- Global Voices en Français - https://fr.globalvoices.org -

Qatar : Les expatriés protestent contre la nouvelle politique de visas

Catégories: Amérique du Nord, Belgique, Canada, Emirats arabes unis, Espagne, Etats-Unis, France, Hong Kong (Chine), Qatar, Droit, Economie et entreprises, Gouvernance, Politique, Relations internationales, Voyages

A partir du 1er mai, les visiteurs en provenance de dizaines de pays devront avoir obtenu leur visa avant leur départ pour le Qatar car ils ne pourront plus obtenir de visas à leur arrivée à l’aéroport.  (Photo de Jamie Sanford).

Les rumeurs vont bon train depuis la parution d'un article dans la presse locale selon lequel le Qatar [1] [en français] a prévu d’abandonner sa politique de délivrance de ‘visa à l’arrivée’ pour les ressortissants de dizaines de pays.

Selon le journal en anglais GulfTimes [2] [en anglais, comme les liens suivants], le changement, qui sera effectif à compter du 1er mai, obligera les ressortissants de 33 pays d’Europe et occidentaux et d’Asie à contacter l’ambassade du Qatar dans leur pays afin d’obtenir un visa avant leur départ.

Les ambassades de France, du Royaume Uni [3] et des États-Unis ont confirmé que leurs ressortissants étaient parmi ceux affectés par le changement ; les représentants officiels d’autres pays ont fait savoir qu’ils étaient en train de se renseigner.

Sur Twitter, la nouvelle a été accueillie avec consternation par beaucoup de résidents de Doha, la capitale.

Certains blogueurs y disent qu’ils soupçonnent ce changement d’être motivé par le principe de ‘réciprocité’. Ce serait donc un ‘prêté pour un rendu’ pour les pays qui demandent au ressortissants qataris d’obtenir un visa avant leur arrivée.

Marjorie au Qatar [4]a écrit :

Cela fait partie du nouveau truc de « réciprocité » du Qatar.  Il y a quelques mois, ils ont adopté un système de réciprocité pour les permis de conduire : les permis américains ne peuvent plus être automatiquement convertis en permis qataris parce que les USA ne convertissent pas automatiquement les permis qataris.

D’autres considèrent que c’est un moyen pour le Qatar de renforcer la sécurité à ses frontières suite à l’assassinat de Mahmoud al-Mabhouh, le leader du Hamas, en janvier dernier.  Les meurtriers présumés sont soupçonnés d’avoir été en possession de faux passeports européens et britannique [5]s.  Dubaï accuse le Mossad, une des agences nationales de services de renseignements d’Israël, de cet assassinat.

Sur Twitter, ibnkafka [6]demande :

A relier au meurtre de Dubaï par le Mossad ?

Sur le forum en ligne Qatar Living, très apprécié, où un billet [7] sur ce changement de politique a généré plus de 100 commentaires, Bleu a écrit :

Sérieusement, il se peut que ce soit une mesure temporaire après ce qui s’est passé à Dubaï… Cela peut être dû à n’importe quoi…

Genesis ajoute :

Je suis d’accord avec Bleu, ce doit être une mesure de sécurité nationale.  Il est vrai que le Qatar est fréquemment visité par des représentants officiels de l’Irak, de la Syrie et aussi du Hamas.

Canarybird émet une théorie sur les retombées économiques du changement :

Je ne crois pas qu’il s’agisse là d’un problème en rapport avec le nombre d’expatriés qui vivent et travaillent au Qatar, mais cela va avoir des conséquences sur l’économie toute entière.  Beaucoup d’épouses d’expatriés n’ont que des visas de touriste, elles sortent du pays pour pouvoir obtenir un nouveau visa de courte durée à leur retour.  De même pour les personnes qui sont en voyage d’affaires de quelques jours.  Cela va certainement faire un manque à gagner dans le business juteux des visas.

Quelle que soit la raison, la plupart des blogueurs sont d’accord : des paperasse supplémentaires à faire pour pouvoir visiter le Qatar et l’absence d’ambassade du Qatar dans beaucoup de pays risquent de nuire aux efforts du pays pour relancer le tourisme.

Sur le forum Qatar Livingfubar a fait ce commentaire :

A l’Office National du Tourisme, ils doivent être super contents de la nouvelle !  Si vous étiez une société multinationale devant organiser une conférence pour des milliers de délégués de pays occidentaux, au pouvoir d’achat élevé – comme récemment la conférence CITES, ou une conférence des Nations Unies du même genre – viendriez-vous au Qatar, où presque tout le monde se verrait obligé de faire une demande de visa avant de venir, ou iriez-vous à Dubaï ?

D’autres font savoir qu’ils trouvent que le changement rend le système plus juste.

UkEngQatar dit :

Les ressortissants du Qatar doivent avoir obtenu un visa avant de se rendre en Grande-Bretagne.  Alors, si c’est vraiment le cas, ce que le Qatar vient de faire est juste.  Nous, les Britanniques, et aussi les ressortissants des autres pays européens et des USA,  nous n’aurons qu’à nous y faire.

Ace.auteur dit :

C’est normal !  L’obtention d’un visa pour le Royaume Uni ou les USA est un vrai cauchemar pour beaucoup.  Pourquoi faudrait-il que ce soit facile pour les « 33 » [pays] ?  De toutes façons, ce sera quand même beaucoup plus facile que les procédures d’usage au Royaume-Uni ou aux USA.  L’adoption de ce principe de réciprocité n’est pas seulement juste, c’est aussi la meilleure chose à faire.

Toujours est-il que ceux qui vivent loin de leur famille et de leurs amis s’inquiètent que le changement ne rende les choses encore plus difficiles pour rester en contact.

Mandilulur dit :

Je connais une demi-douzaine de Britanniques basés au Qatar qui travaillent pour des sociétés internationales, ici dans le Golfe, avec un visa ‘Affaires’.  Leur femme se rend à Bahreïn tous les mois pour obtenir un nouveau visa.  Évidemment maintenant, ça ne marchera plus.  Ces gens s’en iront.  Est-ce qu’on veut vraiment voir partir cette catégorie d’expatriés ?  Les expatriés qui sont très brillants trouveront un job n’importe où !…  Parfois, je me sens comme un homard plongé dans une marmite : quand viendra le jour où les inconvénients apportés par les décisions de ce genre seront plus lourds dans la balance que mon amour pour le Qatar ?  En tous cas, je peux vous dire une chose : cela va certainement avoir des conséquences sur ce que je raconte aux professionnels qui pensent venir à Doha.