- Global Voices en Français - https://fr.globalvoices.org -

Inde : jamai shashthi, une journée spéciale consacrée aux gendres

Catégories: Inde, Arts et Culture, Humour, Médias citoyens

Aujourd’hui, il est assez fréquent dans divers endroits du monde de consacrer des jours particuliers à rendre hommage aux personnes qui occupent une place spéciale dans notre vie. C’est ainsi qu’existent la fête des mères, la fête des pères et d’autres fêtes du même genre. Mais en Inde, les belles-mères bengalaises fêtent traditionnellement en grande pompe une fête du nom de jamai shashthi [1] [en anglais, comme tous les liens suivants, sauf mention contraire], journée spéciale dédiée à leur(s) jamai, à savoir leur(s) beau(x)-fils.

En ce jour prometteur, la fille et le beau-fils sont invités par les parents de celle-ci et le gendre est honoré, convié à un repas succulent et couvert de présents par sa belle-mère. Les beaux-fils attendent ce jour avec impatience et si vous aviez été à Calcutta le 17 juin de cette année (date de la célébration de jamai shashthi), vous auriez sans doute vu un nombre non négligeable d’hommes mariés sortant précipitamment de leur bureau plus tôt que d’habitude pour ne pas manquer cet événement au cours duquel ils seront traités comme des rois par leur belle-mère.

Repas typique de jamai shashthi. Photo de Tapas Sen Gupta (www.creativeiris.net)

La blogueuse Poo se souvient que jamai shashthi est un jour où l’on s’amuse. Elle écrit [2] :

Les belles-mamans jeûnent et prient pour leurs beaux-fils. Auparavant, ce jour signifiait un repas copieux chez Dida (ma grand-mère maternelle) où non seulement papa mais aussi chacun d’entre nous recevions une montagne de cadeaux… On portait des vêtements neufs et on mangeait de la nourriture délicieuse. C’était un jour où l’on s’amusait.

Dans un message enjoué, Kamalika évoque [3] la véritable raison pour laquelle ce jour était traditionnellement fêté par la belle-famille.

Il s’agissait d’une sorte de pot de vin que la belle-famille versait aux Jamais qui se chargeaient de rendre leurs filles heureuses.

Aritra relate [4] de manière humoristique le déroulement de cette journée et remarque à quel point il est parfois facile de deviner si le beau-fils est novice ou non en la matière. Selon lui :

C’est une coutume très intéressante suivie par les belles-mères bengalaises qui dorlotent, nourrissent et couvrent de cadeaux leurs beaux-fils, le tout en une journée !… Les Jamais profitent bien de cette coutume mais tout dépend de leur statut – ils peuvent être beau-fils depuis peu ou celui que les gens prennent pour leur fils. Les novices sont moins enclins à parler et bougent peu, si ce n’est pour constamment s’incliner devant les aînés et toucher leurs pieds et être présenté à de nouvelles têtes. Ils suscitent la même réaction à chaque fois qu’ils rencontrent quelqu’un : biyete dekhechilam ..tarpor ei kotah holo (La dernière fois que je vous ai vu, c’était à la cérémonie du mariage… et maintenant nous pouvons discuter). Avec un sourire penaud, le Jamai parvient à s’échapper et se dirige vers l’assiette et le plat. Un conseil aux nouveaux : évitez de vous resservir car il y a trop de choix ! Et pour les anciens, vous savez déjà ce qu’il faut éviter !

Et puis il y a les cadeaux ! Des deux côtés de la famille. Il ne s’agit souvent que de vêtements ! Mais les innovations sont toujours les bienvenues ! Pour l’occasion, votre belle-mère, si c’est son genre, ne laisse pas sa fille intervenir et c’est le mari (WOUAOU !) qui devient véritablement important ! Les 364 jours restants, ça marche toujours dans l’autre sens (si, si, on sait) !

De nos jours, la vie est bien remplie et les enfants vivent souvent loin de leurs enfants. Malgré cela, la célébration de jamai shoshthi perdure, après avoir subi quelques modifications [5] [en bengalais] dans certains cas. On appelle de loin pour féliciter le beau-fils. Les restaurants de la ville organisent des festins copieux spécial jamai shashthi pour les Bengalais pressés qui n’ont plus le temps ni la patience de préparer des mets raffinés traditionnels et les parents se servent de leur webcam pour consulter leurs enfants au sujet des cadeaux à acheter.

Aujourd’hui, les hommes mariés devraient faire en sorte de mériter leur jamai shashthi, lance sur le ton de la plaisanterie Kamalika  qui donne des conseils [3] aux hommes qui espèrent être régalés par leur shashuri (belle-mère) :

A tous mes compagnons mariés…apprenez à mériter le festin et les cadeaux de Jamai Shoshti, sinon… il se pourrait que la journée ne se déroule pas comme vous l’aviez imaginée ! Vous pourriez dire adieu aux deuxièmes rations, à la nourriture succulente et au respect que l’on vous témoigne d’ailleurs ! Car dans ce monde, rien n’est gratuit… Donc, pour décrocher le festin, apprenez à flatter votre shashuri et votre épouse toute l’année… !

Il est intéressant de remarquer que Jamai Shashthi était également le titre du premier film parlant bengalais [6] sorti en 1931.

Le beau-fils a donc ajouté la dimension sonore à une ère jusque là silencieuse! plaisante Aritra.