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Amérique Latine: la désertification avance à grands pas

Catégories: Amérique latine, Argentine, Brésil, Chili, Kenya, Environnement, Conversations pour un monde meilleur (ONU)

On pourrait penser que désertification et désert sont une seule et même chose mais il y a une différence fondamentale entre les deux : alors que les déserts sont le fruit d'un merveilleux processus naturel, la désertification est le résultat de dégradations subies par les sols qui deviennent des déserts après avoir été altérés par les changements climatiques, les activités humaines et ou bien encore les forces naturelles.

Photo by Macnolete and used under a Creative Commons license. [1]Photo prise par Macnolete et utilisée sous licence Creative Commons.

Bien que les raisons de l'influence du réchauffement climatique sur le phénomène de désertification n'aient pas encore été totalement comprises, l'association GreenFacts affirme [en anglais] que l'on sait aujourd'hui que [en anglais] les températures plus élevées résultant de niveaux croissants de rejet de dioxyde de carbone peuvent avoir un impact néfaste en contribuant à augmenter la perte d'eau des sols et à réduire les précipitations dans les pays souffrant de sécheresse [2]. La désertification contribue également au réchauffement climatique en libérant vers l'atmosphère le gaz carbonique retenu par la végétation et les sols des pays concernés.

La désertification fait des ravages partout dans le monde. En ce moment même, elle est la cause de destruction de récoltes, de montée des prix de denrées alimentaires et, dans certaines régions, les animaux meurent. Certains habitants sont même forcés de quitter leur domicile, comme le raconte le blogueur salvadorien Miguel Angel Alvarado [en espagnol] en expliquant que la résidence présidentielle a dû être déplacée à cause de la désertification [3]:

El traslado de casa presidencial, del Barrio san Jacinto al local en donde estaba el Ministerio de Relaciones exteriores, según informes extrajudiciales, obedece a la prevención del ejecutivo ante un posible hundimiento del suelo generado por cárcavas en este sector.

Selon des documents non judiciaires, la relocalisation de la maison présidentielle du quartier de San Jacinto vers la zone où se trouvait auparavant le ministère des affaires étrangères était une mesure préventive prise par le pouvoir exécutif afin d'éviter un éventuel affaissement de terrain qui aurait pu être causé par la formation de crevasses.

L'Afrique est le continent le plus touché; pour preuve le Kenya, où les jeunes femmes sont particulièrement affectées par la désertification et la sécheresse. Une fois les citernes d'eau potable de l'orphelinat de Dago Dala Hera, situé dans l'ouest du Kenya, vides, mères et enfants se portent volontaires pour aller puiser à la rivière la plus proche de l'eau insalubre qui sera bue et utilisée à la cuisine. Selon Edwin Odoyo, dont la mère, Pamela, a créé l'orphelinat, [en anglais] “se rendre seule tard dans la soirée à la rivière fait des jeunes filles des proies idéales pour les agresseurs sexuels.” [4]

Même si les effets de la désertification sont plus particulièrement ressentis en Afrique, les écosytèmes d'Amérique Latine subissent eux aussi des changements significatifs, comme il en a été question durant la neuvième session de la conférence de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification à Buenos Aires en Argentine. L'expert italien Massimo Candelori, représentant de la Convention contre la Désertification, [en anglais] déclare dans une interview pour Tierramerica [5] [en anglais] que la situation en Amérique Latine est d'autant plus préoccupante qu'il n'y a pas suffisamment d'informations à disposition sur l'étendue de la désertification dans cette région du monde. “Nous n'avons aucunes données récentes. L'un des buts de cette neuvième session était de réunir des indicateurs nous permettant une meilleure compréhension de la situation… les derniers chiffres que nous avons remontent à dix ans” dit Candelori.

Dans les pays d'Amérique du sud, l'agriculture et l'élevage représentent l'un des secteurs principaux de l'économie; la désertification peut y devenir un silencieux mais non moins dangereux prédateur. Au moins [en anglais] 25 pour cent du territoire régional [5]sont déjà touchés par cette dégradation et la population s'en inquiète de plus en plus, comme on peut le lire dans divers blogs.

