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Australie : La burka agite aussi l'Australie multiculturelle

Catégories: Australie, Droit, Ethnicité et racisme, Femmes et genre, Médias citoyens, Religion

Depuis que la France a proposé une loi sur l'interdiction de la burka dans les lieux publics, le sujet trouble aussi la blogosphère australienne. Un animateur d'une radio australienne, ancien policier, s'est attiré des critiques récemment pour avoir exprimé son opposition à la burka dans les lieux public en Australie.

Michael Smith argumente que les employés de banques et les vendeurs de magasins sont inquiets de possibles utilisations de la burka par des criminels. Il a aussi dit que les jeunes enfants étaient effrayés en croisant des femmes portant la “burqa intégrale”, comparant leur effroi à celui “des enfants qui pleurent et qui ont la peur de leur vie quand ils voient le Père Noël”. Un interview à la radio de Michael Smith est disponible sur le site Michael Smith rencontre la presse [1].

Quand le projet français de loi sur l'interdiction de la burka a été proposé, à la mi-2009, la journaliste de Camberra Virginia Haussegger s'est exprimée dans ce sens aussi sur son blog, au nom de l'égalité des sexes :

En se dissimulant sous la burka, la femme renonce à son droit de s'exprimer en tant que femme. Elle accepte de supprimer sa propre sexualité.

Il n'y a pas de place ici pour la burka. Les Australiens doivent manifester pour faire interdire la burka.
Voir le billet : Interdisez la Burka [2]

Anna Gree traite sur le blog The Punch de “droits humains, de justice sociale et…de l'état du monde”. Elle a une conception radicalement opposée des droits des femmes :

Quoi que vous pensiez du voile islamique, une chose est sûre : criminaliser les femmes qui portent la burka ou le niqab ne fera que les rendre encore plus invisibles.

…Cette préoccupation très sélective pour les droits des femmes est seulement une manière pour les gens de justifier leur nationalisme raciste et c'est une posture que l'on retrouve à tous les échelons de la société, dans la population générale, dans les médias, dans le gouvernement.

Anna conclut avec ironie :

Imposer aux gens une façon de s'habiller pour s'opposer à une autre façon imposée de s'habiller est complètement inefficace, mais comme je l'ai souligné plus haut, ce n'est pas la véritable raison pour laquelle on parle de ces lois, pas vrai ?
L'interdiction de la burqua a à voir avec nos peurs, pas avec leur oppression [3]

Les positions de Michael Smith sont contestées sur le site de Andrew Landeryou, VexNews :

Le débat que Smith a lancé fait peur car diffamer des personnes pour des motifs religieux ou pour des coutumes religieuses qui ne font de mal à personne peut devenir une pente glissante.

… la complexité de la chose est que certaines musulmanes – comme dans d'autres religions d'ailleurs – couvrent leurs cheveux par tradition religieuse. Je ne vois pas qui à part les bigots peut avoir un problème avec ça.

Espérons que la question légitime de la sécurité dans les banques ou d'autres lieux qui peuvent être la cible d'attaques ou de cambriolages ne sera pas confondue avec les intentions politiques de ceux qui veulent diffamer une des grandes religions du monde.
AFFAIRE NTERDICTION BURKA BANQUE : Un animateur de radio dit non aux visages voilés dans les banques mais parle-t-il aux racistes ? [4]

Dans un article plus long sur Online Opinion, Sadanand Dhume, auteur du livre My Friend the Fanatic [5]: Travels with an Indonesian Islamist (Mon ami le fanatique : voyages avec un islamiste indonésien), remet à leur place les deux camps sur cette question sensible. Il conclut par des mots positifs pour le débat qui a lieu en France sur le même sujet :

Finalement, et même si le côté agressif de la laïcité à la française peut être critiqué tout à la fois par les musulmans et les libéraux, le vécu de ce pays contient des leçons utiles pour le reste du monde.

La France n'a pas subi d'attentats terroristes majeurs depuis une vague d'attentats des années 90 liés à la guerre civile en Algérie. Et dans un rapport de 2006 de l'Institut Pew sur les opinions des musulmans, la France  était la seule nation d'Europe ou presque la moitié des musulmans (interrogés) se considéraient comme citoyens de leur pays avant de revendiquer leur appartenance à une religion. (En Allemagne, Grande-Bretagne, et en Espagne, une immense majorité se réclamaient d'abord de l'islam.) A la fin, c'est ce fait, plus que tout autre facteur, qui guidera la politique française sur ce sujet sensible.
L'interdiction française de la burka : un clash culturel dévoilé [6]

Heureusement, les ‘bigots’ ne sont pas suivis par les principaux partis politiques australiens. Mais une certaine agitation s'est faite sentir récemment, quand Tony Abbott, leader de l'opposition au niveau fédéral, a abordé la question des droits des minorités et du multiculturalisme :

Les immigrés seraient mieux acceptés si les dirigeants des communautés minoritaires encourageaient les leurs à adopter des valeurs du plus grand nombre et à respecter les lois, a-t-il dit.

”Le minimum indispensable que nous exigeons est l'obéissance aux lois,” a déclaré M. Abbott. ”Le soutien de la population aux immigrés et l'acceptation de la diversité seraient plus faciles à obtenir si plus de représentants de communautés étaient prêts à prouver qu'ils accordent aux valeurs communes australiennes le respect qu'il exige pour les leurs.”
Obéissez au moins aux lois, dit Abbott aux immigrés [7]