Alors que les Chemises Rouges continuent à manifester pour forcer la démission du Premier Ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva, le gouvernement fait aussi tout de son côté pour affaiblir le mouvement, allant jusqu'à utiliser ses pouvoirs d'urgence pour bloquer les chaînes de télévision, les radios communautaires et les sites internet qui diffusent des informations “subversives” [les liens sont en anglais].
Il y a plus de 16 millions d'internautes en Thaïlande et les forces pro- comme anti-gouvernementales envoient leur propagande dans le cyberespace pour influencer l'opinion des Thaïs en ligne.
Pour prévenir une victoire des Chemises Rouges dans la cyber-guerre, le Vice-Premier Ministre Suthep Thaugsuban a autorisé le blocage de 36 sites internet au début de ce mois. Mais les défenseurs de la liberté de la presse ont rapporté que des milliers de sites étaient déjà inaccessibles. Ils affirment que leur nombre atteint déjà les 65.000. CJ Hinke indique :
Le 9 avril, au troisième jour de la loi martiale, le CRES [NdT : Centre pour la Résolution de la situation d'urgence] du vice-premier ministre a autorisé le ministère des TIC [NdT : Technologies de l'information et de la communication]
à bloquer de nouveaux sites internet et Twitter au cas où ils se montreraient ‘provocateurs’ en incitant à la désunion. Il a indiqué que 9 à 10.000 sites internet de plus (les articles de presse varient) avaient été rendus inaccessibles depuis le début des rassemblement de Rouges en mars et qu'une liste de 700 sites supplémentaires suivrait. A l'évidence, cette liste avait été préparée de longue date pour profiter de ce que des mandats judiciaires n'étaient pas nécessaires.Quoi qu'il en soit, ces nouveaux chiffres officiels portent à près de 65.000 le nombre total de sites internet bloqués en Thaïlande.
NNT mettait en ligne le 10 avril dernier un laconique communiqué du Ministère des Technologies de l'information et de la communication
Le Ministère des Technologies de l'Information et de la Communication restreint désormais strictement tout contenu internet diffamatoire susceptible de causer une menace sérieuse pour la sécurité nationale afin de prévenir toute division supplémentaire dans la société.
Pendant ce temps, les internautes ont été avertis de faire bon usage d'internet, ou à des fins correctes, et de s'abstenir de disséminer des informations pouvant créer des malentendus ou être à l'origine d'actions violentes dans la population. De même, tous les sites populaires et réseaux sociaux comme facebook, twitter, hi5 et myspace seront sous surveillance intégrale.
Les contrevenants feront l'objet de poursuites sans compromis.
Le lendemain, le Ministère indiquait être en mesure de détecter chaque jour 300 sites internet instigateurs de violence
Le Ministère des Technologies de l'Information et de la Communication (MICT) a détecté quotidiennement plus de 300 sites internet contenant des opinions politiques radicales poussant à des actions violentes dans la population.
Le MICT a exhorté à la coopération de la population pour dénoncer les contenus internet diffamatoires via la hotline 1212 ou à les transmettre directement par courriel à 1212@mict.mail.go.th.
Le Centre pour la Résolution de la Situation d'Urgence recommande la fermeture de 190 sites “dangereux” de plus
Le Centre pour la Résolution de la Situation d'Urgence a ordonné au MICT de fermer 190 sites internet, dont plus de 60% seraient politiquement séditieux. Depuis le début de la contestation par les chemises rouges, le MICT a ordonné en moyenne le blocage d'environ 500 URL par jour.
7 ou 8 URLs du site de YouTube où étaient postés des clips séditieux ont reçu un ordre de retrait
L'Association des Journalistes Thaïs et l'Association de la Télévision câblée thaïlandaise ont publié la déclaration suivante en réaction aux actions de censure de l'Etat
Un tel blocus de l'information a affecté de façon absolue le droit des personnes à la libre information. Les personnes affectées par le blocus de l'information pourraient sortir manifester en plus grand nombre et faire se compliquer la situation, conduisant à la violence.
Un groupe d'anciens sénateurs de Thaïlande a formulé cette demande
Faire cesser toute l'obstruction des flux d'information publique et des actualités présentées dans la presse écrite, la radio et les télévisions, les télécommunications, l'Internet et les autres médias de toute sorte, afin de rendre au peuple ses droits constitutionnels à l'information et à l'expression.
FACT – – Freedom Against Censorship Thailand demande si le gouvernement s'est assuré un ordre de justice avant de bloquer les sites “séditieux”
La nouvelle censure signifie que la Thaïlande bloque près de 65.000 sites internet. Nous avons donc quelques questions à poser au ministre des TIC. Pourquoi vos listes de sites bloqués ne sont-elle pas rendues publiques avec les motifs de chaque interdiction ? Avez-vous obtenu un ordre de justice pour bloquer ces plus de 10.000 sites internet comme l'exigeait la loi sur la criminalité informatique avant la loi martiale ? Pourquoi ne publiez-vous pas ces ordres de justice ?
A lire les tweets de Bangkok des dernières 24 heures, il apparaît que la censure est toujours imposée à de nombreux sites web, dont Facebook
naruta_noo_mu: L'URL demandé est inaccessible. URL = www.facebook.com/
Nok_Kasama: RT @bangkokpundit S'ils commencent à poser à Abhisit des questions insistantes, le gouvt va-t-il censurer la BBC ? (oui c'est une blague) // et ça me fait rire.
elgrodo: Est-ce qu'on devrait parler de la censure Internet ici comme de ‘la Grande Muraille de pneus [enflammés] de Thaïlande’
MyselFlesyM: Facebook inaccessible
bkkbase: Fantastique Thaïlande. On ne sait jamais quel sera le prochain message de site inaccessible.
VictorBurgundy: CNN semble interdit d'internet à BKK [l'aéroport international de Bangkok], il y a peut-être une bataille rangée entre l'UDD & et l'armée sur Vasapat soi
thaimythbuster: Reporters sans Frontières est aussi surpris par une décision de justice confirmant la censure de PTV par le gouvernement,
farangone: RT @pdouble0k: Springnews bloqué par le Gouv
MB2MB: RT @vaitor: un sondage récent sur la censure politique à l'université de bangkok : 68% de mécontents de la censure tv/internet mais seuls 27% lutteraient pour la liberté de parole
La Thaïlande fait partie des pays accusés de pratiquer la censure des média. Plusieurs journalistes et particuliers ont déjà été mis en examen et emprisonnée pour lèse-majesté.
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