[tous les liens renvoient à des pages en anglais] Selon la façon dont on conçoit le terme “jeunes”, les jeunes Indiens représentent démographiquement quelques millions de personnes de plus que la population totale des États-Unis. Cette génération dépasse aussi de loin les autres tranches d'âge sur le territoire même de l'Inde. Les 315 millions de jeunes Indiens âgés de 12 à 24 ans constituent 30% de la population indienne.
Dans sa grande majorité, la jeunesse indienne actuelle est radicalement différente des générations des décennies antérieures. D'abord, selon le magazine BusinessWeek, le pays dans lequel grandissent ces jeunes gens est une super-puissance en développement et ils se font le miroir de cette croissance. “Cette génération est plus aisée, plus urbaine et bien plus instruite que celles qui la précèdent,” déclare le Population Council, association à but non lucratif basée aux États-Unis qui travaille sur les problèmes de santé sexuelle et reproductive.
La jeunesse indienne montre de plus en plus de velléités de prendre ses propres décisions. BusinessWeek rapporte aussi [en anglais] que 76% des femmes célibataires en Inde revendiquent de pouvoir décider seules du bon moment pour faire un enfant. Pourtant, selon les chercheurs et des groupes tels que le Population Council, cette apparente confiance cache peut-être des blocages culturels plus profonds concernant la santé reproductive. “Ces jeunes gens se trouvent face à des risques majeurs liés à la santé sexuelle et reproductive et beaucoup d'entre eux manquent des connaissances et des capacités requises pour prendre des décisions conscientes concernant leurs vies sexuelles,” toujours selon Population Council.
Une carence d'informations
C'est ce déficit d'information qu'Ishita Chaudhry essaye de combler depuis qu'elle a fondé le Parlement des Jeunes en 2002, alors qu’elle n'avait que 17 ans. Ce groupe, reconnu au niveau international, aussi connu sous le nom de YP Foundation, conçoit et réalise des projets pour la jeunesse. La fondation finance des projets pour les 13 à 28 ans, dans les domaines socio-culturel, économique, juridique et environnemental. Parmi ces projets, on trouve des campagnes pour l'inscription sur les listes électorales, des programmes de tutorat pour les enfants des rues et la publication d'un magazine pour la jeunesse.
L'un des sujets privilégiés de la Fondation YP s'oriente très naturellement vers l'éducation et la santé sexuelles. L'épidémie de SIDA est tout particulièrement problématique pour la jeunesse mondiale, d'après le programme ONUSIDA. L'agence de l'ONU, basée à Genève, informe que dans le monde, 4 nouveaux cas de SIDA déclaré sur 10 touchent des personnes qui ont entre 12 et 24 ans. De plus (à l'instar des conclusions du Population Council, ci-dessus), cette tranche d'âge est mal informée sur cette maladie et sa transmission. Ce n'est pas tout puisque ces jeunes sont souvent “abandonnés à eux-mêmes” face à tous les aspects de la sexualité et de la reproduction, explique le Dr Robert Carr, Directeur associé du Conseil International des ONG de lutte contre le SIDA (ICASO).
Avec l'aide de la technologie
Internet est un moyen privilégié pour diffuser cette information. “Si vous vous intéressez aux problèmes liés à la sexualité et la reproduction,” déclare Ishita Chaudry, “et bien, il semble logique d'offrir aux jeunes un espace où ils pourront poursuivre les conversations , une fois les rencontres et les interactions avec une communauté terminées.” Pour la majorité des jeunes, cet espace existe grâce au Web, ce qui fonctionne bien parce que beaucoup de jeunes Indiens passent du temps sur Internet. Mais Internet est aussi un bon moyen de diffuser ces informations parce que les jeunes peuvent la lire à leur rythme et, s'ils le souhaitent, de façon anonyme. Dans cette vidéo, Ishita Sharma and Ishita Chaudry présentent le travail réalisé sur le Web par la Fondation YP .
“Project 19″
Internet est sans aucun doute un bon outil d'organisation, mais la Fondation YP Foundation réussit en créant des rencontres dans le monde réel. L'une des initiatives principales de l'organisation, “Project 19″, forme des jeunes de New Delhi à devenir des “facilitateurs communautaires” (des relais) pour organiser des discussions et des ateliers sur des thèmes trop souvent confidentiels comme les rapports homme/femme, la sexualité, la reproduction et le VIH-SIDA.
Dans un billet paru sur le blog de la Fondation YP, Ishita Chaudry présente quelques unes des raisons pour lesquelles cette initiative a vu le jour:
Pour quelle raison, dans notre société, sommes-nous si effrayés à l'évocation d'une éducation à la sexualité de manière coordonnée? Qu'est-ce-qui nous retient de diffuser une information complète plutôt que parcellaire, alors qu'elle est essentielle et peut sauver des vies ? Une information aboutie peut les protéger des maladies, les rendre plus solides grâce à l'information, leur apprendre à respecter leurs propres besoins et désirs et finalement à respecter aussi les droits des autres personnes.
…Cela fait trop longtemps que nous sommes dans des silences bizarres et ce sont trop de générations qui ont grandi sans avoir la chance de partager leurs pensées, leurs craintes, leurs idées et leurs questions.
Outre le Project 19, la Fondation YP organise (avec beaucoup d'autres associations) le Festival annuel Project 19, qui rassemble 600 jeunes, parmi lesquels des jeunes considérés comme appartenant à des groupes à risque, ou marginalisés, et la jeunesse urbaine venue de l'Inde entière à Delhi. Ces jeunes, qui peuvent être tout autant des chauffeurs de camions que des travailleurs du sexe, sont réunis pour parler de leurs intérêts et de questions allant des droits civiques à la sexualité et à la reproduction.
Comme l'explique le journal indien Daily Indian :
En utilisant des vecteurs d'informations variés comme l'art, la musique, le théâtre et la danse, le festival offrira une plateforme aux jeunes femmes et aux jeunes hommes, ainsi qu'aux groupes les plus vulnérables, afin qu'ils partagent leurs opinions sur leurs expériences dans divers domaines et qu'ils résolvent ensemble certains problèmes.