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Angola : Le coût de la vie élevé de Luanda

Catégories: Angola, Développement, Economie et entreprises, Médias citoyens

La capitale de l'Angola, Luanda, est une ville où tout est très cher ; aussi bien pour les Angolais que pour les étrangers, ceux qui sont là le savent bien. Les services de base, comme l'alimentation, l'éducation et le logement sont à des prix équivalents à ceux que l'on trouve dans des pays européens. Mais la grande différence est que les salaires sont tout simplement risibles en Angola si on les compare à ceux que l'on trouve en Europe, ce qui entraîne une lutte quotidienne pour satisfaire ses besoins élémentaires.

Cette lutte ne concerne évidemment pas les fortunés qui, pour d'obscures raisons, ou pas, sont protégés par des comptes bancaires à rendre jaloux les simples mortels. Selon une enquête menée en juin 2009 par une société britannique, ECA International, Luanda serait la ville la plus chère du monde [1] [en anglais].

Sur son blog Mundo da Verdade [2] [en portugais], Miguel Caxias donne une idée des prix pratiqués dans la ville :

Só para terem uma ideia, o custo por noite no hotel em que estou é de 170 USD (quarto individual, com casa de banho e pequeno-almoço mesmo muito sofrível). Estamos a falar de um hotel que deve ter se tanto, duas estrelas. Para um europeu, não só por costumes alimentícios mas também por costumes de segurança, não se arrisca a comer em qualquer botequim de esquina, obviamente. No restaurante onde temos feito as nossas refeições, o custo médio de uma dose é de 30USD (junte-se a isso bebida, sobremesa, entradas e o preço salta logo para 40/45 USD de despesa individual).

Luanda está numa fase de construção massiva. Junto à Marginal existem apartamentos a 1 milhão de USD. Estão todos vendidos!!!

“Juste pour vous donner une idée, le prix d'une nuitée (chambre individuelle avec salle de bains, plus petit déjeuner très quelconque) dans l'hôtel où je réside est de 170 dollars (110 euros). Nous parlons d'un hôtel qui doit avoir au mieux deux étoiles. Un Européen, non seulement en raison des habitudes alimentaires, mais aussi pour des raisons de sécurité, ne se risque évidemment pas à manger dans la gargote du coin. Le prix moyen d'un repas est de 30 dollars (20 euros) dans le restaurant que nous fréquentons (et avec une boisson, un dessert et des entrées le prix grimpe rapidement à 40/45 dollars [près de 30 euros] par personne).

Luanda connaît une phase de construction massive. Près du Marginal [quartier du front de mer], il y a des appartements à 1 million de dollars (650 mille euros). Tous ont été vendus !!!”

Le coût de la vie élevé de l'Angola est paradoxal, puisqu'il ne reflète pas une qualité de vie élevée, au moins pour ceux pour qui ça ne se passe pas bien du point de vue économique. L'Angola enregistre des bons résultats si on consulte ses indicateurs de développement, mais malheureusement les citoyens du pays ne le ressentent pas, en majorité, dans leurs finances personnelles. Une demande excessive couplée à une offre insuffisante rend la situation difficile.

L'auteur du blog Diário de África [3] [en portugais], qui est Brésilien, se livre à une rapide analyse de ce qui se passe en Angola.

“Não são apenas os alugueres (habitação) que custam caro. Tudo é caríssimo. Um quilo de tomate pode sair por 20 USD. Uma bandeja de uvas pode custar 30 USD o quilo. Um bife com batatas fritas pode custar facilmente, 50 dólares. Um cano furado pode sair por 1000.000 USD. Tapar um pequeno furo na tubulação do ar-condicionado do carro e colocar o gás para enfrentarmos o calor luandense custa 200 USD.

Precisa de electricista? Ele não vai sair da sua casa sem ter tirado pelo menos 100 USD de você. Mesmo que só tenha trocado uma lâmpada. Porque é tudo tão caro?”