Eco Briefings, blog brésilien, fait remarquer que [en portugais] les Brésiliens de la région du nord-est sont les témoins d'une inquiétante propagation de la désertification: [6]

Mais um alerta está ligado. Temos pouco tempo para corrigir as coisas. (…)

No Brasil a desertificação tem avançado na caatinga, e zonas do polígono da seca no Nordeste e Norte de Minas Gerais, e também em Estados que antes não tinham áreas secas ou desertificadas como o Rio Grande do Sul. O Rio Amazonas viveu já uma grande seca a pouco tempo, grande com mortandade de peixes.

Un nouveau cri d'alarme est lancé. Nous n'avons que peu de temps pour rectifier le tir (…)    

Au Brésil, la désertification s'est développée dans la caatinga, dans les zones de sécheresse du nord et du nord-est de l'état du Minas Gerais ; elle s'est également propagée dans des états jusqu'ici préservés des sécheresses comme le Rio Grande do Sul. Le fleuve Amazone a souffert d'une terrible décrue il n'y a pas très longtemps, avec pour conséquence la mort de nombreux poissons.

L'Argentine a également plusieurs zones touchées. Dans le nord est, dans la région de Valles Aridos, dont l'activité économique principale repose sur l'élevage de moutons, on affirme que, durant les 100 précédentes années, au moins 180.000 personnes ont du émigrer. Le sud de l'Argentine n'a lui non plus pas été épargné par le phénomène. Le blogeur Ailen Romero écrit sur son blog [en espagnol] Geoperspectivas qu'en Patagonie, les actions menées par le gouvernement pour lutter contre la désertification ne sont pas suffisantes. [7]:

En la Patagonia, la amplitud del problema es de tal magnitud que ha comenzado a adquirir estado público. Pocos ignoran el tema, pero pocos tienen la posibilidad de actuar de alguna forma o con el conocimiento para hacerlo. El problema de la desertificación en el caso de la Patagonia supera a los planes que se han elaborado para combatirlo. Es por eso que no deben ahorrarse esfuerzos, ni limitar la imaginación de soluciones alternativas.”Si la geografía es la manifestación de la sociedad en el espacio físico, un espacio físico deteriorado refleja una sociedad deteriorada” afirman del Valle y Coronato(investigadores del Centro Nacional Patagónico)

Le problème est d'une telle ampleur en Patagonie que tout le monde en a aujourd'hui conscience. Peu de personnes ignorent le problème et rares sont ceux qui ont les connaissances pour agir ou l'occasion de le faire. La désertification en Patagonie est plus forte que les plans mis en place pour la résorber. C'est pour cette raison que les efforts ne doivent pas être timides et qu'aucune limite ne doit venir brider l'imagination nécessaire à l'élaboration de solutions alternatives. ‘Si la géographie est l'expression d'une société dans un espace physique, un espace physique détérioré est l'expression d'une société en détérioration’, disent Valle et Coronato (chercheurs au Centre National de Patagonie).

Au Chili, où [en espagnol] 62% du territoire national ont déjà été touchés par la désertification, [8] le blogueur Alfredo Erlwein fait part de ses inquiétudes sur le blog El Ciudadano (Le Citoyen) concernant le [en espagnol] peu de connaissance qu'ont les citoyens de la désertification [9].

Efectivamente la desertificación es el problema ambiental más grave de Chile y muy poco conocido. Existen grandes zonas, como en la costa de la octava región, donde la erosión severa supera el 50% de la superficie: esto es que literalmente más de la mitad de los suelos se ha perdido por completo. En esas zonas se encuentran cárcavas de más de 50 metros de profundidad. Una tasa normal de formación de suelo puede ser de 0.2 cm por año, lo que evidencia la gravedad del asunto.

La désertification est en effet le plus important mais le moins connu des problèmes environnementaux au Chili. Il y a de vastes zones, comme la côte des Huit Régions, qui connaissent une sévère érosion sur plus de 50 pour cent de la surface : cela signifie littéralement que la moitié des terrains disparaissent. On trouve dans ces régions des crevasses de plus de 50 mètres de profondeur. Un rythme normal de formation du terrain est de 0.2 centimètres par an, ce qui prouve bien la gravité de la situation.

Selon l'expert italien Candelori, [en anglais] l'utilisation des sols dans le marché du carbone aidera à lutter contre la désertification  [5]; la décision peut être prise durant la conférence de Copenhague. Le compte à rebours a été lancé et le monde attend.