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Arabie saoudite : Fureur après les inondations mortelles

Catégories: Arabie Saoudite, Catastrophe naturelle/attentat, Environnement, Gouvernance, Manifestations, Médias citoyens

La deuxième ville d'Arabie saoudite, Djeddah [1], a été frappée la semaine dernière par de graves inondations, dont le bilan a dépassé les 100 morts [2]. Une infrastructure déficiente et une mauvaise gestion de la maintenance des équipements publics [3][en anglais] en ont été rendues responsables, et des milliers de personnes ont rejoint un groupe Facebook critiquant les autorités. Les blogueurs d'Arabie saoudite ont aussi été virulents dans leur condamnation de l'administration locale, comme nous le constatons dans ce billet.

albaraa1994 a mis en ligne sur YouTube cette vidéo montrant l'inondation [4]:

Saad Al Dosari écrit [5][en anglais]:

Si quelqu'un a envie d'écrire un manuel de management sur les fiascos de la conduite de projets, il trouvera quantité d'exemples dans cette antique fiancée de la mer Rouge : Djeddah. Des fiascos de la conduite de projets, c'est ma seule explication pour ce qui s'est passé à Djeddah la semaine dernière. Des millions et des millions de riyals ont été dépensés dans des projets promettant des infrastructures dernier cri à cette cité longtemps oubliée et vous savez quoi ? ces projets n'ont même pas résisté à quatre heures de pluie !

Ahmed Al Omran dit [6]:

Ceci ne serait pas arrivé si les habitants de Djeddah avaient leur mot à dire dans la gestion de leur ville. Ceci ne serait pas arrivé s'il y avait de la transparence et de la responsabilité dans la façon dont notre pays est gouverné. Je suis au-delà de la colère et de l'écoeurement.

Pour MuSe [7]:

L'ironie veut que la plupart des morts étaient des non-Saudiens et des pauvres, même la mort pratique la discrimination. Des tas de têtes devraient tomber dans les jours qui viennent, des quantités de fonctionnaires déloyaux et corrompus, mais je ne suis pas optimiste là-dessus, ils continuent à parier sur notre nature oublieuse.

Najla est indignée [8]:

ما حصل في جدة .. جريمة قتل..
Ce qui s'est passé à Djeddah…c'est du meurtre…

Zuhair Alghamdi a son idée [9]:

والأمر يتكرر كل عدة سنوات ولا افهم كيف لا يتم دراسة تلك الحوادث السابقة بجدية ووضع الحلول وخاصة أن الحالة لا تصل إلى ما تتعرض له دول مثل الفلبين وأندنوسيا مثلا حيث الأمطار الغزيرة حدث معتاد طوال السنة. وربما لو استعنا بخبراء من تلك الدول بدل أن نقع في نفس المشكلة كل عدة أعوام.
Cela se répète toutes les quelques années, et je ne comprends pas comment il se fait que les incidents précédents n'aient pas été analysés sérieusement et des solutions développées, surtout que la situation n'est pas aussi grave que dans des pays comme les Philippines et l'Indonésie, par exemple, où les fortes pluies sont communes tout au long de l'année. Nous devrions peut-être embaucher des spécialistes de ces pays, au lieu de subir périodiquement le même problème.

Eman Al Nafjan fait une suggestion [10][en anglais]:

De fortes pluies ont conduit à des inondations à cause de la façon dont la ville est gérée. Des millions vont aux infrastructures pour creuser des égouts et poser des canalisations et paver des rues, mais le temps que l'argent coule goutte à goutte jusqu'à l'achat des matériaux et le choix des entreprises, il n'arrive plus à couvrir les coûts. Depuis ces dernières années, les Djeddawis s'en plaignent et grognent. […] Je propose que le roi transfère la municipalité de Djeddah à l’ARAMCO [11] comme il l'a fait pour la KAUST (Université des Sciences et de la Technologie Roi Abdallah [12]) lorsqu'il s'est avéré que les fonctionnaires écrémaient le budget.

La KAUST se trouve à côté de Djeddah, et des étudiants ont raconté sur leurs blogs comment le campus de la KAUST avait pâti de la pluie. Eric dit [13]:

Ce matin, après un orage plutôt romantique, les éléments se sont déchaînés; au détriment d'une poignée de bâtiments. […] Après avoir franchi le barrage des sirènes et l'impressionnante couche d'hommes des services de secours qui bordaient les rues j'ai pu m'immerger dans les dégâts faits par cette tempête par ailleurs inoffensive. Les rues étaient inondées sur une profondeur de 60 centimètres, toute la population féminine avait été évacuée de sa résidence (et envoyée à Djeddah pour au moins toute la semaine prochaine),et les étudiants déplacés parce que les conditions dans leurs logements étaient “inhabitables” (autrement dit, ils n'avaient pas juste des fuites, ce sont des plafonds entiers qui se sont écroulés au milieu de la nuit sous le poids de l'eau accumulée). Bref, KAUST s'était transformée en camp de réfugiés en l'espace de quelques heures.

Un autre étudiant de KAUST, Nathanécrit [14]:

De fortes pluies ressemblent à une catastrophe naturelle parce que l'infrastructure ici n'est pas prévue pour évacuer l'eau. Les maisons, les rues ont été inondées, et le réseau de téléphonie mobile a été coupé pendant un moment. La pluie a été phénoménale, on a dù avoir dans les 7,5 cm en moins d'une heure. La météo dit que Djeddah ne reçoit que 54 mm de pluie par an – nous avons dépassé en une seule nuit notre total pour un an et demi !

Ibrahim Hudaif demande [15]:

Y a-t-il au moins un plan anti-catastrophe pour le Shaheen, le centre de recherche de supercalculateurs [16] à KAUST?

Pour conclure, Ahmad Qushmaq a trouvé ce qui a rendu ces inondations un peu différentes [17]:

إن ما يميز “فضيحة” الأربعاء هو استخدام التكنولوجيا لتوثيق العورات التي كشفت.
Ce qui distingue le scandale de mercredi, c'est l'usage des technologies [de l'information] pour fournir des preuves des faiblesses révélées.