La loi ougandaise contre l'homosexualité ( Anti-Homosexuality Bill 2009) attend encore d'achever son parcours législatif au Parlement ougandais mais un journal du pays, le Daily Monitor, a rapporté mercredi 23 décembre que le Président Yoweri Museveni a “assuré le Département d'état des États-Unis de son intention de la bloquer [en anglais, comme toutes les citations]:
Le Président Museveni aurait assuré aux autorités américaines qu'il allait mettre son véto au projet de loi anti-gay du député de la circonscription de l'ouest, David Bahati, une promesse qui contredit de récentes prises de position et déclarations de membres de son gouvernement.
Photo de riekhavoc sur Flickr, reproduite avec permission
Le blog Gay Uganda dénonce les contradictions dans les messages du gouvernement ougandais destinés à l'Occident et ceux destinés aux ougandais eux-mêmes :
Vous vous souvenez de l'article traitant de la confirmation du Président au Département d'état que ce projet de loi n'allait pas devenir loi ?
Bien, il a dit cela aux Américains. Voilà ce que le gouvernement ougandais a dit à ses citoyens :
La position du gouvernement concernant la loi anti-gay reste [inchangée] a dit le ministre. Dans une déclaration hier, le Ministre des affaires étrangères , M. Sam Kutesa, a dit que le gouvernement ne pouvait soutenir l'apologie de l'homosexualité “juste comme il ne pouvait pas promouvoir la prostitution”.
AfroGay écrit que le gouvernement ougandais pensait s'en tirer avec l’adoption de cette loi parce que les dirigeants du monde avaient d'autres chats à fouetter .
C'est comme lorsqu'en 1999, le Président Museveni avait ordonné lui-même que les gays soient arrêtés et jetés en prison, ce qui était clairement une mauvaise décision [les donateurs internationaux étaient là aussi intervenus et le Président Museveni avait battu rapidement en retraite]. MU7 (NdT : surnom du président) pensait que le projet de loi Bahati allait être un problème secondaire en ces temps-ci. M. Obama est occupé avec les talibans, M. Gordon Brown, un canard déplumé, et il n'y a personne d'autre pour prendre l'Afrique au sérieux, à part des barracudas comme les Chinois. Mais la vérité est que M. Obama et l'Europe sont heureux de prendre l'Ouganda au sérieux parce que c'est une proie facile, comparée, disons, à la Chine. Mme Hillary Clinton avait dit clairement l'autre jour qu'on ne peut pas traiter la Chine comme un pays du tiers-monde et c'était sa manière de montrer indirectement où elle plaçait exactement l'Ouganda dans l'ordre mondial.
Dans un autre billet, AfroGay analyse ce qui se passe en coulisses :
Ainsi, même s'il est délibérément vague sur ce sujet, le gouvernement a déjà son opinion. Et son opinion est que c'est très mauvais du point de vue de l'opinion internationale et des sources de financement. Son bégaiement n'est pas encore terminé. M. Bahati a été ragaillardi par l'attention qu'il a suscitée et il profite de son moment de gloire. Il ne se calmera donc pas si facilement. Mais le gouvernement pourrait trouver un compromis. Trouver un financement pour une clinique dans la circonscription de M. Bahati, promettre ceci ou cela aux gens de Ndorwa, voire même lui promettre de financer la campagne pour sa réélection. Ce que le Président Museveni veut en Ouganda, M. Museveni l'obtient et je prédis qu'avant d'arriver devant le Parlement cette loi ne sera plus que l'ombre d'elle-même – si jamais elle y arrivait.
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