Sur un certain nombre de sites officiels du gouvernement chilien, dont celui du Gouvernement chilien [tous les liens sont en espagnol, sauf mention contraire] ou celui des photos de la Présidence, on ne trouve plus aucun document antérieur au 12 mars. Les informations concernant le gouvernement précédent ne sont plus disponibles. Par exemple, les archives photographiques des gouvernements de Michelle Bachelet et Ricardo Lagos [liens en français] n'apparaissent plus. La date coïncide avec le lendemain de la prise de fonction du nouveau président Sebastián Piñera.
Un débat s'en est suivi sur la blogosphère sur les raisons et la signification de ces suppressions. Les officiels du nouveau gouvernement ont-ils simplement mis à jour les informations ou ont-ils supprimé intentionnellement toute référence aux gouvernements précédents ? Le gouvernement de M. Piñera marque un tournant dans la politique chilienne, car il s'agit du premier gouvernement de droite depuis 20 ans, depuis le retour du pays à la démocratie. Face à cela, certains blogueurs considèrent que les informations auraient dû rester en ligne car elles ont été financées par le peuple chilien et donc lui appartiennent.
Pablo Bello (@pablobello) a tweeté:
Nueva administración elimina archivos de fotos de Bachelet y Lagos – así se instala la derecha
Le blogueur Javier Sajuria avait cru qu'une collaboration bipartite et unitaire pourrait exister, lorsque Mme Bachelet avait invité le président fraîchement élu, M. Piñera, à participer au Sommet des Amériques. Or, cet espoir a été déçu par le retrait de ces fichiers. Il écrit que c'est une occasion manquée de commencer le mandat dans l'unité et la loyauté et que “l'histoire ne commence pas le 11 mars” :
Al sacar esos registros de los sitios, no sólo están haciendo un proceso de limpieza de información, sino que nos están notificando que no están a la altura de las circunstancias. El Gobierno nos está diciendo en la cara que no le importa el legado de las administraciones anteriores y que, en lo que a ellos respecta, Chile comienza el 11 de marzo de 2010.
[…]
Existe la esperanza que esto siga tratándose de un error, pero cada vez son menos. Para el resto de nosotros, sólo nos sirve continuar exigiendo una solución de este tema que, por menor que parezca en estos días atormentados, no será menor el día de mañana, cuando queramos reconstruir nuestra historia. Son estos pequeños actos los que nos hablan de las actitudes del nuevo Gobierno, de la prepotencia con que realizan ciertas acciones y de sus inesperadas consecuencias.
[…]
On peut espérer qu'il s'agit d'une erreur, mais il y a de moins en moins d'espoir. Pour nous autres, il ne reste plus qu'à continuer à demander de résoudre ce problème. Même si cela peut paraître dérisoire en ces temps difficiles, [si on ne le fait pas aujourd'hui], cela sera plus compliqué lorsque nous souhaiterons rebâtir notre histoire. Ce sont ces détails qui révèlent la personnalité du nouveau gouvernement, dont cette arrogance qu'ils affichent dans leurs actes aux conséquences inattendues.
Javier Sajuria propose comme solution de céder les documents numérique à la Direction des Bibliothèques, des Archives et des Musées (Dibam), ce qui leur permettra d'archiver ces informations. Ainsi le public pourra accéder aux documents si nécessaire.
Le blogueur Luis Ramirez considère lui aussi que ce nettoyage n'est ni une coïncidence ni un excès de zèle, mais plutôt une programme politique :
Me consta que esta desaparición forzada de la historia no fue un “error técnico”. Hablé con dos personas (una del nuevo gobierno y otra del antiguo) que me confirmaron que efectivamente esta situación se produjo.
[…]
No es un tema de racionalidad, es un tema de ser respetuosos y empáticos con esa parte de la nación que no votó por ellos y que son, ni más ni menos, que casi el 50% de la población.
[…]
Para decirlo con toda claridad: una política de eliminación sistemática de la memoria histórica de los anteriores gobiernos, no es compatible con la unidad nacional. No pueden pretender borrarnos.
[…]
Ce n'est pas un problème de rationalité, mais de manque de respect et de sympathie à l'égard d'une partie de la nation qui n'a pas voté pour eux, qui représente ni plus ni moins 50% de la population.
[…]
Pour être clair : une politique de suppression systématique de la mémoire historique des gouvernements précédents n'est pas compatible avec l'unité nationale. Vous ne pouvez pas essayer de nous effacer.
Montserrat Nicholás du blog Curvas Políticas exprime son opinion sur la situation, en parlant d'un “autodafé de sites internet” :
Así, Piñera (seguramente sin quererlo) inauguró lo que antes solo se conocía como “quema de libros”, y que hoy hemos querido llamar “quema-webs”.
Además de demostrar una falta de buenos modales y de no entender la Presidencia misma como un espacio continuo dentro de la tradición republicana, lo quema-web es altamente nocivo para el acceso a la información y la estampa de la Historia del país.
Entendemos que se quiera exhibir una fuerza resolutiva y se quiera disipar cualquier relación con el gobierno anterior pero borrar contenidos que son creados con fondos públicos (por muy insignificantes que sean) y emitidos desde la Presidencia, no es más que borrar la Historia misma y obstruir el acceso, deliberadamente.
On comprend que vous souhaitez afficher votre détermination et effacer tout lien avec le précédent gouvernement, mais supprimer du contenu créé avec des fonds publics (même s'ils sont insignifiants), provenant du budget présidentiel, n'est rien d'autre que la volonté de détruire l'histoire elle-même et d'en interdire l'accès.
Pour sa part, Patagon dans son commentaire estime que l'information a pu tout simplement être déplacée, et que les gens perdent leur sang-froid :
no sea paranóico e infórmele a su amiga que el sitio del “Gobierno de Chile” es para mostrar eso, información referente al gobierno de chile no de “Los Gobiernos de Chile”. Y evidentemente ese sitio no es el lugar idóneo para preservar nuestra historia. Yo me imagino que la administración saliente se encargó de poner la información histórica donde corresponde.
[…]
los gobiernos son quienes administran el estado en un periodo determinado de tiempo, por lo tanto es natural que la Web de un gobierno mantenga solo la información que éste estima importante y en este sentido, eliminar contenidos podría en el peor de los casos ser un error, pero de ninguna manera debiera significar algún tipo de censura.
Les gouvernements sont ceux qui administrent l'état pour une période déterminée et il est normal que le site dont le gouvernement s'occupe ne contienne que des informations qu'il considère importantes. C'est pourquoi enlever du contenu est au pire une erreur, mais en aucun cas cela signifie qu'il s'agit d'une forme de censure.
D'autres commentateurs comme Felipe Zuñiga indique que les nouveaux gouvernements d'autres pays, comme les États-Unis, n'ont pas non plus laissé à leur arrivée au pouvoir les informations des précédents gouvernements sur les nouveaux sites Internet.
Que la disparition de ces contenus soit délibérée, ou une erreur, ou qu'ils aient été déplacés ailleurs, les changements sur le site Internet ont provoqué des remous au cœur d'une période de transition historique pour la politique chilienne.