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Irak : qui sera le futur premier ministre ?

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Irak, Action humanitaire, Élections, Gouvernance, Médias citoyens, Politique

Cet article est paru sur Global Voices en anglais le 6 juin

[Les liens sont en anglais] Bien que les élections parlementaires irakiennes se soient tenues le 7 mars , les deux blocs sortis majoritaires du vote sont toujours incapable de se mettre d’accord sur un candidat unique à nommer au poste de Premier ministre. Le premier ministre actuel Nouri Al Maliki a affirmé qu’il y aurait eu des fraudes durant le processus électoral. Néanmoins, la commission électorale a fini par approuver les résultats, et confirmer que les allégations de Nouri Al Maliki étaient fausses.

Plus de deux mois après le scrutin parlementaire irakien, la commission électorale a dit avoir fini un recomptage partiel et n’avoir découvert aucun cas de fraude, remarque Iraqi Mojo [1] .

Iraqi Pundit a écrit au sujet du résultat officiel final [2], qui confirmait la victoire de la liste Iraqiya de Aat Allaoui. Il met également en évidence à quel point ces informations importantes ont été délaissées au profit d’autres événements tels que « qui contrôle les postes de contrôle de la Zone Verte » et «Le raid israélien sur la flottille humanitaire pour Gaza [3] » :

La cour suprême irakienne a approuvé les résultats de l’élection du 7 mars, qui décrète officiellement la liste Iraqiya d'Ayad Allaoui vainqueur. L’annonce est passée inaperçue. L’attention se porte plus sur les postes de contrôle de la Zone Verte, qui sont sous contrôle irakien actuellement. Et, bien sûr, les gens continuent de parler du raid israélien sur la flottille de la paix pour Gaza.

Iraqi Pundit continue en se demandant dans un autre billet [4] si une telle annonce implique que les blocs majoritaires vont se mettre d’accord sur un candidat, ou s’ils vont continuer à débattre encore pendant deux mois de plus :

Les politiques ont dit qu’ils allaient voter  dans les prochains jours. Nous avons déjà entendu ça auparavant, mais nous espérons qu’ils en ont réellement l’intention cette fois-ci. Nouri Al Maliki continue à dire qu’il ne descendra pas de son fauteuil de premier ministre. Il a l’air pathétique puisque la Haute Cour a approuvé les résultats de l’élection du 7 mars, déclarant Ayad Allaoui le candidat avec le plus grand nombre de sièges au parlement.

Il s'interroge également sur les accords et des alliances attendues qui pourraient se faire entre les différents partis du jeu politique irakien :

Maliki dit avoir formé une union avec l’INA, mais lui et l’alliance chiite doivent encore s’entendre sur la nomination du premier ministre. Et cela, bien entendu, parce que Maliki s’est dit être l’unique candidat. Allaoui s’est tenu très occupé en rencontrant les kurdes, Sistani, mais aussi le gang Sadr. Haider Al Mullah, un membre de la liste de Allaoui a déclaré aujourd’hui qu’ils allaient certainement nominer Adel Abdul Mahdi comme premier ministre. Si cette histoire est vraie, cela signifierait que Allaoui aura coupé l’herbe sous les pieds de Maliki. Bien sûr, c’est l’Irak, tout peut arriver.

Le blog Iraq and Gulf Analysis a décidé de se lancer dans un scénario de type “et si” [5], et envisage ce qui pourrait se passer si les deux blocs majoritaires ne se mettaient pas d’accord sur un unique candidat. Ils ont commencé avec une déclaration de Bahaa al-Aaraji, le politicien sadriste, sur cette impasse politique:

Les déclarations de Bahaa al-Aaraji, le politicien sadriste, sont particulièrement intéressantes. Il a dit récemment aux médias qu’au cas où les deux blocs politiques chiites, Alliance Nationale Irakienne (INA en anglais) et l’Etat de Loi (SLA en anglais), ne se mettaient pas d’accord sur un unique candidat, il y aurait un second tour entre plusieurs candidats par vote secret au parlement ! Mais en réalité, ce n’est que pure fantaisie de la part de Aaraji. Ou peut-être confond-il avec la procédure des élections présidentielles, qui est similaire à celle qu’il a décrit (excepté qu’il n’est pas nécessaire que le vote soit secret). Si INA ou SLA n’ont pas de candidat unique alors, par définition, ils sont incapable de fournir « le candidat du plus grand bloc » demandé par la constitution (au singulier !) et peu importe comment on interprète le concept de « plus grand bloc», Iraqiyya devrait être en charge de former le gouvernement puisqu’au moins eux, ils ont un candidat.

Ensuite, ils abordent une autre suggestion formulée par Izzat Shabandar de SLA :

Izzat Shabandar de SLA (un transfuge de la liste Iraqiyya) a suggéré que si l’INA et le SLA ne se mettent pas d’accord sur un candidat, alors, les autres blocs devront également s’impliquer dans la nomination du candidat au poste de premier ministre, en accord avec la décision de la Court Suprême Fédérale sur le sujet ! (En réalité, la Cour ne dit rien de tel). Une fois de plus, cela violerait la constitution, qui stipule clairement dans la procédure que le sujet doit être réglé entre le président et un candidat spécifique établi par le bloc le plus important.

Alors que Iraq and Gulf Analysis continue d’analyser les différentes possibilités, les journalistes de Inside Iraq ont décidé de descendre dans les rue et de voir les opinions des gens [6] concernant les élections :

Depuis la dernière élection parlementaire en mars, les Irakien attendent l’annonce de la formation du nouveau gouvernement. Après plus de trois mois d’attente, j’ai essayé de connaître l’opinion de mon peuple sur le sujet le plus important d’Irak. J’ai discuté avec plus de vingt personnes, dans plus de huit provinces. Ils ont tous répondu la même chose. J’ai choisit quatre témoignages uniquement. Pour des raisons de sécurité, je ne donne que les prénoms des personnes que je cite.

En réalité, je pense que parmi les quatre personnes citées, Hussein, chauffeur de taxi dans la province d’El-Basra, a été capable de résumer l’opinion de la plupart des Irakiens.

L’Irak ne s’améliorera jamais et nos vies seront jamais meilleures parce que les politiciens ne prennent soin que de leurs intérêts. Nous avons fait une grande erreur en participant à la dernière élection. Nos politiciens ne formeront pas de gouvernement, même pas dans les deux prochains mois, parce qu’ils sont toujours en train de négocier les parts revenant à chaque parti, comme si l’Irak était leur héritage. Je suis sûr que le gouvernement à venir échouera et nous donnera les mêmes excuses que le gouvernement précédent. Il n’y a aucun espoir » dit Hussein.

Pendant ce temps, Bagdad a été nommé “le pire lieu où vivre dans le monde”. Iraqi Pundit a commenté cette info sur son blog sous le titre, No Honour, Plenty of Shame [7] (Pas d’honneur, tellement de honte).  Il écrit :

Tandis que les politiciens continuent leur bagarre pour la onzième semaine d'affilée, la capitale de l'Autriche, Vienne, a été désignée comme le lieu idéal pour vivre dans le monde, et Bagdad, le pire. Les articles de presse ici ont rapporté que Bagdad n'était pas en queue de peloton a cause de problèmes de sécurité, mais à cause de l'absence d'électricité et d'eau potable. Les politiciens n'ont vraiment aucun scrupule.