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La Charte pour la compassion : à la recherche d'une unité des communautés religieuses

Catégories: Amérique du Nord, Etats-Unis, Arts et Culture, Idées, Religion

Dans un monde marqué par les divisions religieuses, un document unique et très attendu a été publié le 12 novembre dernier. Il est le fruit d’une longue collaboration en ligne et hors ligne entre divers dirigeants religieux et grands penseurs.

En février 2008, Karen Amstrong [1] [en anglais comme tous les liens de ce billet], ancienne religieuse catholique romaine, qui s’est surnommée “monothéiste indépendante”, se voit attribuer le prix TED [2] qui récompense chaque année trois personnalités exceptionnelles en leur offrant une somme de 100 000 dollars US et la possibilité de réaliser un « vœu pour changer le monde ».

TED [3] est l’acronyme de Technology, Entertainment, Design [Technologie, Divertissement, Design]. Créé en 1984, ce prix consistait au début en une conférence qui rassemblait des acteurs de ces trois sphères. Depuis, il s’est étendu à d’autres domaines.

Considérée [4] comme une des personnes les plus provocantes et originales par ses réflexions sur le rôle de la religion dans le monde moderne, Karen Armstrong a exprimé le vœu de créer une Charte pour la compassion [5], un document qui mettrait l’accent sur les principales valeurs partagées par toutes les religions du monde et tous les codes moraux, qu’elle appelle « la  Règle d’or ». Voici comment elle décrivait ce projet à la communauté de TED :

« Mon vœu est que vous m’aidiez à créer, à lancer et à diffuser une Charte pour la compassion, rédigée par un groupe d’éminents penseurs issus des trois traditions abrahamiennes, le judaïsme, le christianisme et l’islam, et qui se fonderait sur les principes universels de la justice et du respect. »

Un travail collaboratif

La participation à l'échelle planétaire à un travail collaboratif de rédaction représentait la première difficulté de création de cette Charte pour la compassion. La collaboration née de ce projet a donné lieu à une discussion qui se poursuit encore, alors que la rédaction de la Charte est achevée et que le projet est en ligne à cette adresse : http://www.charterforcompassion.org [6]. Des personnes des quatre coins du monde ont contribué à cette Charte qui transcende les idéologies religieuses et les différences nationales et est le fruit de la réflexions de grands penseurs issus de traditions différentes, menées avec passion, intelligence, conviction intellectuelle et espoir.

Le Conseil des sages chargé de rédiger la Charte pour la compassion a réuni d’éminents penseurs et représentants religieux, entre autres, le Cheikh Ali Gomaa, [7] Grand Mufti d’Egypte, le rabin David Saperstein [8] du Religious Action Center of Reform Judaism, le Sâdhu (NdT : “le renonçant”) Chaitanya, leader spirituel d’Arsha Vijan Mandiram et l’archevêque Desmond Tutu [9][en français], ancien archevêque de la ville du Cap (en Afrique du Sud).

Clip de présentation [10] de la Charte pour la compassion du Prix TED [11], sur Viméo [12].

Parmi les partenaires du projet de la Charte, outre TED, on compte notamment le Tanenbaum Center, le World Council of Religious Leaders, le Al-Ghazzali Center et l’Institute of Religion, Culture and Peace.

À travers le monde, plus de 170 événement [13] ont été organisés pour le lancement de la Charte pour la compassion. La présentation de la Charte a été accueillie avec enthousiasme et suivie de conversations en ligne dans la blogosphère mondiale.

Perspectives de la Charte pour la compassion

Le journaliste malaysien Niki Cheong  écrit sur son blog [14] : « Les Malaisiens étaient invités à s’arrêter dans un studio d'enregistrement pour enregistrer ce que la compassion signifiait pour eux, afin de créer un “buzz” en vidéo pour promouvoir le lancement de la Charte pour la compassion. »

Aizat Faiz a partagé sur son blog [15] son expérience après avoir participé au tournage du lancement en Malaisie de la Charte pour la compassion. Son blog, Rantings by MMs rapportait [16] qu’en Malaisie, « le lancement de la Charte sera officialisé par l’ancien Premier ministre Tun Abdullah Ahmad Badawi. L’après-midi, une table ronde pour la jeunesse aura lieu, il sera suivi d’une autre, inter-religieuse. »

Le quotidien  juif et œcuménique nord-américain, Tikkun Dailyencourage [17] ses lecteurs : «Chacun devrait saisir l’occasion de rappeler aux personnes qui l'entoure la puissance de la compassion et de réfléchir aux moyens d’utiliser la compassion pour transformer et guérir le monde. »

Sur le blog Sujato, dédié au bouddhisme, on peut lire [18] : « Nous devons tous donner un peu de nous-même pour répondre de manière créative et constructive à notre environnement, de manière à ce qu’il soit une force qui puisse aider plutôt que blesser, promouvoir l’amour et l’insertion, plutôt que l’aliénation et l’ignorance. »

Le blog 360 Digital Influence, créé par l’agence de relations publiques Ogilvy, pose cette question [19]: Et si la compassion était contagieuse ?

Aux États-Unis, Brian Carnell critique [20] la Règle d’or, pierre angulaire de la Charte, qu’il considère une « plate bêtise pour se sentir bien » qui n’aide pas à résoudre « de vrais dilemmes moraux ».