de drogue avait été présentée il y a quatre ans par Vicente Fox, alors président du Mexique. Elle concède la consommation personnelle de plus de sept drogues, naturelles et synthétiques. Selon Agency Narco News, les quantités spécifiées sont aléatoires, en autorisant des doses multiples pour certains stupéfiants et des doses incomplètes pour d'autres.