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Asie du sud : Rétrospective de l'année 2009

Catégories: Asie du Sud, Bangladesh, Bhoutan, Inde, Arts et Culture, Economie et entreprises, Élections, Environnement, Film, LGBTQI+, Liberté d'expression, Littérature, Média et journalisme, Migrations & immigrés, Politique, Relations internationales, Religion, Technologie, Travail

L'année s'est achevée et le moment est venu de faire le bilan de ce que l'Asie du sud-est a vécu en 2009. Dans un compte rendu en deux parties, nous reviendrons sur le regard que les blogueurs ont porté sur les événements qui ont marqué les pays d'Asie du sud-est. Un grand merci aux auteurs des revues de blogs sur Global Voices qui officient dans cette région du monde pour leur perspicacité et l'énorme travail qu'ils ont fourni tout au long de l'année.

L'année  a été difficile pour l'Asie du sud-est, dont la population a été, comme dans le reste de la planète, touchée par la crise économique internationale. Cette zone particulièrement peuplée est une source de main d'œuvre pour les pays du Moyen-Orient et d'autres régions du monde. Nous avons vu de nombreux travailleurs immigrés revenir dans leur pays d'origine [1] [en anglais] après avoir perdu leur emploi et souffert de l'amenuisement des offres d'emploi. L'énergie a été un enjeu majeur dans la mesure où certains pays ont du affronter des pénuries d'énergie et de fréquentes coupures de courant électrique [2] [en français].

Le Bangladesh

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Bien que le Bangladesh ne se soit mis que depuis peu aux blogs, les utilisateurs de ce mode de communication ont déjà réalisé de nombreuses avancées. Au cours de cette année, environ 50 livres livres électroniques  ont été publiés sous forme papier par des auteurs de blogs [4] [en français] en vue de participer en février au salon du livre d'Ekushey [5] [en anglais]. Nous avons également eu droit à un article intéressant sur le Bangladesh vu par les blogueurs expatriés [6] [en français].
[7]

Le 25 février 2009 au matin, on apprenait qu'une mutinerie était en train de s'organiser au quartier général des Bangladesh Rifles (le BDR, organisation para-militaire chargée de la sécurité aux frontières). Au milieu des rumeurs et de l'attention médiatique, des blogueurs se sont empressés de couvrir l'événement [8] [en anglais] et ont publié des points de vue pertinents.

Canon anti-aérien sur Satmasjid, route 7A. Copyright par Drishtipat et utilisé avec autorisation  [9]Canon anti-aérien sur Satmasjid, route 7A. Copyright Drishtipat, photo utilisée avec autorisation

La révolte s'est terminé de manière tragique, avec le décès ou la disparition de 148 personnes, dont de nombreux officiers de l'armée ; certaines questions restent sans réponse [10] [en français]. En mars, YouTube et d'autres sites de partage de fichiers ont été temporairement bloqués au Bangladesh [11] [en anglais] dans le but d'empêcher la circulation d'une cassette confidentielle contenant un extrait audio de la réunion du Premier ministre avec des officiers mécontents qui protestaient contre le massacre des leurs durant le soulèvement du BDR.

[12]

Les blogueurs bengladais et indiens se sont donnés pour mission d’analyser l'impact négatif pour l'environnement [13] [en anglais] du projet hydroélectrique de Tipaimukh en Inde (situé près de la frontière avec le Bangladesh) et les problèmes que cela pourrait engendrer pour la population locale. Des campagnes en ligne ont été lancées pour protester contre la construction du barrage. Les blogueurs ont remis en question la transparence du processus de négociation [14] [en anglais] entre les deux gouvernements concernés, soupçonnant des tractations secrètes en coulisses.

En novembre, des pressions exercées par l'ambassade de Chine ont forcé les autorités locales à fermer à Dhaka une exposition de photos sur le Tibet [15] [en français].

Le Bhoutan

Que faut-il penser du Bhoutan [ndt : petit royaume himalayen] ? Certains le considèrent comme une sorte d'Éden, tandis que d'autres clament qu'on y pratique un nettoyage ethnique en chassant du pays les minorités Lhotshampa, originaires du Népal. Notre nouvel auteur bhoutanais Sonam Ongmo insiste sur le rôle que jouent les médias citoyens de son pays [16] [en français] pour découvrir la vérité.

Landscape of Bhutan. Image by Flickr user Jmhullot, used under a creative commons license [17]Paysage du Bhoutan. Image de  Jmhullot sur Flickr, utilisée sous licence creative commons

Le concept du Bonheur National Brut (BNB) a été à l'origine créé par la monarchie du Bhoutan, en 1972. Quoiqu'il en soit, les blogueurs bhoutanais débattent du fait que le concept semble avoir été pris bien plus au sérieux ailleurs que chez eux [18] [en français].

L'Inde [19]

Les élections [19]

Cette année, l'Inde a été témoin de la 15ème élection du Lok Sabha (le parlement) et certains blogueurs ont été sur le qui-vive dès le début de la campagne électorale. Plus intéressant encore, ce fut la première fois que certains des principaux partis politiques (BJP [20] [en anglais], le Parti du Congrès [21] [en anglais]) ont utilisé Internet pour y diffuser leur campagne électorale, ce qui a fait réagir les blogueurs

screenshot of a Congress ad showing on Bollywood Frames, an entertainment blog. [22]Capture d'écran d'une publicité sur le site du congrès pour Bollywood Frames, un blog de divertissement.

