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Maroc : Une charte de l'environnement

Catégories: Maroc, Développement, Environnement, Médias citoyens

Le gouvernement marocain a lancé le 15 janvier, dans la ville de Skhirat, au sud de la capitale Rabat, un projet ambitieux sur l'environnement. Une série de rencontres, ateliers et conférences régionales doivent suivre, pour enclencher un débat national visant à l'instauration d'une Charte de l'environnement. L'opération fait suite à un discours-programme prononcé l'été dernier par le roi Mohammed VI, dans lequel il insistait sur la signification qu'attache son gouvernement aux questions d'environnement.

La Charte de l'environnement et du développement durable, selon son appellation officielle, se traduira entre autres par la création de 16 observatoires régionaux fournissant au gouvernement des rapports et recommandations annuels sur l'environnement et les questions de développement. L’ initiative possède déjà son site Internet [1] au contenu interactif [2] ainsi qu’un blog [3] en trois langues.

Mabrouk Benazzouz, qui écrit pour le site régional d'informations en ligne Eljadida.com, explique [4] comment la nouvelle approche vise en partie à la responsabilisation des pollueurs. Il écrit :

L’idée de prise de conscience collective et notamment la prise de conscience nécessaire au niveau de tout un chacun et à commencer par les industriels, a imposé un principe nouveau dans notre pays, celui du pollueur /payeur. Madame la Ministre, explique que « ce principe est nouveau, mais tout le monde donc en a conscience, et nous travaillons progressivement pour le mettre en œuvre, à travers les lois et les décrets appropriés, pour faire en sorte que chacun assume ses responsabilités.”

Big Brother Morocco se demande [5] si les décideurs seront à la hauteur de la tâche, et loue le processus apparemment ouvert initié par le gouvernment :

Quand on sait qu'il y a très peu d'experts en Écologie au Maroc et Nos chers élus locaux s'y connaissent tellement en écologie que le débat sera, bien sur, soporifique. Dormir debout dans une conférence, ça va être possible avec ces débats sur la charte Nationale de l'environnement. Mais heureusement, le débat sera ouvert au Grand Public, à travers internet et le blog/site de la charte. Il y a même un forum -internet- ou Vous pourrez poster vos propositions et répondre à un formulaire. Ce qui est Louable dans tout cela, c'est que l'état “OUVRE” le débat : une première étape pour instaurer à la fois, un dialogue, et surtout de faire impliquer les Marocains dans les actions à entreprendre.

Tayyibi A., qui écrit sur Architecture et Société – Architecture de terre au Maroc récapitule [5] le calendrier du projet et explique [6] en quoi il a été largement inspiré par l'expérience française :

Octobre/Novembre 2009 : Elaboration du projet de la charte.
Du 15 janvier au 20 février 2010 : Lancement de la concertation nationale à travers les 16 régions du Royaume.
Mars 2010 : Elaboration du projet final de la Charte.
Le 22 avril 2010 : Adoption officielle de la charte.
Le 25 avril 2010 : Célébration de la journée de la Terre.

Le texte de la Charte […] est fortement inspiré dans sa partie la plus importante (valeurs et principes), des articles de la Charte de l’Environnement adoptée dans la constitution Française en 2005!

Des blogeurs ont cependant déploré un manque de cohérence dans le programme du gouvernement et des contradictions entre les annonces et la réalité sur le terrain. Lbadikho qui blogue sur Sustainable Mediterranean Rif Now! [Fr], dénonce [7]ce qu'il décrit comme le dommage écologique scandaleux causé dans la ville orientale d'Oujda par la décision du gouverneur local (un fonctionnaire non élu, nommé par décret) d'abattre un grand nombre d'arbres. Il écrit :

Jusqu’à quand cette situation de Walis/Gouverneurs non élus avec plus de prérogatives et de pouvoir que le député ou le maire élu? […] Tout comme la démocratie et le développement vont de paire, le développement durable et la démocratie ne peuvent avoir lieu l’un sans l’autre de façon durable. Seule une réforme constitutionnelle profonde pourrait épargner à des régions comme l’orientale d’être à la merci d’un Wali exogène à leur choix, et encore mieux, d’une technocratie marocaine qui a prouvé ses limites avec tout le mal qu’elle a faite à Saîdia, dans le plus grand crime contre l’homme et la terre que cette région a connu depuis peut être la colonisation.