Des recherches récentes ont ouvert le débat sur les crimes d'un prêtre mexicain, le révérend père Marcial Maciel [en français], fondateur de l'Ordre catholique romain de La Légion du Christ [en français], accusé d'abus sexuels sur les enfants dès le milieu des années 90 jusqu'à sa mort, en 2008. Malgré tous ses crimes, le prêtre était connu pour avoir bénéficié de la protection de proches du Pape Jean-Paul II et d'importantes personnalités des milieux économiques et politiques mexicains [en anglais], d'après une série d'articles du quotidien The New York Times.
Bien que le Père Maciel soit mort en 2008, ses victimes ont continué leur quête d'une reconnaissance publique de ses crimes et de justice. Sans la protection du Pape Jean Paul II, de nouveaux aspects des crimes du Père Maciel ont été découverts par les médias et ont permis d'avoir une meilleure connaissance de l'ampleur des torts causés par le prêtre. En mars 2010, deux fils naturels supposés du Père Maciel ont parlé à un journaliste [en espagnol] des sévices subis de leur père lorsqu'ils étaient des enfants, pendant 8 ans, avec des détails explicites.
[Les liens suivant sont en espagnol ou en anglais] Lorsque ces informations ont été connues, il avait déjà été rendu public que le Père Maciel avait une fille et que neuf autres accusations d'abus sexuels avaient été déposées contre lui par d'anciens séminaristes de la Légion. En mars, l'avocat du Père Maciel a révélé que le prêtre avait des passeports, des comptes en banque et des cartes de crédits sous trois noms différents et qu'il utilisait les activités de collecte de fonds de la Légion pour “acheter” des personnalités du Vatican et tisser des amitiés. Ces informations sont venues s'ajouter à ses relations avec les barons de la drogue et même au plagiat d'un ouvrage fondateur de la Légion El salterio de mis días (Le psautier de mes jours).
Ce n'est qu'aujourd'hui, en mai 2010, que la “double vie” du père Maciel a été publiquement reconnue par le Vatican, qui l'a qualifiée “d'immorale”.
Les crimes du prêtre mexicain ont été débattus largement sur les blogs sud-américains ces dernières années. Sur le blog Atrio, une discussion qui avait débuté en 2006 a repris après la condamnation de Maciel par le Pape Benoit XVI pour pédophilie. Emilio a publié un commentaire sur la sécurité des enfants en pension dans les séminaires :
quisiera recordar a los que somos familiares de Legionarios. Tenemos el derecho y queremos que la Iglesia nos garantice que no enviamos a un hijo, hermano… al seminario para ser violado por sinverguenzas. Si la investigación se cierra en falso, la perjudicada será la Iglesia misma, y la Legión misma. ¿Quién querrá ser sacerdote?
Dans un billet plus récent, le blogueur immorfo a dénoncé le manque de réactions des organisations religieuses lorsqu'il s'agit de victimes d'abus sexuels :
Si a los esquemas de retribución para las víctimas agregáramos también la disolución de aquellas organizaciones que, de forma comprobada, sirven de soporte para la ejecución de delitos que parten del abuso de la confianza de los líderes entonces estaríamos hablando de verdadera justicia y no sólo de cuensuelos efectistas.
Sur Twitter, Jose Pablo (@pouch15) ironise pour critiquer le choix des mots utilisés pour qualifier les responsables religieux, qui ne sont pas présentés comme des criminels :
Me encanta q los violadores son animales, degenerados, pero M Maciel y los curas pederastas son solo pecadores
Por supuesto, ningún Papa tiene super-poderes, a la manera de la visión de rayos X de Supermán, y por eso los engaños pueden suceder en cuanto a las opiniones de comportamientos morales, buenos o malos, de personas específicas. Y sin embargo, ya vemos cómo el tiempo es juez de mirada más profunda.
Sur le blog Mera Defensa de la Fe, tenu par Eleuterio Fernández Guzmán, s'est développée une discussion pour savoir si l'organisation des Légionnaires du Christ, que Michel Maciel a fondée en 1941, devait aussi être tenue responsable de ses crimes. L'auteur a répondu par un commentaire faisant la distinction entre les actes du père Maciel et ceux de son organisation :
Los legionarios de Cristo no son Marcial Macial. Eso, simplemente, no puede ser. De ser así, seguramente nada se salvaría de las instituciones creadas por el ser humano.
Cependant, la Légion a fait l'objet d'enquêtes pour ses relations avec le monde des affaires, de l'éducation et même de la politique : l'ordre existe dans plus de 20 pays et compte 70 000 membres, comme le journaliste mexicain Raymundo Riva Palacio le rappelle dans un éditorial de Eje Central.
Dans le même éditorial, le journaliste raconte comment lors d'une enquête réalisée sur le père Maciel pour la télévision dans les années 90, d'importants hommes d'affaires et même des politiques, voire des proches du président mexicain d'alors Ernesto Zedillo, ont essayé d'empêcher la diffusion du reportage en menaçant d'arrêter l'achat de toute publicité sur la chaine. Encore sur le même sujet, un récent article de suivi du New York Times a exposé les connexions de l'ordre de la Légion du Christ avec de grandes sociétés mexicaines et des dirigeants du monde des affaires, comme le groupeTelcel (de l'homme d'affaires et millionnaire Carlos Slim, qui apparaissait en public avec le Père Maciel), les entreprises Coparmex et Grupo Alfa, entre autres, qui ont tous aidé à couvrir les crimes du prêtre.
Ivonne a commenté l'éditorial de Riva Palacio avec ses souvenirs de journaliste, il y a dix ans :
Recuerdo mis días de reportera en REFORMA, donde (…) tocar el caso Maciel era como clavarles un dardo en el corszón. (…) Era, por desgracia, un acto ideológico revestido de ceguera fe católica. (…) Diez años después de aquel agravio personal (…), me doy por bien servida al atestiguar que han perdido todas sus batallas de pretendido dominio ideológico.