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Brésil: coalition contre l'exploitation minière de la Serra do Gandarela

Catégories: Amérique latine, Brésil, Développement, Droits humains, Economie et entreprises, Environnement, Manifestations, Médias citoyens

Vale S.A. [1] est, par ordre de grandeur, la deuxième société minière dans le monde, la plus grande compagnie privée brésilienne et sans doute aussi, la plus controversée. À tel point qu'au mois d'avril dernier, la 1ère rencontre internationale des ‘Victimes de Vale’ [2] a eu lieu à Rio de Janeiro. Parmi les nombreux cas de désastres écologiques pointés du doigts par les différents participants, il y a le Projet Apolo,  un projet d'exploitation minière visant à extraire le fer d'une chaîne de montagne dont les écologistes exigent la protection. Selon le blog du Groupe [3]Environnemental de [3]Santa Bárbara [3] [en portugais, comme tous les liens]:

A Serra do Gandarela representa uma área de corredor ecológico e tem inquestionável riqueza hídrica, paleontológica, arqueológica e também de flora e fauna. Se não fosse assim, ela não estaria figurada em área de preservação permanente de acordo com a legislação ambiental, como de alta relevância no zoneamento ecológico econômico (ZEE), e região prioritária no documento do Instituto Estadual de Florestas de Minas Gerais.

Le massif de Gandarela est une zone “couloir écologique”, elle dispose d'une richesse hydrique, paléontologique et archéologique incontestable, sans parler de la faune et de la flore. Si tel n'était pas le cas, elle ne figurerait pas dans une aire de protection permanente, en accord avec la législation sur le milieu naturel, comme une aire de grande importance pour le zonage écologique économique (ZEE) et comme une région prioritaire dans les documents de l'Institut d'État pour les Forêts du Minas Gerais.
[4]

http://serradagandarela.blogspot.com

La rencontre des ‘Victimes de Vale’ à Rio, a donné lieu à un rapport [5] publié sur le blog [2] du mouvement, rapport qui compile tous les “impacts et violations de la loi par Vale dans le monde”. Les pages 35 et 36 racontent l'histoire de Vale dans la région de Gandarela :

A Vale realiza em Gandarela, a extração de minério de ferro. Em 2008 sua capacidade produtiva foi ampliada com a compra da Mineração Apolo, que elevou em quase 1 bilhão de toneladas as reservas de minério de ferro da empresa no chamado Quadrilátero Ferrífero, em Minas Gerais. O plano da Vale é unir o potencial da Apolo com os recursos do Projeto Gandarela. Com a compra da Apolo, os recursos de Gandarela passarão de cerca de 4 bilhões para 5 bilhões de toneladas de minério de ferro. O Projeto Apolo consistiu na abertura de uma mina com capacidade de produção de 24 milhões de toneladas de minério de ferro por ano e implantação de uma usina de beneficiamento da matéria-prima nos municípios de Caeté e Santa Bárbara, na Região Central do estado.

Vale extrait du minerai de Fer à Gandarela.  En 2008, sa capacité de production a été augmentée avec le rachat de la société Mineração Apolo, ce qui a élevé à quasiment 1 milliard de tonnes les réserves de l'entreprise dans le célèbre Quadrilatère Ferrifère, de l'état du Minas Gerais. Le plan de Vale est d'unir le potentiel d'Apolo aux ressources du Projet Gandarela. Avec le rachat d'Apolo, les ressources de Gandarela vont passer d'environ 4 milliards à 5 milliards de tonnes de minerai de fer. Le projet Apolo consiste en l'ouverture d'un puits de mine d'une capacité de production de 24 millions de tonnes par an, ainsi que l'implantation d'une usine de traitement de la matière-première dans les municipalités de Caeté et Santa Barbara, situées dans la région centre de l'état.

Contre ce projet, il y a bien sûr les groupes écologiques mais aussi les communautés locales, qui accusent Vale de ‘manque de transparence et d'utilisation indue des réserves en eau de la région’ et qui énumèrent quelques-unes des irrégularités et des impacts du dit projet :

Questionamentos das comunidades não foram respondidos pela empresa nas reuniões já realizadas. Mau uso dos recursos hídricos superficiais e subterrâneos de abastecimento público. Interferência na qualidade das águas locais. Construção do ramal ferroviário que impactará Área de Proteção Ambiental Municipal (APA Juca Vieira, de Caeté), com possível drenagem de águas pelos túneis com construção prevista.

L'entreprise n'a pas répondu aux questions des communautés au cours des réunions déjà effectuées. Mauvais usage des ressources hydriques superficielles et souterraines destinées à l'approvisionnement public. Interférence sur la qualité des eaux locales. Construction d'une ligne ferroviaire qui aura un impact certain sur une Aire Municipale de Protection du milieu Ambiant (APA Juca Vieira, de Caeté), avec l'éventualité d'un drainage des eaux dans les tunnels prévus.

Et pendant que la réalisation du rapport suit son cours en listant toutes les nuisances d'une telle utilisation de l'eau dans la région, non seulement pour les populations locales mais aussi pour la capitale de l'état, des groupes écologiques locaux comme le Projet Manuelzão [6] de l'Université Fédérale du Minas Gerais, ainsi que le groupe  des écologistes de Santa Barbara, appellent à la création d'un Parc National qui garantisse la protection des ressources naturelles de la zone.

