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Maroc: Une sentence bien clémente

Catégories: Maroc, Droits humains, Education, Femmes et genre, Gouvernance, Jeunesse
zineb
Zineb Chtit devant la cour (photo courtoisie de Oujdacity)

En septembre, on  apprenait que Zineb Chtit [1], une fillette marocaine, avait été sévèrement battue alors qu'elle travaillait comme bonne. La semaine dernière, il a été annoncé que l'auteur de l'attaque, Mme Nawal Houmin, la femme du couple qui l'employait, devait être sanctionnée pour son crime par une condamnation à trois ans de prison [2]et une amende de 13.000 dollars. De nombreuses organisations de défense des droits humains ont dénoncé la sentence, la considérant trop clémente.
Le blogueur Crazy Moor dit [3] [en anglais]:

Mais de nombreuses associations des droits humains disent qu'elles vont faire appel au nom des 60 000 à 80 000 enfants travailleurs.

Le Président de l'Association “Touche pas à mon enfant”, Mme Najia Adib, dit que la sentence ne reflète pas le degré d'atrocités commises, parce que la petite fille avait été enfermée dans une cave.

Les faits ont eu lieu à l'est du Maroc, dans la ville d’Oujda [4]. Le site très populaire Oujdacity.net,qui s'autodéfinit “le premier portail du Maroc oriental”, commente l'incident, en disant [5] [en arabe]:

حكمت المحكمة الابتدائية بوجدة يوم الأثنين 12 أكتوبر 2009 بثلاث سنوات ونصف سجنا نافذا وتعويض مالي قدره 100 ألف درهم على زوجة القاضي مشغلة الطفلة زينب ، الحكم اعتبره عدة محامين بوجدة انه كان قاسيا ، ولم يأخذ بعين الاعتباراي ظرف من ظروف التخفيف … وهو حكم فاجأ الجميع لأنه جاء خلافا لما كان يردده الرأي العام الذي كان يتوقع ان يكون الحكم لا يتجاوز بضعة اشهر
Lundi, le 12 octobre 2009, le tribunal de première instance de Oujda (est du Maroc) a condamné à trois ans et demi de prison (sans mise à l'épreuve), et une compensation financière de 100,000 dirhams ($13,000) contre la femme du juge qui employait la petite bonne Zaineb. Plusieurs juristes d'Oujda considèrent la sentence dure, la cour n'ayant pris en compte aucune des circonstances atténuantes … La condamnation a surpris tout le monde car l'opinion publique semblait s'attendre à une condamnation qui n'aurait pas dépassé quelques mois de prison.

Solidarité Maroc remarque [6] de manière sarcastique :

Malgré les dénonciations concernant les deux époux, seule l'épouse a été inculpée, alors que le juge a été innocenté. Encore une illustration de la justice, au Maroc.

Le blogueur Moustapha Mouden du blog collectif SidiSlimane [en arabe], commentant sur la chaine de télévision 2M, le travail des mineurs dit [7] de cette affaire:

يجب الآن الانتقال إلى المرحلة الثانية، وهي التحسيس ومواجهة الظاهرةومحاربتها في العمق
أي أن المشكل في فقر الأسر التي تبعث بناتها للاشتغال..
.لكن هناك كذلك مشكل الوعي بخطورة القضية، وبالتالي لا تكفي القوان
Nous devrions passer à la seconde phase de la campagne et du combat pour la solution du problème [du travail des mineurs] à ses sources. C'est-à-dire l'état de dénuement qui pousse tant de familles pauvres à envoyer leurs enfants au travail. Mais il y a aussi l'aspect de la prise de conscience de ce problème dont les lois ont démontré l'insuffisance du traitement.
Le blogueur analyse aussi le problème de la prise de conscience, quelque chose que les lois ne peuvent pas changer:
يجب التركيز على مسألة الوعي، والتحسيس بمختلف عواقب تشغيل الفتيات… وهو ما يتطلب كذلك إعمال النصوص القانوينة الخاصة بالموضوع، وإشعار السلطات المعنية بضرورة القيام بواجبها، ومن ذلك اتفاقية حقوق الطفل التي صادق عليها المغرب، ومدونة الشغل التي تجرم تشغيل من هو/هي في أقل من 15 سنة، وكذلك قانون إجبارية تدريس الأطفال
Nous devons nous concentrer sur la prise de conscience et l'information sur les différentes conséquences de ce phénomène en ce qui concerne les filles…Cela demande aussi une réforme législative et une plus grande rigueur des autorités dans l'application de la Convention des droits de l'enfance, ratifiée par le Maroc, et du code du travail, qui condamnent le travail des mineurs, c'est-à-dire le travail des enfants de moins de 15 ans, ainsi que de la loi elle-même, en rendant l'éducation obligatoire pour tous les jeunes enfants de ce pays.
L'auteur remercie particulièrement Hisham [8] pour sa contribution à ce billet.