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Liban : Arabnet discute de l'avenir de l'Internet arabe… en anglais

Catégories: Egypte, Liban, Maroc, Syrie, Economie et entreprises, Idées, Langues, Médias citoyens, Technologie
ArabNet    

Photo Courtesy of Roobee

Arabnet 2010 [1] est une conférence technologique qui s'est tenue à Beyrouth les 25 et 26 mars [en anglais]. C'est la première conférence internationale de l'industrie arabe de l'internet, qui a réuni des décideurs venant du Moyen-Orient, d'Europe et de la Silicon Valley pour discuter des tendances de pointe et des opportunités naissantes. Si bon nombre des participants l'ont considérée comme une réussite, une objection d'importance a fait couler beaucoup d'encre et de salive pendant des jours après la clôture de l'événement. Problème : si la conférence était consacrée, a priori, au web arabe, elle a adopté pour langue officielle l'anglais, et son site internet, les débats et les présentations étaient tous en anglais.

Bent Masreya [2] [en arabe], une des blogueuses officielles de la conférence, a eu ces commentaires sur son blog :

لماذا يتحدث المؤتمر بالإنجليزية رغم أن المؤتمر عن الإنترنت في العالم العربي؟ […] يبدو أنه سؤال حير الكثيرين من الذين رددوه على تويتر، البعض اعتبره إهانة للغة العربية، أو تقليل من قيمتها، والبعض اعتبره تعبيرا عن عجز الكثيرين من المتحدثين العرب عن التحدث بعربية سليمة.
Pourquoi la conférence parle-t-elle anglais alors qu'elle porte sur l'internet dans le monde arabe ? […] cela semble une question qui a laissé perplexe tous ceux qui la retransmettaient sur Twitter. Les uns ont ressenti cela comme une insulte à la langue arabe, ou un manque de considération pour sa valeur, et les autres comme un étalage de l'incapacité de beaucoup d'Arabes à parler correctement leur langue.

Le contributeur à Global Voices Online Alloush  [3][en arabe] est intervenu pour exprimer sa déception et sa surprise :

بداية المؤتمر تحدث عن الفجوة بين الشرق و الغرب وأنه هنا ليحقق خطوة ما لسدّ هذه الفجوة، طبعاً لا أدري كيف نردم الفجوة في ظل عدم ايمان القائمين على المؤتمر وهم نخبة المبدعين العرب، وهم غير مؤمنين بلغتهم
Pour commencer, la conférence a parlé du fossé entre Orient et Occident, en disant que son objectif était de faire un premier pas pour le réduire. J'ignore certainement comment nous pouvons réduire ce fossé si les organisateurs de la conférence, qui se trouvent être la crème des esprits créatifs arabes, n'ont pas foi en leur langue maternelle.

Le blog Not Green Data défend la décision [4] d'utiliser l'anglais :

L'anglais est de facto la langue des affaires de nos jours, et si on veut vraiment attirer “Y Combinator”, “Reid Hoffman”, “Benchmark Capital” et leurs pareils, il faut faire le marketing de sa startup en anglais.

Nombreux ont été ceux qui sont allés de leurs commentaires sur le blog : certains, comme Ziad Nasser ont mis l'accent sur la réussite [5], tandis que d'autres tels Arabinator ont continué dans la critique des défauts d'Arabnet et listé des dizaines de tweets  [6][en arabe] de gens partageant les mêmes frustrations.

Mohamad Sahli va au-delà de la seule critique à la conférence pour son utilisation de l'anglais ou son ignorance des pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Libye, Maroc et Mauritanie) et annonce ses propres projets  [7][en arabe]:

حتى لا يبدو كلامي مجرد اعتراضات جوفاء دون توفير البديل، أقول: منذ فترة وأنا أرغب بتنظيم مؤتمر مثل Le Web، في المغرب، حول الويب العربي. الآن قررت أن يكون ذلك شهر يناير 2011. لا أملك أي خبرة، لا كاريزما ولا دفتر عناوين مليء بهواتف التنفيذين الكبار في الشركات العالمية. لكني سأفعلها
Pour que mes paroles ne sonnent pas comme des critiques creuses n'apportant aucune alternative, voilà ce que je dis : pendant un moment j'ai voulu organiser une conférence comme “Le Web” au Maroc sur le web arabe. A ce jour j'ai décidé que ce sera en janvier 2011. Je n'ai ni expérience, ni charisme, ni carnet d'adresses rempli de numéros de téléphones de hauts dirigeants de multinationales, mais je vais le faire.

En dépit de la polémique sur ArabNet 2010, beaucoup attendent avec impatience ArabNet 2011 avec l'espoir qu'elle apporte de nouvelles innovations dans la Toile arabophone et réussisse à surmonter les difficultés qui ont entravé sa première édition.