Afrique de l’ouest : Narcotrafiquants et potentats politico-militaires

Le corps de Moriba Junior Dadis Camara, fils du capitaine Dadis Camara a été retrouvé sans vie dans une piscine à Longueil au Canada où il faisait ses études.  L’hypothèse d’un acte criminel organisé par les narcotrafiquants fut immédiatement envisagée. En 2008, Antonio Mazzitelli affirmait déjà que la Guinée etait un” hub” important du traffic de drogue[en].  Le site conakrynews.net a clairement posé les questions que beaucoup de monde dans le pays se posaient tout bas  :

Simple noyade ou assassinat prémédité ?

Depuis Conakry, Ibrahima rappelle sur koaci.com :

La première version parle d’un règlement de compte de la part du réseau des narcotrafiquants de drogue et cocaïne que le chef de la junte Moussa Dadis Camara avait démantelé au lendemain de la prise du pouvoir le 23 décembre 2008.

On se souvient dans cette lutte sans merci engagée  à l’époque du règne de Dadis Camara par le secrétariat d’Etat chargé de la lutte anti-drogue et du grand banditisme dirigé par le lieutenant colonel Moussa Thiègboro Camara contre les présumés narcotrafiquants, plusieurs ressortissants guinéens et étrangers avaient été mis aux arrêts et détenus dans les prisons Guinéennes et leur procès se déroule actuellement à la cour d’assise de Conakry.

Cependant l’autopsie effectuée par les médecins légistes québécois écarte toute hypothèse de meurtre. Un meurtre commandité n’aurait pourtant pas surpris car un des rares actes positifs du capitaine Dadis Camara pendant ses 12 mois au pouvoir en Guinée a été la lutte qu’il avait engagée contre les narcotrafiquants, avant les événements sanglants du 28 septembre.

Cette hypothèse, bien que non justifiée dans ce cas démontre l’importance prise par les seigneurs de la drogue dans le pays.

Mamadou Ciré Savané sur guinee24.com écrit à ce propos :

De somptueuses villas en haute banlieue aux grands salons de la République, les narcos étaient logés à la meilleure enseigne. De petits avions en provenance d'Amérique du Sud se posaient presque quotidiennement sur le sol de Soké en Guinée Maritime ou encore sur celui de Faranah en Haute Guinée. Et Conakry, comme de nombreuses capitales acquises à ce réseau, était devenue “le by night” de la drogue.
Tenez! De grosses cylindrées à savoir “Infiniti”, “Touareg”, “Prestige”, Acura, Armada, Q7 ou autre X5 bondaient les rues de Conakry…. »

3 mois après la prise du pouvoir par l’armée, des arrestations avaient été opérées et des confessions recueillies. Le site web lesafriques.com relate les confessions d’Ousmane Conté, fils du défunt président Lansana Conté, en direct à la RTG en mars 2009, la radio télévision guinéenne :

dans une séance de confrontation directe entre accusés et accusateurs, supervisé par le capitaine Moussa Tiegboro Camara, nommé il y a deux mois Secrétaire d’Etat chargé de la lutte anti-drogue et le grand banditisme : « je reconnais être impliqué dans le trafic de drogue en Guinée », confesse Ousmane Conté en s’excusant auprès du peuple guinéen. « Tous ceux qui me connaissent  savent que je ne suis pas un menteur. C’est vrai, aujourd’hui, je suis dans cette affaire de drogue, je le reconnais, mais je n’en suis pas le parrain ». Il n’en fallait pas plus pour qu’une véritable tornade d’arrestations s’abatte sur des ex dignitaires du régime Conté ainsi que des membres de l’entourage du nouvel homme fort du pouvoir, le capitaine Dadis Camara, présenté comme ami de Ousmane Conté. »

Cette pénétration des narcotrafiquants parmi les potentats de l’administration et de l’armée locaux ne se limite pas seulement à la Guinée, mais elle concerne toute l’Afrique de l’ouest. Citant l’agence d’informations chinoise Xinhua, afriscoop.net rapporte :

Le Sénégal, de par sa situation géographique, est devenu un point de transit privilégié des narcotrafiquants, constatent les acteurs de la lutte contre la drogue.

Selon le représentant régional adjoint pour l’Afrique, de l’ Organisation des Nations Unies contre le trafic de drogue, Cyriaque Sobtafo, l’Afrique de l’Ouest est devenue la plaque tournante du trafic de cocaïne.
“Les navires et avions chargés de cocaïne arrivent d’Amérique Latine à destination des ports et des aéroports mal contrôlés d’Afrique de l’Ouest. En 2009, la cocaïne qui transitait par l’Afrique de l’Ouest a été estimée à 20 tonnes pour une valeur de presque 2 milliards de dollars sur le marché de gros dans les villes européennes”, indique-t-il.

Les pays sahéliens aussi sont concernés. En effet, Baba Ahmed écrit sur africatime.com, citant un rapport des Nations unies :

« Aujourd’hui, dans le Sahel, les organisations islamistes contrôlent si bien la situation qu’elles imposent le paiement de tributs et de droits de traversées aux narcotrafiquants.»

Mais le pays qui reste, probablement, le plus vulnérable à ce fléau est la Guinée-Bissau. La situation est telle que l’envoi d’une mission de paix voulue par la Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest et la Communauté des pays de langue portugaise a été accepté par le gouvernement bissau-guinéen. A cet effet, le site operationspaix.net, rapporte dans un article daté du 13 aout 2010 que :

… cette mission « dissuasive » aura comme objectif de « garantir la sécurité des autorités (civiles), enrayer les soubresauts politico-militaires, décourager les coups d’État et appuyer les réformes au sein de l’armée et des forces de sécurité » tout en luttant contre le trafic de drogue. La Guinée-Bissau a accepté son envoi le 1er août.

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