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Vénézuela : Le théâtre de quartier s'attaque aux réalités urbaines

Catégories: Amérique latine, Venezuela, Arts et Culture, Education, Jeunesse

Nuevo Circo Artístico [1] [en espagnol] est le projet d'un groupe de Vénézueliens qui utilisent un blog pour faire connaitre leurs activités, dédiées à l'exploration de l'art, à la création et à l'identité.  Selon leur propre description, c'est un forum pour débattre d'idées, échanger des opinions, définir des concepts comme la culture, l'art, la politique et la communication.  Au travers d'activités théâtrales avec les enfants et les habitants des quartiers d'une certaine partie de la ville de Caracas – des lieux imprégnés d'histoire, de changements et de la flamme de la violence urbaine – le groupe cherche de nouveaux moyens pour réconcilier les dimensions toujours grandissantes de la diversité au Vénézuela.

Nuevo Circo Artístico

Une partie de leur travail peut être écoutée sur des podcasts [2][en espagnol], et certains entretiens (comme celui de la vidéo ci-dessous, un entretien diffusé à la radio et sur YouTube) expliquent quels sont les buts de Nuevo Circo Artístico et quels sont les outils qu'ils utilisent.

Dans la vidéo, le groupe explique que le projet est né des besoins de Caracas.  Selon les responsables du projet, la culture y est un enfant sans père. Les artistes, les musiciens, les acteurs et les autres personnes impliquées dans les arts ne sont pas pris en compte, ni même soutenus par le public.  Ils ont vu tellement d'artistes obligés de financer leur propres projets avec un ‘vrai’ travail que la plupart des projets de quartier basés sur l'art n'aboutissent jamais complètement.

L'endroit où leur projet a commencé est très particulier car il s'agit d'une arène [3] [en espagnol], construite en 1916.  C'était l'un des lieux de loisirs les plus importants de la ville. Cependant, petit à petit, l'endroit s'est retrouvé désaffecté, ce qui a conduit à la détérioration de la structure des lieux. L'un des buts principaux est ainsi de ‘récupérer’ certains endroits, pris dans les griffes de la violence urbaine de Caracas.  Les espoirs ont grandi avec les initiatives entreprises dans les quartiers et les possibilités nées de la collaboration et de la ‘reconstruction’ de la ville, pour faire des bidonvilles une part importante de la ville.

Comme le théâtre est l'une des activités de base du groupe, beaucoup de textes sont dédiés à l'exploration de l'importance de l'art et de la culture.  Ils promeuvent l'étude des auteurs nationaux [4] [en espagnol] et de leur image, ainsi que des approches nouvelles, et ils soutiennent ces idées par des textes et des discussions autour de la quête nationale d'une identité qui lui serait propre. Le billet suivant [5][en espagnol] est un bon exemple de ces idées :

Independientemente de que nuestro teatro en su mayoría tenga marcadas raíces europeas en su sentido formal, es vital de cara al futuro que nuestro mestizaje, y que las culturas aplastadas por los conquistadores, como la negra y la indígena encuentren expresión en el teatro venezolano y sobretodo en el teatro realizado por los cultores populares. ¡Qué importa que la forma sea europea! Lo que interesa es que en principio el contenido, el fondo, tenga nuestra voz, que se cuele algo de nuestros barrios Niño Jesús, las Lomas de Urdaneta, 23 de Enero, aunque estemos montando La Farsa de Maese Pathelin, nuestras raíces pobres estarán presentes, lo ideal es que sea algo consciente y que se reconozca con orgullo.

Indépendamment du fait que notre théâtre a de profondes racines européennes dans sa forme d'expression , il est vital que, dans le futur, notre métissage et les cultures qui ont été détruites par la conquête espagnole – comme les cultures africaines et celles des ethnicités locales – puissent trouver une forme d'expression dans le théâtre vénézuelien, principalement au travers de nos propres auteurs populaires.  Cela n'a pas d'importance si dans la forme le théâtre est encore européen !  Ce qui est important c'est que le contenu, le fond, soit notre porte-parole ; que l'on puisse entendre nos quartiers (Niño Jesús, las Lomas de Urdaneta, 23 de Enero).  Même si l'on joue ‘la farce du Maître Pierre Pathelin [6]‘, nos racines de pauvres gens seront là.  L'idéal serait que ce soit une activité faite consciemment, qui pourrait être reconnue avec fierté.

Cependant les efforts pour faire de certains quartiers des lieux plus sûrs sont très difficiles, étant donné l'état d'insécurité qui règne dans la ville.  Le groupe continue à jouer des pièces de théâtre, donner des concerts, et organiser des activités et des ateliers pour les enfants, mais la violence urbaine continue, comme l'a démontré cette année la mort d'un étudiant lors d'une représentation. Sur leur profil Facebook [7][en espagnol], le groupe discute et se demande si les activités qu'ils développent sont soutenues par le public, ou s'ils doivent mendier du soutien.

Segunda muerte que ocurre en el lugar, el primero fue un policia que resguardaba el sitio, que pasa con los impostores que usurparon el proyecto original, se han propuesto a mal poner al gobierno revolucionario?

C'est le second meurtre dans cet endroit.  Le premier était celui d'un policier qui s'occupait du lieu.  Qu'est-ce qui se passe avec les imposteurs qui ont usurpé le projet original ?  Essaient-ils de donner une mauvaise image au gouvernement [vénézuelien] de la révolution ?

Les habitants des quartiers de Caracas et les criminels sont entrés dans un rapport de forces inégal pour la domination de leurs territoires dans la ville, sachant que seuls les plus forts resteront.  La vraie question, dérangeante, est : qui seront les plus forts ?  Qui seront ceux qui restent ?  Les deux camps se désignent.  L'arène est elle aussi devenue un enjeu politique. Depuis que Caracas est l'une des villes les plus dangereuses en Amérique Latine, beaucoup de quartiers se débattent avec ce même problème et ses ramifications : inégalités, gouvernance, éducation et divisions au sein de la société.