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Chili : Les communautés Mapuche affectées par le tremblement de terre

Catégories: Amérique latine, Chili, Catastrophe naturelle/attentat, Droits humains, Médias citoyens, Peuples indigènes

A la suite du violent séisme qui a frappé le Chili le 27 février [1] [en anglais], les médias et le gouvernement ont été fortement critiqués pour leur manque de couverture et de soutien en faveur des petites communautés les plus proches de l'épicentre. L'une d'elles est le peuple indigène Mapuche [2], dont le territoire se situe dans le Chili central et méridional.

Mapuche celebrating the Mapuche new year, We Tripantü. Photo uploaded by flickr user _p_ and used under a Creative Commons license [3]      

Les Mapuche fêtent leur Nouvel An, We Tripantü. Photo de l'utilisateur flickr  _p_  utilisé sous licence Creative Commons

Le blog [4]Kilapan [4][en espagnol comme tous ceux cités ici] a publié une déclaration de Miguel Cheuqueman qui fait le bilan du séisme :

El terremoto que asoló el territorio chileno ha afectado más gravemente a los pueblos mapuches cuyos territorios se ubican en tres de las cuatro regiones del sur de este país. Cientos de muertos y desaparecidos, desabastecimiento total, caminos y comunicaciones cortados, son parte del drama que viven nuestros hermanos lafkenches.

Le tremblement de terre qui a dévasté le territoire chilien a affecté plus gravement le peuple Mapuche, dont les territoires sont localisés dans trois des quatre régions du sud du pays. Des centaines de morts et de disparus, une absence totale de ravitaillement, des routes et des communications coupées, font partie du drame que vivent nos frères lefkenches (une communauté Mapuche).

Pedro Vasquez a produit la vidéo [5] ci-dessous, qui montre la destruction dans la localité de Tirúa dans la province d’Arauco, [6] région de Bío Bío.

Sur le blog Nativos del Sur [7] (Autochtones du Sud), Reynaldo Mariqueo écrit sur l'absence de couverture médiatique obtenue par les communautés Mapuche, et il défend le droit des Mapuches à demander l'aide internationale.

Si observamos a la TV Chilena y los medios de comunicación en general, parecieran concertarse en dar cuenta de la situación que afecta a las regiones urbanas de Concepción al norte, pero se han olvidado de los pueblos ubicados al sur de Concepción, que como sabemos han sufrido un impacto similar de destrucción. Asimismo, la situación caótica que enfrentan las comunidades rurales mapuche, como siempre, parecieran haber sido totalmente olvidadas. En consecuencia, opino que es perfectamente razonable que las organizaciones y comunidades mapuches hagan un llamado conjunto y urgente solicitando ayuda humanitaria internacional y la presencia de organizaciones no-gubernamentales, que están abocadas a ayudar a las víctimas de catástrofe o desastres naturales.

Si nous examinons la TV chilienne et les média en général, il semblent se concerter pour rendre compte de la situation qui affecte les régions urbaines depuis Concepción vers le nord, mais ils ont oublié les agglomérations situées au sud de Concepción, dont nous savons qu'elles ont souffert un impact similaire de destruction. De même, la situation chaotique qu'affrontent les communautés rurales mapuches, comme toujours, paraissent avoir été totalement oubliées. En conséquence, je pense qu'il est parfaitement raisonnable que les organisations et communautés mapuches lancent un appel conjoint et urgent à l'aide humanitaire internationale et à la présence des ONG, qui sont vouées à l'aide aux victimes de catastrophes ou de désastres naturels.

Les utilisateurs de Twitter ont été prompts à pointer le manque d'attention accordée par les médias aux Mapuche. Au lendemain du séisme, le 28 février, l'utilisateur Twitter Danny Micin Carvallo (@dmicin) [8] écrivait :

hasta ahora no he visto ni una noticia acerca de comunidades mapuches y el terremoto

jusqu'à présent je n'ai pas vu la moindre information sur les communautés mapuches et le séisme

Le 8 mars, plus d'une semaine plus tard, Nicolás Herrera (@nicolas91) [9] se référait à la journaliste Soledad Onetto pour lui demander dans un tweet :

@SoledadOnetto porque no se a mostrado en la prensa como quedo el pueblo mapuche con el terremoto ?

@SoledadOnetto pourquoi la presse n'a-t-elle pas montré comment vont les Mapuches après le tremblement de terre ?

D'autres utilisateurs de Twitter ont exprimé leur inquiétude pour les Mapuches, en re-twittant des articles de blogs et sites web centrés sur les Mapuches qui demandaient à d'autres utilisateurs Twitter des informations sur la communauté mapuche. Le 5 mars, Conchu Arellano [10] (@conchu) demandait si quelqu'un savait comment s'en sortaient les Mapuches après le séisme. Par ailleurs, Samuel Bascur Molina a utilisé son compte Twitter @sambascur  [11]) pour faire connaître les besoins de 180 lits, matelas et couverture pour une communauté mapuche démunie.

