Global Voices en Haïti : Entretien avec la bénévole Régine Zamor

Global Voices a envoyé une petite équipe à Port-au-Prince à la suite du tremblement de terre de Haïti, pour contribuer à soutenir l'activité des médias citoyens. Georgia Popplewell et Alice Backer participent aussi par leurs reportages en direct à notre couverture des actions de reconstruction. Voyez ici pour plus de détails sur leur mission.

PORT-AU-PRINCE, HAITI, 30 janvier 2010

Régine Zamor est une Américaine d'origine haïtienne qui vit à New Rochelle, dans l'Etat de New York, après avoir grandi à Brooklyn. Sa famille haïtienne est de Martissant. Elle a décidé de se rendre en Haïti à la suite du séisme du 12 janvier et d'y faire du bénévolat seule, sans s'engager dans une ONG de premier plan. Elle avait déjà des contacts en Haïti et en République Dominicaine avant de venir, ayant travaillé l'été dernier comme bénévole auprès d'ouvriers haïtiens sous contrat à Batey Ocho, dans la province dominicaine de Barahona. Sa famille et ses amis aux Etats-Unis la soutiennent dans sa décision.

Régine est productrice et réalisatrice de films et vient de terminer un documentaire sur les enfants de la rue à Cap Haïtien, intitulé Bagay Dwòl. Elle s'est mise à bloguer sur le film et sur son volontariat impulsif sur son blog, Bagay Dwol Journal. [en anglais]. Dès son arrivée en Haïti, au surlendemain du tremblement de terre, elle s'est mise en quête de l'endroit où son aide serait utile, et s'est retrouvée à travailler à la distribution alimentaire, à la circulation de l'information — à la fois en personne et par son blog — ainsi qu'à la distribution de fournitures médicales par différents contacts dans de petites ONG telles que SOIL, Wynn Farm, et COHEF [en anglais].

Georgia Popplewell et Alice Backer l'ont rencontrée à l'Hôtel Oloffson il y a quelques jours.

“Je ne voulais pas attendre”

Quand j'ai dit à d'autres Haïtiens vivant aux Etats-Unis que j'allais en Haïti avec Global Voices, beaucoup de personnes qui étaient sur les listes d'attente de grosses ONG connues et d'agences officielles ont exprimé leur consternation. Par exemple, mon ami Alex — qui est titulaire d'un master en administration de la santé publique et travaille depuis des années dans le secteur de la santé aux Etats-Unis — était démangé par le désir d'être sélectionné sur une liste de volontaires. Quand Régine a expliqué à Georgia et à moi (NdT : Alice Backer) comment elle est parvenue à Haïti tout de suite après le séisme, j'ai tout de suite pensé à Alex et à tous les autres qui attendaient aux U.S.A.

Régine décida de ne pas attendre, et elle explique dans cette vidéo comment elle a obtenu les tâches qu'elle s'est retrouvée accomplir :

(Vous pouvez sélectionner les sous-titres en français en cliquant sur la petite flèche verticale sous la vidéo)

Comment Régine et d'autres bénévoles de la première heure ont pris en main et à leurs frais la distribution de nourriture

Je n'ai aperçu qu'une seule file d'attente pour une distribution alimentaire organisée par les Nations Unies depuis mon arrivée ici il y a une semaine. C'était près du Palais National, et elle a si bien tourné au chaos que du gaz lacrymogène ou poivré aurait été utilisé contre la foule. Une poignée de fonctionnaires des Nations Unies paraissaient être en charge d'une foule se comptant par milliers. Un système de distribution de l'ensemble du flux d'aide attend encore d'être concrétisé, soit par les Nations Unies, soit par le gouvernement haïtien. Mais à discuter avec Régine, il s'avère nettement que de nombreux Haïtiens et autres prêts à s'impliquer ont pris eux-mêmes les choses en mains pendant la période de première urgence.

Régine explique ici comment elle s'est coordonnée avec un contact d'ONG en République Dominicaine pour acheter de la nourriture, la faire expédier à Port-au-Prince, et la distribuer à l'orphelinat l'Amour du Bon Berger.

Bénévoles à la clinique Parc Antoine Izméry à Delmas 33

Lorsque nous avons rencontré Régine à l'hôtel Oloffson, un copain américain de sa ville de New Rochelle, NY, a interrompu notre conversation pour lui présenter des médecins. Régine nous a laissées pour aller les rencontrer, et nous a finalement présentées à l'un d'eux, un médecin américain qui  soignait des patients haïtiens aux Bahamas depuis 11 ans. Se tournant vers nous, elle a dit : “Il vient d'accepter de venir avec moi à la clinique de Sité Solèy demain matin.”

C'est précisément ainsi que Régine entend son rôle de “relais de l'information”. Par le bouche-à-oreille et tous les moyens disponibles, elle a mis en relation des dizaines de personnes avec tous les besoins de services quels qu'ils soient qu'elle a identifiés ou dont elle a eu idée.

Ici, Régine touche un mot du travail qu'elle fait à la clinique médicale de Park Antoine Izméry à Delmas 33:

Elle explique sur son blog comment elle a fourni du matériel médical très attendu à Kenscoff [en anglais].

La halte de Régine est loin d'être terminée. Comme de nombreux Haïtiens-Américains que j'ai rencontrés à Port-au-Prince, elle projette de s'installer ici à titre permanent pour les prochaines semaines. Voici ses “Ressources Utiles pour le bénévolat à New York” [en anglais].

Le travail de Global Voices en Haïti est soutenu par nos donateurs habituels pour notre action générale ainsi que par une dotation pour l'information humanitaire de Internews. Vous retrouverez sur la page spéciale consacrée par Global Voices au séisme de Haïti l'ensemble de notre couverture.

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