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Chili : Après le séisme, les plans de reconstruction

Catégories: Amérique latine, Chili, Action humanitaire, Catastrophe naturelle/attentat, Développement, Economie et entreprises, Médias citoyens, Politique

Dans son appel à l’ “unité nationale” lancé sur la place centrale de Concepcion le 27 mars, un mois jour pour jour après le séisme dévastateur qui a frappé le Chili [1], le Président Sebastián Piñera [2] a annoncé le “Plan Manos a la Obra” (Plan “Mettons nous au travail”) [3] [en espagnol, comme les liens suivants], un programme du gouvernement chilien pour reconstruire les infrastructures et les logements du pays. Deux jours plus tard, le 29 mars, M. Piñera annonçait également un plan pour verser une allocation de 1.882 €  à chacune des 195.950 familles destinataires.

Vidéo de l'utilisateur YouTube EVRDIPUTADO44 [4], filmée sur la place centrale de Concepción le 27 mars 2010.

Il a expliqué à Concepcion que les dispositions nécessaires pour reconstruire les ponts, routes, ports et aéroports étaient déjà en train d'être prises. Il a aussi annoncé que des postes sanitaires d'urgence allaient corriger à partir d'avril les déficiences du système de soins, et que des ferries et ponts provisoires sur le fleuve Bio-Bío [5] permettront le transport des gros chargements de matériaux et de fournitures vers San Pedro de la Paz et Talcahuano. Enfin, le Président a insisté sur un fonds spécial qui distribuera 8 milliards de pesos chiliens (11,284 millions d'euros) sous forme de bons d'achat donnés à plus de 200.000 familles pour les fournir en matériaux de construction.

Julio Segovia, un lecteur de l'article du journal La Nación [6] informant de cette annonce, a critiqué le fonds spécial pour le logement :

¿8 mil millones de pesos que serán distribuido entre más de 200 mil familias? O sea, $40 mil por familia, ¿con eso van a reconstruir sus casas?. Parece que Piñera no está dando “el ancho ni el largo” como Presidente.

8 milliards de pesos [chiliens] seront distribués à plus de 200.000 familles ? C'est-à-dire, 40.000 pesos (environ 56 €) par famille.] C'est avec ça qu'elles sont supposées reconstruire leurs maisons ? Piñera semble ne pas donner “toute la mesure” en tant que Président.

L'utilisatrice de Twitter Viviana Meneses (@vivipazz) réagit [7] à l'annonce présidentielle et approuve les déclarations du Sénateur Camilo Escalona du Parti Socialiste, qui avait déclaré précédemment que le Président n'avait pas vraiment de plan structuré :

Me carga Escalona, pero sus dichos son ciertos. Piñera no cuenta con un plan de reconstrucción efectivo. Ideas sueltas no sirven.

Escalona me déplaît, mais ses dires sont vrais. Piñera n'a pas de plan efficace de reconstruction. Les idées vagues ne servent à rien.

Cependant, d'autres Chiliens appuient l'appel du gouvernement à l'unité et ont incité les leaders de l'opposition à faire de même. Manuel Blanco (@manuelblancoc), a “tweeté” ce qui suit [8] à Guido Girardi, un éminent opposant à la tête du Parti pour la Démocratie :

@guidogirardi [9] Ojalá que todos, al igual que Guido, “estén” con el Pdte. Piñera en el proceso de Reconstrucción, sin polítiquería pequeña

@guidogirardi [9] Si seulement tout le monde, comme Guido, “était” avec le Président Piñera dans le processus de reconstruction, sans mesquinerie politique

Girls playing on a "mediagua" (emergency housing unit) in a displaced persons camp in Lipimávida, Vichuquén, Maule Region. Photo taken by Rodrigo Alvarez and used under a Creative Commons license. [10]     

Des fillettes jouent sur une “mediagua” (logement provisoire) dans un camp de personnes déplacées à Lipimávida, Vichuquén, région de Maule. Photo  Rodrigo Alvarez  utilisée sous licence Creative Commons.

Les programmes de reconstruction ont suscité un grand nombre de débats au Chili dès avant les annonces de M. Piñera. Un des thèmes de discussion sur les organes de médias sociaux est la question de savoir qui va reconstruire et comment seront sélectionnées les personnes ou entreprises pour faire le travail.

