Dans la communauté internationale, nombreux sont ceux qui estiment que le premier procès, qui vient de s'achever, du tribunal chargé de juger les Khmers Rouges, celui de Kaing Kek Iev, ou Douch, a été un succès relatif. L'Initiative de Justice de l'Open Society a récemment publié un rapport affirmant que le procès “avait été conforme de façon générale aux critères internationaux d'équité et de procédure normale.” Cependant, selon le rapport [tous les liens sont en anglais], il y a eu des indications que les responsables publics cambodgiens pourraient ne pas participer à des affaires futures, ce qui compliquerait la conduite d'un procès équitable pour les quatre Khmers Rouges en instance de jugement : Nuon Chea, Khieu Samphan, Ieng Sary et Ieng Thirith.
Un jalon positif réside dans le fait que les Cambodgiens ont enfin eu une tribune sur laquelle ils ont pu partager ce qu'ils ont vécu. L'Institut de Recherche sociale appliquée du Cambodge (ASRIC) a collecté des témoignages de survivants dans des villes des Etats-Unis pour être utilisés dans les procès des Khmers Rouges. Voici une vidéo de l'ASRIC montrant son travail :
Le Tribunal a aussi accru la sensibilisation aux Khmers Rouges à travers le monde. Citons à cet égard cet article, [de la revue Granta], qui présente plusieurs Cambodgiens. Parmi ceux-ci, Bou Meng, un survivant de la prison S-21 que dirigeait Douch, qui souhaitait que le procès l'aide à faire son deuil :
Pour [Meng], qu'un ancien collaborateur de S-21 lui dise où sa femme a été tuée et enterrée lui permettrait de commencer à tourner la page. Il ne peut pas effectuer une crémation cambodgienne traditionnelle parce qu'il serait trop difficile d'identifier ses ossements. Mais, a dit Bou Meng à Douch au tribunal, s'il pouvait retrouver où elle a passé ses derniers instants, il se rendrait à cet endroit pour en ramasser un peu de terre afin de prier pour son âme.’
Toutefois, ni le collaborateur ni Douch n'ont pu se souvenir où la femme de M. Meng avait passé ses derniers instants.
Un autre survivant est le Dr. Sophal Ear, qui a fui enfant les Khmers Rouges et est à présent professeur et membre de TED. Le Dr. Ear exprime sa réaction au procès de Douch à l'aide d'un souvenir de sa mère:
Je n'avais jamais entièrement compris l'adage ‘Justice trop tard vaut déni de justice.’ Depuis que ma maman est décédée à l'âge de 73 ans, avant d'avoir vu un seul accusé purger une peine de prison, j'ai compris.
Douch, qui avait présenté des regrets pendant le procès, vient de demander l'abandon des charges contre lui.
1 commentaire
“Douch, qui avait présenté des regrets pendant le procès, vient de demander l’abandon des charges contre lui.”
Pas facile d’affronter son procès jusqu’au bout..