Ce ne sont pas seulement les loyers (logement) qui coûtent cher. Tout est très cher. Un kilo de tomates peut atteindre 20 dollars (13 euros). Un plateau de raisins peut coûter 30 dollars (20 euros) le kilo. Un beef avec des frites peut facilement coûter 50 dollars (30 euros). Un tuyau percé peut atteindre 1000 dollars (650 euros). Boucher un petit trou dans la conduite d'air conditionné de la voiture et faire le plein de gaz pour faire face à la chaleur de Luanda coûte 200 dollars (130 euros).

Besoin d'un électricien ? Il ne va pas sortir de chez lui sans vous prendre au moins 100 dollars (65 euros). Même s'il n'a seulement à changer qu'une ampoule. Pourquoi tout est si cher ?

Selon ce blogueur, la réponse est simple et, une fois encore, revient à la guerre qui a volé au pays plus de 30 années de développement.

O atabalhoado processo de independência e a guerra acabaram com tudo. Primeiro, a independência. Em 1975, pelo menos 300 mil portugueses abandonaram Angola. Médicos, dentistas, advogados, empresários, encanadores, mecânicos, burocratas, professores. Em questão de meses, Angola ficou sem quadros. Não havia quem soubesse gerenciar as finanças do país. Depois a guerra. O esforço de guerra sugou o dinheiro que deveria ser investido na saúde, na educação, nas infra-estruturas do país. Agora multiplique essa situação por 30 anos. O resultado chama-se Luanda.

Com a alta no preço do petróleo nos últimos anos, os fretes subiram e por tabela, o de todos os produtos. Chegou-se a uma situação tal que mesmo os itens produzidos em Angola podem custar mais que os importados. Porquê? Os economistas que me corrijam, mas parece ter algo a ver com a tal lei da oferta e da procura. Quem quer agora, tem de pagar mais.

O país não tem indústrias. Tudo é importado. Vem de navio. No porto, não há espaço. Os navios ficam dois, três meses atracados em alto-mar, aguardando autorização para descarregar. Só agora é que a agricultura começa a dar os primeiros passos. Mas só nas áreas em que não há minas terrestres. O último número que ouvi era de que mais da metade das terras cultiváveis do país estava cheia de minas. Enquanto o terreno não estiver limpo, nada feito. Portanto, até a comida precisar ser importada.

“Le désastreux processus d'indépendance et la guerre ont tout détruit. D'abord, l'indépendance. En 1975, au moins 300 mille Portugais ont abandonné l'Angola. Médecins, dentistes, avocats, entrepreneurs, plombiers, mécaniciens, fonctionnaires, professeurs. En quelques mois, l'Angola s'est retrouvé sans cadres. Il n'y avait personne qui sache gérer les finances du pays. Ensuite la guerre. L'effort de guerre a pompé l'argent qui aurait dû être investi dans la santé, dans l'éducation, et dans les infrastructures du pays. Multipliez maintenant cette situation par 30 années. Le résultat s'appelle Luanda.

Avec la hausse du prix du pétrole ces dernières années, le coût des transports a augmenté et, indirectement, celui de tous les produits. On est arrivé à une situation telle que même les produits fabriqués en Angola peuvent coûter plus que ceux qui sont importés. Pourquoi ? Que les économistes me corrigent, mais il me semble que cela a à voir avec la loi de l'offre et de la demande. Celui qui veut quelque chose tout de suite doit le payer plus cher.

Le pays n'a pas d'industries. Tout est importé. Par navires. Dans le port, il n'y a pas de place. Les bateaux attendent deux, trois mois au large, attendant l'autorisation de décharger. C'est seulement maintenant que l'agriculture commence à faire ses premiers pas. Mais seulement dans les régions où il n'y a pas de mines terrestres. La dernière statistique que j'ai entendue disait que plus de la moitié des terres cultivables du pays était remplie de mines. Aussi longtemps que le terrain ne sera pas nettoyé, rien ne sera fait. Par conséquent, même la nourriture doit être importée.”

A piece of goat costs 600 KZ ($7 USD). Tweetpic by @bethinagava

Un morceau de chèvre : 600 kwanzas (5 euros).
Tweetpic de @bethinagava