Dans un billet pour Revista La Página [11] intitulé “Reconstruction du Chili : tout le monde n'est pas perdant dans le séisme,” [12] l'étudiante en journalisme Martina Orrego exprime sa préoccupation au sujet des contrats qui seront attribués dans les appels d'offre publics :

Una cosa sí debería estar clara para todos: mucha gente perdió todo lo que tenía, incluso a seres queridos, pero sólo unos pocos comenzarán a ganar con este desastre.El negocio para quienes serán los encargados de poner a Chile de pie es enorme. Los 30 mil millones en contratos de reconstrucción (o tal vez calza mejor “construcción” sencillamente) es plata que a alguien se le debe pagar […] Pero vivimos en Chile, donde sólo algunos “califican” y tienen los “méritos” necesarios para ganarse este tipo de concursos públicos.

Une chose devrait être claire pour tout le monde : beaucoup de gens ont perdu tout ce qu'ils avaient, y compris leurs proches, mais seul un petit nombre va commencer à s'enrichir de cette catastrophe. Le marché est énorme pour ceux qui seront chargés de remettre le Chili sur pied. Les 30 milliards de pesos [42,3 millions d'euros] de contrats de reconstruction (il vaut peut-être mieux dire “construction”) sont de l'argent qui devra être payé à quelqu'un […] Mais nous vivons au Chili, où seuls quelques-uns “se qualifient” et ont les “mérites” nécessaires pour remporter ce type de concours publics.

Et de rappeler plusieurs scandales de corruption au Chili pour mettre en garde ses concitoyens de ce qui pourrait s'ensuivre.

Pero hagamos algo de historia para entender lo que podría venir. Cuántos casos de irregularidades en la adjudicación de licitaciones hemos escuchado este último tiempo. Transantiago y sus deficiencias […] y como dejar pasar el escandaloso caso Mirage donde se compraron aviones por más de 100 millones de dólares, los que resultaron ser defectuosos y sólo habrían sido adquiridos debido a que altos mandos de la Fuerza Aérea, e incluso dos ministros de Defensa, fueron receptores de “comisiones”. Esto es el ejemplo de lo que NO queremos que pase, pero que podría pasar, cuando se habla de adquisición de implementación para una nación.

Remontons un peu l'histoire pour comprendre ce qui pourrait venir. Nous avons entendu parler dernièrement de tant de cas d'irrégularités dans l'adjudication des appels d'offres. Transantiago et ses déficiences [13] […] et comment passer sur la scandaleuse affaire des Mirage [14], dans laquelle des avions qui se sont révélés défectueux ont été achetés pour 100 millions de dollars et n'auraient été acquis que parce que des officiers de haut rang des Forces Aériennes, et même deux ministres de la Défense, ont été destinataires de “commissions.” Ceci est un exemple de ce que nous NE VOULONS PAS qu'il arrive, mais qui pourrait arriver quand on parle d'acquisitions publiques pour un pay.

Une autre question soulevée par les programmes de reconstruction est la décentralisation du Chili. Le blogueur Pablo Monje, dans un billet intitulé “Reconstruction au Chili : une opportunité pour la décentralisation?” [15] laisse entendre que la reconstruction du Chili sera très difficile dans le système centralisé actuel, qui porte une part de responsabilité dans la lenteur, à ses yeux, de la réaction aux urgences apparaissant dans les régions :

Aprender de este fracaso exige avanzar a un Estado que se conforme por comunidades, regionales y locales, autónomas en sus formas de gobierno con respecto al gobierno central. Solo así se podrá enfrentar una nueva emergencia y el actual proceso de reconstrucción, ya que las comunidades contarán recursos y competencias institucionales propias, pudiendo responder con mayor velocidad a este tipo de crisis.

Tirer les leçons de ce fiasco exige qu'on progresse vers un Etat qui accepte les collectivités régionales et locales, autonomes dans leurs formes de gouvernement dans le respect du gouvernement central. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons affronter une nouvelle urgence et le processus actuel de reconstruction, parce que les collectivités auront leurs propres ressources et compétences institutionnelles, leur permettant de répondre avec plus de rapidité à ce type de crise.