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Algérie : le gouvernement provisoire de Kabylie, une menace pour l’unité nationale ?

Catégories: Algérie, France, Ethnicité et racisme, Gouvernance, Histoire, Médias citoyens, Politique

L’annonce de la création d’un Gouvernement provisoire kabyle [1] (GPK),  le 1er juin dernier à Paris, par le chanteur kabyle Ferhat Mehenni, a suscité de vives polémiques en Algérie. Si certains considèrent que le GPK s’inscrit dans le cadre du combat pour l’autonomie de la Kabylie mené depuis neuf ans par le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), d’autres, par contre, qualifient le GPK de “menace pour l’unité territoriale de l’Algérie”.

Le blogueur Nado écrit [2] :

Ferhat Mehenni veut seulement provoquer un déclic sachant très bien que l’unité du pays est une constante et que le peuple algérien n’en est pas prêt à sacrifier.

Mohand partage ce sentiment et écrit dans la section des commentaires [3] :

Les Kabyles, s’ils voulaient avoir leur autonomie, l’auraient obtenue du temps de la colonisation ! C’est une dérision de vouloir aujourd’hui, après qu’ils aient payé un prix fort pour leur liberté et combattu pour revendiquer pour toute l'Algérie (…) de les faire cantonner dans les montagnes…

Sifax exprime, dans le même forum, un avis contraire :

Les jeunes kabyles sont très ravis d’avoir enfin une existence politique et sociale à part entière dans l’ordre mondial, portée courageusement et fièrement par le MAK et le GPK.

Makhlouf B, quant à lui, s’interroge sur la composition du GPK [4].

Nous constatons que tous les membres du GPK sont issus des connaissances personnelles de Ferhat Mehenni. Soit d’anciens camarades de parti, des transfuges, soit des militants du MAK (…) Un autre fait criard : tous les membres de l’équipe «gouvernementale» sont issus de l’émigration, aucune place n’ayant été laissée aux militants de ce mouvement activant en Kabylie, en Algérie.

Un blogueur, militant du MAK, dénonce sur Kabylie Autonomie le traitement réservé par la presse algérienne [5] à l’annonce de la création du GPK.  [5]

El Watan, le  journal des services (tout comme l'ensemble de la presse privée dite “indépendante”) a réservé un traitement des plus misérables à la proclamation du GPK. (…) Ce journal est allé même jusqu'à reprocher la proclamation du GPK à partir de Paris alors que les responsables du même journal s'y ont établis avec leur progéniture. En fait, El Watan n'a même pas rappelé qu'un mandat d'amener est lancé contre le vieil opposant Ferhat Mehenni.  

D'autres y voient une manœuvre dans un jeu d'ombres et de miroirs. Soupçonnant la main du pouvoir algérien dans la création du GPK, un journaliste écrit sur son site [6] :

Il semble que les laboratoires de la police politique préparent un nouveau scénario pour notre chère Kabylie après l’avoir clochardisée et fortement militarisée avec l’aide très précieuse de certains aventuriers politiques de la région.