En effet, l'Inde a connu là sa première élection numérique [23] [en anglais]. Global Voices a assuré la couverture des élections en Inde [24] [en anglais] et a disséqué ces campagnes sous tous les angles possibles, avec par exemple l'analyse de l'impact des campagnes menées par des entreprise à “conscience sociale” [25] [en français] et l'utilisation par des groupes de  la société civile en Inde d'outils numériques pour gérer l'enregistrement des électeurs et la transparence des campagnes durant les élections [26] [en français].

[27]

Les blogueurs ont joué un rôle important en faisant part de leurs prévisions et en analysant les sondages d'opinion [28] [en anglais] et l'influence que peuvent avoir les célébrités sur les élections [29] [en français]. Ils ont également mené l'enquête sur les systèmes de caisse noire des politiciens [30] [en anglais].

[31]

Durant ces élections, nous avons assisté à l'avènement de la surveillance du scrutin par les citoyens eux mêmes [32] [en anglais] à l'aide de la plateforme de suivi en temps réel sur Google Map Ushahidi, et à l'apparition d'un grand nombre de sources d'informations en ligne sur ces élections [33] [en français].

[34]

Grâce à tous ces outils, la campagne, qui a duré tout un mois, a été suivie de près par les blogueurs et journalistes citoyens [35] [en anglais] et après la proclamation des résultats, ils ont remis en question le faible taux de participation [36] [en français] et par là l'efficacité de la campagne [pour que les citoyens indiens se rendent aux urnes].

Quand les résultats ont été annoncés, il est apparu que les électeurs  avaient finalement voté pour l'immobilisme [37] [en anglais]. La sphère indienne de Twitter a été particulièrement enflammée sur ce sujet [38] [en anglais]  à mesure que les résultats étaient rendus publics.

Activisme en ligne

Cette année, nous avons aussi assisté à des campagnes en ligne réussies sur diverses questions de société en Inde. Au début de l'année, de nombreux Indiens ont été révoltés d'apprendre qu'un groupe de jeunes femmes du Mangalore dans l'état du sud du Karnataka avaient été agressées dans un bar par des fanatiques d'un parti ultra conservateur hindou [39] [en français]. Une campagne Internet a aussitôt vu le jour , sous la forme d'un groupe sur Facebook qui a œuvré pour l'idée intrépide et téméraire d'envoyer des slips féminins roses au parti Ram Sena comme ‘cadeau de St Valentin’ [40] [en français]. Ce mouvement de protestation non violent a été appelé la campagne du Chaddi (sous-vêtement) Rose.

La vidéo ci-dessus montre une pile de sous-vêtements et de lettres de vœux de St Valentin rédigées à l'attention des hindous ultra conservateurs.

Cette année a vu  également l'organisation de la première conférence TED India, un événement qui a enflammé la blogosphère indienne. Découvrez le rôle qu'elle a joué [41] [en anglais].

[42]

D'autres grandes cyber-campagnes on eu lieu sur le Net indien comme un grand concours de conduite [43] [en anglais] et un projet de reboisage [44] [en anglais].

Droits de l'homme et liberté d'expression

Chyetanya Kunte, blogueur d'origine indienne vivant aux Pays-Bas, a été réduit au silence par le système judiciaire [45] [en anglais] pour avoir accusé un journaliste de télévision d'avoir couvert de façon sensationnaliste  les attaques terroristes de Mumbai.

Shiv Shena, un parti politique d'extrême droite, a intenté un procès [46] [en français] à un internaute indien âgé de 19 ans pour avoir critiqué ce parti sur un réseau social en ligne.

L'état indien de Manipour a plongé dans le chaos  quand la photo d'un jeune de 27 ans non armé et tué par balles par la police s'est mise à circuler. Les blogueurs ont critiqué [47] [en français] l'état et les médias pour avoir fait l'impasse sur ce fait divers.

Mais les droits de l'homme ont connu des avancées malgré tout. Une cour de justice indienne à dépénalisé les relations entre personnes du même sexe [48] [en français] ce qu'un blogueur a qualifié comme “l'une des plus importantes journées de l'histoire de l'Inde indépendante”.

Culture et religion

[49]

Slumdog Millionaire, un film britannique dont l'action se déroule en Inde, a provoqué un buzz dans la blogosphère indienne [50] [en français] en remportant quatre Golden Globe et en étant nominé aux Oscars dans dix catégories. Ce film a provoqué des débats [51] en Inde [en français] sur l'image qu'il renvoyait de la vie dans les bidonvilles indiens, et sur le pourquoi de l'attrait qu'il exerce sur les étrangers. Mais cela n'a pas empêché cet œuvre cinématographique de rafler 8 oscars [52] [en français].

Un article instructif a été rédigé sur Durga Puja et ses rituels [53] [en français].

Bidding Goddess Durga farewell until next year. Photo by Aparna Ray [54]L'adieu à la déesse Durga, jusqu'à son retour l'année prochaine. Photo by Aparna Ray

Dans la prochaine partie de cette rétrospective de l'année en Asie du sud, nous parlerons des Maldives, du Népal, du Pakistan et du Sri Lanka. Restez à l'écoute!