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République Dominicaine : Les personnages colorés du carnaval

Catégories: Amérique latine, République Dominicaine, Arts et Culture

Le mois de février est très important en République Dominicaine. Non seulement le pays célèbre son indépendance [1] [en anglais] le 27 février, mais ont également lieu les festivités du Carnaval et le début du carême qui tombent généralement pendant cette période. Deux événements complètement différents, et une simultanéité que l'église catholique conteste. Depuis des années, elle exige que ces deux célébrations soient bien séparées. La convergence des ces événements montre les deux visages de la population, très catholique mais qui aime également faire la fête. La blogueuse Rossy Diaz explique que ce sujet refait surface à la même époque chaque année [2][en espagnol comme tous les liens, sauf mention contraire] :

Es ya conocida la campaña puntual de la comisión asesora permanente para la separación del carnaval de las fechas patrias y la cuaresma, en relación a la conveniencia de movilizar las celebraciones del carnaval(…) Nuestro carnaval, históricamente, se ha crecido con las muestras de patriotismo, con cada expresión viva de nuestra sociedad, con la fe, y seguirá creciendo en esencia, ante las penas y las alegrías de este Caribe que nos une.

Cette campagne constante de la Commission consultative permanente pour la séparation de la fête nationale d'avec le carnaval et le carême, et une date mobile pour la célébration du carnaval, est bien connue (…). Notre carnaval, traditionnellement, s'est développé en englobant des témoignages de notre patriotisme, toutes les expressions vivantes de notre société et de notre foi, et il continuera de grandir, avec les joies et les chagrins des Caraïbes qui nous unissent.

Jonathan, lecteur du blog En Segundos [3], pense que les dates devraient être distinctes :

Bien sûr que c'est fou… CARNAVAL signifie le festival de la CHAIR, et le Carême est l'abstinence de tout ce qui “charnel”, avant tout au sens spirituel, mais bien sûr… (la République Dominicaine) est l'île des contradictions !!!

Le carnaval dominicain est une tradition vieille de plusieurs siècles remontant à l'époque coloniale. Les premiers récits qui en font mention datent de 1520. Mélange de culture européenne et africaine, le résultat est une variété de personnages qui comprennent les Cojuelos (diables) de La Vega [4], les Papeluses de Cotuí [5], les petits cochons de Santiago [6], le Macaraos of Salcedo, les Guloyas de San Pedro de Macorís [7], la Robalagallina [8], le Califé [9], et d'autres personnages de l'imagerie populaire.

Cojuelos Devils. Photo by kptyson and used under a Creative Commons license. [10]

Les diables “Cojuelos”. Photo de kptyson utilisée sous licence Créative commons

Des académies de carnaval, des parades et des voyages à l'intérieur du pays font partie des festivités du carnaval. En province, le carnaval de La Vega est certainement le carnaval le plus connu à l'international, avec sa loterie des “vejigazos” (coups) distribués par les diables Cojuelos. Selon la tradition, les diables déguisés portent des petits sacs en peau d'animal et donnent des “vejigazos” (coups) aux passants. La douleur qu'ils occasionnent et l'esprit du carnaval de La Vega sont décrits par la blogueuse Yaniris López [11] :

Un sonido seco seguido de un dolor intenso que hace que te hierva la sangre se escucha cerquita. La rabia se apodera de ti. Un segundo golpe te deja sin fuerzas, seguido de una palabrota amortiguada por el dolor, un dolor tan fuerte que te priva, es decir, no te deja siquiera reaccionar, correr, pedir auxilio…

Y a medida que la sangre y los músculos asimilan el golpe llega la risa, una risa rencorosa que te recuerda que nadie te obligó a lanzarte a las calles y exponerte a los vejigazos de los diablos del carnaval de La Vega…

Un bruit sourd, suivi par une douleur intense qui vous chauffe le sang. La colère s'empare de vous. Un deuxième coup vous laisse sans force, suivi par un juron étouffé à cause de la douleur, une douleur si forte qu'elle vous handicape, c'est-à-dire, qu'elle vous empêche de réagir, de courir, de demander de l'aide…

Alors que le sang et les muscles absorbent la douleur, vient le rire, un rire malveillant qui vous rappelle que personne ne vous a forcé à aller dans la rue et à vous exposer aux “coups” des diables du carnaval de La Vega.

Les festivités du carnaval se terminent par une grande parade qui se déroule début mars le long du Malecón [12]à Saint Domingue avec la participation de presque tous les personnages. La parade a généralement lieu au rythme de Baila la Calle [13], chanson immortalisée par le compositeur Luis Días, décédé à la fin de l'année 2009 [14], et à qui le carnaval de cette année est dédié.
En contraste frappant avec l'atmosphère festive du carnaval, une fois les festivités terminées, commence la période du carême qui se termine avec la célébration de Pâques. Après les traditionnels rites catholiques, méditation, abstinence de viande, procession du bucher du Samedi Saint [15](durant lequel une effigie de Judas est brûlée) [en anglais], Pâques est devenu un prétexte en République dominicaine pour prendre des mini-vacances. Pendant le week-end pascal, les stations balnéaires dominicaines sont remplies de Dominicains qui cherchent à oublier la routine. Même si l'église s'en plaint, les hôteliers s'en réjouissent.