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Argentine : Les enfants victimes de la dictature s'expriment dans le documentaire interactif français “Hijos”

Catégories: Amérique latine, Argentine, Action humanitaire, Droits humains, Jeunesse, Média et journalisme, Médias citoyens

Dans le cadre de leur neuvième projet, les Blogtrotters (un vidéo-blog collaboratif [1] français) sont allés en Argentine pour réaliser Hijos [2], un documentaire collectif sur les enfants disparus durant la dictature et essayer de retracer leurs origines jusqu'à leurs parents disparus eux aussi.

patchwork of black and white portraits of disappeared people [3]

Détenus disparus CC-BY Ha+

Sur le site Internet du projet [2], une vidéo d'accueil explique le but recherché à travers ce documentaire en ligne :

Tout au long du voyage vers l'Argentine, ils ont régulièrement documenté leur compte Twitter [4], page facebook [5], photos sur Flickr [6] et leurs chroniques  en vidéo sur le site [7]. Tandis qu'ils mènent leur enquête, prennent des photos et réalisent vidéos et interviews, ils reçoivent commentaires et suggestions en temps réel. Tout ceci génère des conversations qui déterminent ensuite l'orientation que prendra le documentaire.

Ainsi qu'ils l’expliquent sur leur site [2], l'interaction avec les internautes va développer leur projet et en élargir le thème :

Les internautes pourront influencer le processus éditorial. Ils pourront nous suggérer des personnes à voir, des lieux à visiter, ou nous poser des questions. A charge pour nous de hiérarchiser ces apports et d’intégrer cette participation sans nuire à la ligne éditoriale générale.

Les Blogtrotters sont en Argentine du 9 au 22 juin, et à ce jour de nombreuses vidéos ont été téléchargées sur leur site [7], qui propose l'option de la traduction automatique pour ceux qui ne lisent pas le français. L'une des vidéos [8] nous conduit au Parc du Souvenir en Argentine, où les noms de milliers de victimes suivis de leur âge au moment de leur enlèvement ou de leur assassinat sont inscrits sur les murs de pierre afin que leurs familles puissent leur rendre hommage. Au haut du mur, on peut lire cette inscription :  “Ces noms sont ceux des victimes du terrorisme d'état disparues et assassinées ainsi que de ceux qui sont morts alors qu'ils défendaient les mêmes idéaux de justice et d'égalité des droits”.

Les blogueurs ont aussi visité les bureaux d'une ONG scientifique qui s'est donnée pour mission d'identifier les restes humains qui ont été retrouvés, afin de rendre la paix intérieure aux familles qui ont attendu des décennies pour savoir où étaient leurs enfants et frères et sœurs disparus. A ce jour,  100 nouveaux-nés – sur les 500 disparus quand leurs parents ont été kidnappés -, ont retrouvé leurs familles. Voici leur interview en vidéo [9], en anglais cette fois-ci :

Dans cette autre interview déchirante [10], ils s'entretiennent avec Ana Maria Careaga, qui a été elle-même kidnappée alors qu'elle n'avait que 16 ans. Par la suite, elle a été relâchée, a quitté son pays et vit en exil. Sa mère, qui était membre du groupe des Mères de la Place de mai [11], est restée en Argentine et a été assassinée alors qu'elle sortait de la messe à l'église Santa Cruz.

Remerciements à Suzanne Lehn [12] pour ses traductions dans ce billet.