Le blog Serra da Gandarela [7], aborde aussi le thème de l'eau et du milieu ambiant, mais il développe le sujet en répondant aux arguments en défense de l'industrie minière, génératrice d'emplois pour les habitants :

O que está cada vez mais claro em Minas Gerais, segundo alguns estudiosos do assunto, é que nem sempre o desenvolvimento que a mineração traz é um desenvolvimento sustentável. Cidades inteiras como Itabira são dependentes da exploração mineral, e quando a mina se esgota, a cidade, que se tornou mono-industrial, não tem alternativa de sobrevivência.

Ce qui devient plus clair chaque jour, dans le Minas Gerais, selon certains spécialistes du sujet, c'est que le développement apporté par l'industrie minière n'est pas toujours un développement durable. Des villes entières, telle qu'Itabira, sont dépendantes de l'exploitation minière, et lorsque la mine se tarit, la ville, qui est devenue mono-industrielle, ne dispose d'aucune alternative de survie. Au problème de ces ville ‘mono-industrielles’, dépendantes d'une seule et unique entreprise, il faut ajouter la pollution qui en découle, ainsi que le maigre retour financier pour la ville -hôte. Les royalties payées par ces entreprises aux conseils municipaux locaux sont ridicules comparées aux dégâts écologiques et sociaux occasionnés par l'industrie minière.
[8]

http://www.aguasdogandarela.org/forum/topics/informacao-potencial.

Et de fait, Vale S.A. a souvent été montrée du doigt, pour des dommages écologiques flagrants mais aussi pour des infractions au droit du travail :

No Canadá, onde a Vale comprou a mineradora Inco, cerca de três mil trabalhadores da empresa estão em greve há mais de nove meses.“Nunca vimos uma companhia tão arrogante e completamente desonesta com seus empregados e comunidade como a Vale”, disse Leo W. Gerard, presidente internacional do United Steelworkers, sindicato de mineiros do Canadá e EUA. Essa postura desrespeitosa é observada em diversas ações protagonizadas pela Vale. Em torno das violações de direitos humanos cometidas pela Vale, estão reunidos, por exemplo, trabalhadores rurais do Pará e do Maranhão, pescadores de Sepetiba, no Rio de Janeiro, ambientalistas de Minas Gerais e do Chile, comunidades tradicionais de Moçambique, indígenas do Peru e do pequeno arquipélago de Nova Caledônia, no Pacífico.

Au Canada, où Vale a racheté la compagnie minière Inco, quelques 3000 employés de l'entreprise sont en grève depuis plus de neuf mois. “On n’ a jamais vu une entreprise si arrogante et si totalement malhonnête envers ses employés et envers la population que Vale” dit Leo W. Gerard, Président international de  United Steelworkers, une association minière originaire du Canada et des États-Unis. Cette posture irrespectueuse peut être observée dans diverses actions menées par la Vale. Contre les atteintes aux droits de l'homme commises par la Vale se sont réunis, par exemple, des travailleurs ruraux du Parà (NdT: Amazonie brésilienne, capitale Belém) et du Maranhão (NdT: état voisin du Nord-Est, capitale São Luis) des pêcheurs de Sepetiba, à Rio, des écologistes du Minas Gerais et du Chili, des communautés du Mozambique, des indigènes du Pérou et du petit archipel de Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique.

En ce qui concerne la Serra da Gandaleira, six audiences publiques ont déjà eu lieu, mais il semble que l'affaire soit dans une impasse. Vale S.A. avance des chiffres mais sur Twitter, des internautes comme Cássio Martinho [9] se demandent :

Vale diz q investirá 4 bilhões para extrair minério de ferro por 17 anos. Quanto vale um parque nacional? E a Mata Atlântica?

Vale dit qu'elle investira 4 milliards pour extraire du minerai de fer pendant une période de 17 ans.
Combien vaut un parc national ? Et la forêt primaire ? (Mata Atlantica)

Serra do Gandarela é uma enorme porção de Mata Atlântica e águas na região metropolitana de BH. Contra a mina, queremos parque nacional.9:34 AM Jun 15th via web

La Serra do Gandarela est située sur une énorme portion de Forêt Primaire et de réserve d'eau de la région métropolitaine de Belo Horizonte. Plutôt que la mine, nous voulons un parc national.

Ontem à noite, audiência pública s/ mineração na Serra do Gandarela estava lotada. Mais uma disputa entre a Vale e comunidades de montanha. 9:33 AM Jun 15th via web

Hier soir, la salle de l'audience publique sur l'activité minière dans la Serra da Gandarela était pleine. Encore une dispute entre Vale et les peuples de la montagne.

Le bras de fer continue. D'un côté Vale, qui ne veut pas abandonner “sa” mine, et de l'autre des écologistes qui exigent la création d'un parc national. Tant qu'ils ne l'obtiennent pas, l'exploitation minière continue et la Serra da Gandarela s'épuise.

[10]