Les média ne sont pas les seuls à essuyer les critiques pour avoir ignoré les Mapuches à la suite du tremblement de terre, le gouvernement a lui aussi été condamné au même motif par de nombreux blogueurs et twitteurs. Une équipe de communicants Mapuches du blog Comunidad Autónoma Temucuicui [12] – qui est centré sur la communauté mapuche demeurant dans la commune d'Ercilla, région d'Araucanía – a dénoncé l'inaction des autorités comme un signe de racisme et de discrimination :

Como una abierta y clara muestra de discriminación y racismo han reflejado las Autoridades del Estado Chileno, producto a la nula preocupación por las graves situaciones provocada por el Terremoto en comunidades Mapuche de Ercilla

Al parecer para las diferentes Autoridades de Gobierno de este Estado Chileno, el fuerte Terremotos azotó y devasto solamente a las grandes ciudades de este país […]

Después del fuerte sismo ocurrido en la madrugada del día, este dejo graves daños estructurales en las viviendas, poso de suministro de agua derrumbado, el río que atraviesa la comunidad completamente contaminado producto del movimiento de la tierra no pudiendo ser utilizado para el consumo humano.

Les autorités d'Etat chiliennes ont ouvertement et clairement fait montre de discrimination et de racisme, au vu de la préoccupation nulle pour les situations graves provoquées par le tremblement de terre dans les communautés mapuche d'Ercilla […]

Apparemment pour les différentes autorités exécutives dudit Etat chilien, le puissant séisme n'a frappé et dévasté que les grandes villes du pays […]

Le violent séisme qui s'est produit au petit matin a laissé de graves dommages structurels aux habitations, a provoqué l'effondrement du puits qui fournit l'eau, et la rivière qui traverse la commune est complètement contaminée à la suite du déplacement de terrain, la rendant impropre à la consommation humaine.

Réagissant à la destruction et à l'absence de soutien des médias et de l'administration, les Mapuches ont lancé un appel à l'aide internationale. L'agence de presse MapuExpress [13] a publié un communiqué d'un collectif d'associations du nom de La Sociedad Civil (La Société Civile) détaillant les mesures qu'elles prendront en vue d'assurer que les Mapuches reçoivent l'aide indispensable. Le texte commence par présenter le groupe d'assistance et décrire la situation :

Ante la situación que vive nuestro país tras el terremoto, informamos que diversas redes de ONGs, organizaciones sociales, federaciones de estudiantes, medios de comunicación comunitarios y organizaciones internacionales se han articulado y se encuentran movilizadas para seguir trabajando en conjunto con las comunidades afectadas y recoger sus necesidades de urgencia inmediata así como las de reconstrucción de sus localidades.

Las comunidades sufren en este desastre las consecuencias acumuladas de la desigualdad y la pobreza, de la privatización de los servicios básicos, de la desprotección social y los procesos de individualización y mercantilización, de la centralización política y administrativa, de la falta de probidad de un sector empresarial irresponsable y sin fiscalización suficiente por parte del Estado, de la falta de medios de comunicación comunitarios y alternativos y por lo tanto de la vulnerabilidad del actual modelo de desarrollo.

Devant la situation vécue par notre pays après le séisme, nous informons que divers réseaux d'ONG, d'organisations sociales, fédérations d'étudiants, médias communautaires et organisations internationales se sont coordonnés et se mobilisent pour continuer à travailler ensemble avec les communautés affectées pour répondre à leurs nécessités d'urgence immédiate et aider à la reconstruction de leurs localités.

Les communautés souffrent dans cette catastrophe des conséquences accumulées de l'inégalité et de la pauvreté, de la privatisation des services de base, de l'absence de protection sociale, et des processus d'individualisation et de marchandisation, de la centralisation politique et administrative, du manque d'honnêteté d'un entreprenariat irresponsable et sans fiscalisation suffisante de la part de l'Etat, du manque de moyens d'information communautaires et alternatifs, dont résulte la vulnérabilité du modèle de développement actuel.

La déclaration se termine sur la conclusion optimiste qu'une nouvelle politique pourrait aider les Mapuches, mais avec aussi un avertissement que cette catastrophe pourrait aggraver encore le problème aigu des inégalités au Chili :

Este desastre natural puede permitir el comienzo de un proceso de reconstrucción participativo e incluyente, basado en nuevas políticas públicas, que garanticen estándares de de seguridad y derechos, incluso en casos catastróficos como los que enfrentamos en esta situación. Pero también puede ser un momento en que se agudice la profunda desigualdad e inequidad de Chile, que se ha mostrado con toda su brutalidad en esta coyuntura.

Cette catastrophe naturelle peut permettre le commencement d'un processus de reconstruction participative et exhaustive, basé sur une nouvelle politique publique garantissant les standards de sécurité et de droit, même en cas de catastrophes comme celle que nous affrontons en ce moment. Mais elle peut aussi bien être un moment où s'approfondira la profonde inégalité et inéquité du Chili, qui s'est manifestée dans toute sa brutalité en cette conjoncture.