Népal : Katmandou ville morte durant une manifestation des monarchistes

Grève au Népal. Photo de Nepaliaashish sur Flickr. Utilisée sous licence Creative Commons License

[Les liens sont en anglais] Des monarchistes népalais, qui demandent le rétablissement de la monarchie constitutionnelle, ainsi que le retour à la religion d'état hindouiste ont fait de la capitale une ville morte durant une journée de manifestation. Les rues de Katmandou, d'ordinaire une ville bourdonnante d'environ un million d'habitants, était déserte lundi 22 février, et de nombreux commerces et écoles avaient fermé. Le blog en népalais Mysansar propose des photos des artères principales de la ville ce jour là.

La manifestation, appelée par le parti monarchiste Rashtriya Prajatantra Party (RPP) et menée par l'ancien ministre de l'intérieur Kamal Thapa, pose une fois de plus la question :  “Y a-t-il un futur pour la monarchie au Népal ?”

Après presque trois siècles de monarchie, le Népal s'est proclamé république après un accord de paix entre le gouvernement et les rebelles maoïstes. Le roi Gynandra était assez impopulaire quand il a été détrôné en 2008 ; mais le succès relatif de la manifestation appelée par le parti RPP, et l'accueil réservé au roi durant une fête religieuse, récemment, indique que certains sont prêts à donner une seconde chance au roi.

Un blog tenu par un groupe de journalistes, United we blog for democratic Nepal (Unis, nous bloguons pour un Népal démocratique), a couvert cette fête religieuse :

“Beaucoup d'anciens royalistes et des citoyens curieux s'étaient massés sur les bords de la route pour essayer d'apercevoir l'ancien monarque. Certains ont applaudi quand le roi est passé devant eux. Un groupe a chanté bhajan pour souhaiter la bienvenue au  Shah (roi). D'autres ont crié le slogan  Raja Aaau Desh Bachau “Viens notre roi et sauve le pays” Le même slogan qu'entonnent les royalistes convaincus. Le roi Gyanendra a essayé de prendre un bain de foule. Parfois, il secouait la tête, agitait la main et saluait les anciens avec les paumes des mains jointes, selon Kantipur. Une femme, qui se tenait au bord de la rue, s'est plainte : “Hajur…il n'y a pas de paix dans ce pays.” Le roi Gyanendra, qui est resté une heure et demie à  Panauti avant de repartir vers la capitale, a juste dit, “J'aimerais qu'il y ait de la justice et que personne n'ait de problèmes.”

Des monarchistes s'activent en faisant le tour de la presse internationale pour essayer d'incliner l'opinion en leur faveur. Dirgha Raj Prasai, ancien député, dans une tribune sur le Sri Lanka Guardian, affirme que les maoïstes et les différents partis politiques sont en train de détruire le Népal et que seule la monarchie peut le sauver.

Le statut actuel d'état laïc du Népal est également en débat. Prasai, dans l'article déjà cité, appelant à la restaurant de la monarchie népalaise, aborde le sujet de la religion et prédit qu'un état laïc détruira l'identité unique du Népal, mélange de traditions bouddhistes et hindouistes.

Le blogueur Maila Baje se demande si le Népal peut discrètement abandonner son statut actuel de république laïque :

“….Il n'était pas politiquement correct de défendre l'hindouisme, car cela impliquait que l'on soutenait la monarchie discréditée. Les maoïstes, disait le discours officiel, devaient être à tous prix intégrés. (Les rebelles, pour leur part, ont reconnu depuis longtemps que des fonds affluaient de l'étranger pour rétablir le caractère religieux de l'état.)

Presque quatre ans après ce simulacre de paix, il est devenu à la mode de briser le silence. Le Népal républicain pourrait être plus apte à ancrer son identité unique en tant qu'état hindouiste, finalement. Le Président Ram Baran Yadav et le dirigeant des maoïstes Pushpa Kamal Dahalsont sont supposés avoir admis que la sécularisation de l'état a été une erreur. Il est vrai qu'ils ont admis cela durant un entretien privé avec le clergé hindou. Mais cela a poussé le premier ministre, Madame Sujata Koirala, à abonder dan ce sens. Elle veut un référendum pour déterminer si le Népal devrait revenir à l'hindouisme comme religion d'état.”

Le succès relatif de la manifestation du RPP à Katmandou, une ville largement libérale, est sans nul doute un indice que presque deux ans après la proclamation d'une république laïque, une partie de la société n'est toujours pas satisfaite ou convaincue par le changement. Il reste aux dirigeants et aux citoyens de décider comment faire face à cette insatisfaction.

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