Cinq jours après le terrible tremblement de terre qui a partiellement détruit la capitale d'Haïti, Port-au-Prince, et d'autres villes comme Leogane et Jacmel, il était toujours très difficile pour les secours, les équipes médicales et les humanitaires d'arriver jusqu'aux Haïtiens pour porter secours aux survivants.
Ces difficultés ne sont pas dues à un manque de mobilisation ou de volonté politique de la communauté internationale, qui a réagi presque immédiatement pour aider, explique AlterPresseHaiti [en français comme tous les liens]:
[…] La visite de Ban Ki Moon suivra celle de la secrétaire d’État des États-Unis, Hillary Clinton, qui a passé quelques heures à Port-au-Prince ce 16 janvier afin d’exprimer au président René Préval et au peuple haïtien la solidarité et l’engagement de Washington.
[…]
Pour sa part, le président français Nicolas Sarkozy avait dépêché le 14 janvier à Port-au-Prince le secrétaire d’Etat à la coopération, Alain Joyandet, pour exprimer « la solidarité de la France à ce peuple meurtri ».
Le président dominicain, Leonel Fernandez, avait effectué le 13 janvier une visite surprise à la capitale pour présenter ses sympathies au président Préval et au peuple haïtien.
Toutes ces visites de dirigeants politiques ne peuvent masquer les difficultés que leurs équipes respectives de sauveteurs ont affronté. Le blog martiniquais Bel Balawou avait publié un billet sur la gestion générale de l'aéroport de Port-au-Prince :
Haïti: des avions remplis d'aide refoulés, des dizaines de personnes obligées de dormir sur le tarmac faute de pouvoir s'envoler, des tonnes d'aide attentant d'être distribués du fait d'une mauvaise coordination: la colère grondait samedi à l'aéroport de Port-au-Prince.
Voici un extrait du communiqué de Médecins sans frontières (17.01.10) qui appuyait les dires de Bel Balawou:
Port-au-Prince/Paris /New York, 17 janvier 2009—Médecins Sans Frontières (MSF) demande que ses avions cargo transportant du matériel médical et chirurgical d'urgence soit autorisés à atterrir à Port-au-Prince afin de pouvoir traiter des milliers de blessés qui attendent d'être opérés de façon urgente. La priorité doit être donnée immédiatement aux avions transportant des équipements médicaux d'urgence et du personnel médical.
L’explication de cette situation était donnée sur un autre blog, celui de Potoprincipe :
La gestion de l'aéroport de Port-au-Prince, capitale haïtienne largement détruite par un puissant tremblement de terre mardi, a été confiée vendredi aux Américains par le gouvernement haïtien.
Mais plusieurs avions transportant de l'aide n'ont pas pu atterrir.
BelBalawou se faisait plus précis sur la situation :
Cette gestion de l'aéroport par les Américains a même créé des tensions diplomatiques après le refoulement vendredi d'un avion français qui avait à son bord un hôpital de campagne, alors que les moyens pour traiter les blessés manquent cruellement.
Potoprincipe explique que d'autre pays ont fait la même expérience :
Des sources officielles ont par ailleurs indiqué à l'AFP qu'un avion cargo de l'armée argentine, transportant notamment du matériel médical et une unité de purification d'eau, était toujours bloqué samedi dans un aéroport situé à 120 km de Saint-Domingue, que deux avions mexicains avaient dû attendre “deux jours et demi en République dominicaine” avant d'être autorisés à atterrir et que 40 tonnes d'aide en provenance du Pérou avaient été finalement acheminées par voie terrestre samedi depuis Saint-Domingue.
Les autorités américaines, confrontées aux critiques des autres pays souhaitant aider les Haïtiens, ont défendu leur position. Bel Balawou cite un officiel américain :
‘On décide en coordination avec l'ONU et les Haïtiens’, a expliqué M. Merten, en rappelant la nécessité de hiérarchiser les priorités: ‘il est clair qu'il y a un problème’, a-t-il reconnu. Il met néanmoins en avant le fait que les Américains ont été capables de rendre, en 24 heures, utilisable l'aéroport dont la tour de contrôle a été touchée par le séisme.
Ces accrochages diplomatiques soulèvent des questions chez les blogueurs.Voici comment, selon BelBalawou, l'aide humanitaire internationale pourrait être gérée :
L'administration de l'aide internationale est généralement confiée à du personnel issu du pays bailleur de fonds. Pour réaliser la promesse du développement, il faut changer cette pratique et embaucher du personnel local, estime un auteur américain qui connaît bien Haïti.
Ces inquiétudes, soulevées par l'aide humanitaire et la communauté internationale, pour le futur de Haïti est partagée par Radio Kiskeya, qui a publié un article intitulé “File-t-on tout droit vers une mise sous tutelle ?” :
Une bonne partie de l’intelligentsia est soit en deuil ou prise sous les débris. L’aide internationale ne s’embarrasse même plus de consulter les forces vives du pays pour coordonner la distribution de vivres. Haïti est édentée.
Dans ce même article, l'auteur Harold Isaac fait une déclaration qui résonne comme une invitation à la mobilisation de la diaspora haïtienne :
Et c’est là qu’un rendez-vous historique est en train de se révéler : Une opportunité exceptionnelle de mobilisation de toutes les forces vives et compétences d’origines ou d’affinités haïtiennes, de l’intérieur et de l’extérieur, pour constituer une alternative fiable de gouvernance.
Vous pouvez visitez notre dossier spécial regroupant tous les billets publiés sur Global Voices en anglais ici. La plupart ont été traduits en français. Cliquez sur l'icône fr qui se trouve sous le titre du billet en anglais pour accéder à la version en français.