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Équateur : Le gouvernement suspend la chaîne de télévision Téléamazonas

Catégories: Amérique latine, Equateur, Média et journalisme, Politique

Ce texte a été traduit par Christophe Boillon et Gaëtan Santos, élèves de classe préparatoire du lycée Ozenne de Toulouse, sous la direction de leur professeur d'anglais Audrey Lambert.

Le 22 décembre, la chaîne de télévision Teleamazonas [1] [en espagnol] a été déprogrammée [2] par le responsable des télécommunications [3] [en espagnol], en vertu d’une suspension provisoire de 72 heures. Teleamazonas est une chaîne considérée comme ne suivant pas la ligne officielle du gouvernement. Ces trois dernières années, elle a maintenu de fortes divergences avec le régime du président Rafael Correa qui a demandé à de nombreuses reprises à ce que la chaîne télévisée soit fermée.

Le responsable des télécommunications a justifié la fermeture de la chaîne en prenant pour prétexte les événements du 22 mai 2009 lorsqu’elle a répandu l’information basée sur des suppositions, selon laquelle l’exploitation du gaz sur l’ile de Puná affecterait les habitants qui vivent de l’industrie de la pêche. Selon le responsable, en répandant cette information, Teleamazonas aurait violé l’article 18-1 de la constitution actuelle qui veut que toute personne ait le droit de « rechercher, recevoir, échanger, produire et diffuser des événements et des faits véritables, vérifiés, opportuns, divers et non censurés ainsi que des procédures d’intérêt général sous leur responsabilité ultérieure”.

Peu après, des voix se sont élevées pour protester dans différents secteurs de l’Equateur, préparant également des défilés et manifestations contre cette mesure. Pour beaucoup, il s’agit d’une atteinte à la liberté d’expression. Cet événement récent est d’autant plus significatif qu’au même moment les membres du Congrès National sont en train de débattre au sujet de la nouvelle loi sur les communications [4] [en anglais]. Celle-ci a été rendue publique après que le précédent accord entre les membres du parti au pouvoir et l’opposition a été rompu.

On trouve également des avis sur Internet pour et contre la décision prise par le gouvernement. Pour beaucoup, la fermeture de la chaîne de télévision est clairement une atteinte à la liberté de la presse, et revêt également la forme d'un acte d'intimidation. Xica, sur le blog La Alharaca [5] [en espagnol], déclare:

Por más de que el gobierno ecuatoriano haya decidido sacar del aire a Teleamazonas por solo 3 días, esto es suficiente para enviar un fuerte mensaje a los demás medios y a los asambleístas: podemos cerrar un medio y no necesitamos la ley de comunicación para hacerlo.

Le gouvernement équatorien a beau n’avoir suspendu la transmission de Teleamazonas que pour trois jours, cela suffit pour faire clairement passer le message aux autres médias et aux membres de l'assemblée : nous pouvons interdire un média, et on n'a pas besoin de loi pour cela.

La ligne éditoriale de Teleamazonas, qui est contre le gouvernement, a également ses détracteurs, et le présentateur du journal télévisé Jorge Ortiz en est le porte-parole, lui qui fait toujours des remarques acérées contre le gouvernement. De plus, le fait que la chaîne soit détenue par le banquier Fidel Egas donne lieu à des suppositions publiques sur l'impartialité des informations. Suite à cela, Eduardo Varas du blog Mas libros, Autores y Otros Riesgos [6] [en espagnol], écrit :

Aplaudir que sea el Ejecutivo el llamado a prohibir opiniones o a definir lo que es o no una profesión es un acto de lo crueles que confunden todo y no les importa. Todos debemos tener la libertad de decir lo que quisiéramos, así seamos un medio con todo el dinero del mundo y con un dueño que se crea el portador de la verdad, o un presidente que también se crea dueño a la verdad, o un gil como yo, o giles que celebran lo cierres de medios como maniobras justas. Todos.

Applaudir au fait que ce soit la branche de l'Exécutif qui appelle à censurer des opinions ou qui définit ce qui est ou non une profession est un acte cruel qui mélange tout et ça n'a pas d'importance pour eux. Nous tous devrions avoir la liberté de dire ce que nous voulons, que nous soyons un média qui a tout l'argent du monde et qui est dirigé par un homme se considérant comme celui qui transmet la vérité, ou un président qui s’estime également tout savoir, ou un idiot comme moi, ou des idiots qui se félicitent de la fermeture de chaînes de télévision comme de manœuvres honnêtes. Nous tous.

La suspension est déjà entrée en vigueur et c'est maintenant que nous allons voir si cela va affecter la nouvelle Loi sur la Communication, actuellement débattue par le congrès national.