Une vidéo diffusée par le programme télévisé péruvien Reporte Semanal provoque un buzz parmi les blogueurs de ce pays : elle montre un alpaga [en français] répondant au nom de Pisco, faisant apparemment du surf, guidé par son dresseur Domingo Pianezzi, lui-même surfeur. Des photos de l'animal sur une planche de surf sont publiées dans un billet [en anglais] sur le blog de l'agence Reuters. La prouesse est particulièrement inédite car l'alpaga est un animal andin de l'Amérique du Sud, de la famille des camélidés, dont l'épaisse toison est nécessaire pour supporter les basses températures de la Cordillère des Andes. Même s'il est fait état de la présence d'alpagas dans les zones humides côtières avant l'arrivée des Espagnols, il est difficile d'imaginer ces animaux en osmose avec l'océan et des températures estivales élevées.
Ceux qui ont vu la vidéo ont l'impression que l'alpaga n'est pas à l'aise sur la planche de surf, qu'il est terrorisé au point de sauter dans l'eau. Ce n'est pas le cas d'autres animaux qui « pratiquent le surf », comme les chiens qui semblent davantage y prendre plaisir. Jugez-en par vous-même en regardant la vidéo [en espagnol].
Pour beaucoup de Péruviens, de prime abord, un alpaga faisant du surf est objet de fierté et digne d'éloges, comme en témoignent les commentaires des lecteurs sur l'article paru dans le journal El Comercio [en espagnol]. Mais de nombreux commentaires s'opposent aussi à cette pratique et accusent le surfeur de maltraitance envers les animaux. Le même journal a publié un autre article dans lequel des activistes pour les droits des animaux expriment leur inquiétude pour l'alpaga [en espagnol], car l'animal est hors de son milieu naturel et en contact avec de l'eau salée.
Le dresseur de l'alpaga assure qu'il prend des précautions, comme mettre des bouchons d'oreilles et rincer l'animal à l'eau douce après le surf. Mais pour beaucoup, ces mesures ne semblent pas suffisantes. Dans les blogs, des voix s'élèvent contre cette pratique sportive. Par exemple, Roger Torres Pando écrit sur son blog Perú Antitaurino [en espagnol] :
Il convient de noter que ce sportif, moniteur de surf pour enfants, enfreint la Loi n° 27265, Loi pour la Protection des animaux de compagnie et des animaux sauvages gardés en captivité, ainsi que l'Article 450-A du Code Civil. Alors, quel exemple montre-t-il aux générations futures en ne respectant pas les animaux et la nature ? Ses parents ne lui ont-ils pas enseigné les valeurs humaines avant de lui apprendre à monter sur une planche de surf ? Nous demandons dès maintenant au Département de la Flore et de la Faune et à la Police de l'environnement de sauver l'innocent alpaga des griffes de cet « athlète » égoïste.
Le blogueur RBC exprime également son désaccord sur son blog De Todo un Poco…y que Dios nos Coja Confesados [en espagnol] et pose la question : Quel est le plus animal des deux ?
A l'inverse d'un labrador retriever, un alpaga NE PLONGE pas dans la mer pour nager, il suffit de regarder ses pattes pliées à l'avant de la planche de surf parce qu'il a peur de la mer. Domingo Pianezzi dit pourtant que son animal de compagnie « s'est accoutumé à l'eau »…. Mais bien sûr. Il serait intéressant de voir ce moniteur de surf complètement à poil sur les sommets de la Cordillère des Andes.
Sur Tecnologia [en espagnol], le blogueur écrit :
On se demande ce que le personnage principal de cette histoire peut ressentir. Tout ce qu'on peut dire c'est qu'il est là, couché sur la planche de surf (comme les débutants), et tout ce qu'il arrive à faire c'est tomber de la planche dans les vagues.
Un autre blogueur fait part de ses réflexions sur le blog Interiorismo de Verdad [en espagnol] :
(concernant le chien « surfeur ») Je crois que nous devons encourager et enseigner l'amitié entre les êtres humains et les animaux et je crois que le dresseur de San Bartolo, Domingo Pianezzi, a développé une grande amitié avec son animal de compagnie, il l'emmène à la plage avec lui et lui a appris à monter sur une planche de surf, ce qui prouve une complicité impressionnante… mais voilà qu'on apprend que l'alpaga Pisco est son nouvel élève. Je pense qu'il fait ça uniquement pour se faire de la pub parce que ça ne me paraît pas normal qu'un animal venant d'un milieu différent des régions côtières doive s'habituer à la mer, et la toison qu'il a sur le dos, c'est pour éviter la chaleur de la côte, j'imagine ?
Sur Facebook, deux groupes se sont formés, Pisco the Surfing Alpaca, qui s'avère être en faveur de cette pratique, et Alpaga surfeur ? Je dirais plutôt maltraitance d'animaux [en espagnol]. Le second article du journal El Comercio cité plus haut contient un sondage intitulé « Êtes-vous pour ou contre l'alpaga surfeur ? ». A l'heure où nous écrivons, le résultat est de 43 % pour et 57 % contre.
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