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L'Australie en mal de gouvernement

Catégories: Océanie, Australie, Élections, Médias citoyens, Politique

Une semaine après les élections, l'Australie attend son nouveau gouvernement. Aucun des deux grands partis n'a obtenu la majorité des 150 sièges de la chambre des députés. Le comptage n'est pas terminé, mais le résultat probable est :
72 sièges pour le parti Travailliste australien, 73 pour les partis Libéral et National, 1 pour les Verts et 4 pour les Indépendants. Les négociations s'ouvrent sous le regard de la nation pour la formation d'un gouvernement minoritaire [les liens sont en anglais].

Les blogueurs spéculent activement, non seulement sur les résultats possibles, mais aussi sur les raisons de ce parlement “suspendu”. Sur le site qui porte son nom, Adrian Phoon spécule sur l'essor des Verts, et estime que le parti travailliste australien ne peut s'en prendre qu'à lui-même :

Le présupposé du parti travailliste qu'il pourrait compter sur le vote progressiste même en n'offrant que peu de satisfaction aux électeurs progressistes s'est avéré erroné. (Obama aux USA ferait bien de prendre note de l'infortune électorale des Travaillistes.)

Il se fait l'écho d'une opinion répandue :

Une chose est sûre : le parti travailliste doit reprendre en marche le train du changement climatique, pour son bien comme celui de la planète, et vite.
Election 2010 en Australie : Comment la gauche s'est fait battre [1]

Colin Jacobs du blog Electronic Frontiers a fait une campagne acharnée contre le projet du gouvernement travailliste de filtrage internet. Il voit dans les résultats une revanche :

Je crois que la conscience politique de beaucoup d'internautes a été éveillée par sa tentative de coller une censure sur les connexions au Net du pays. Lorsque cette question était d'importance pour les gens, cela ne les a pas simplement rejetés un peu en marge, ça les a rendu fous furieux, voire sceptiques à vie envers le parti travailliste.
Comment vous avez façonné l'élection [2]

Sur Café Whispers, un blog auquel l'auteur de ce billet collabore occasionnellement, Nasking déplore l'état des lieux :

Ce qui me surprend, c'est la quantité de gens qui sont prêts à voter pour ces politiciens et alliés des médias pratiquant le “gagner à tout prix”, “dire & faire n'importe quoi pour gagner le pouvoir” et qui en sont au stade de développement moral d'un adolescent “moi moi moi” prêt à détruire toutes les constructions du concours Lego pour n'avoir pas reçu le premier prix qu'il croyait mériter… et qui se plante, les poings sur les hanches et mauvais joueur en criaillant : ON REJOUE !!!.
La sieste de vendredi au café (Edition “Attente”) [3]

Duckpond s'intéresse moins à qui formera le gouvernement qu'à un problème essentiel :

La semaine prochaine nous aurons probablement un gouvernement pour remplacer celui qui expédie les affaires courantes, mais en aurons-nous un qui sera prêt à agir sur le réchauffement climatique ?

… Le réchauffement climatique n'est pas une question qui va disparaître. C'est une crise menaçante qui va se déployer sur le prochain siècle et exige un programme, de la prévision et du courage. Si l'opinion non-scientifique est écartée, les effets se feront sentir en Australie comme partout ailleurs sur la planète.

… Une semaine, c'est long en politique, c'est très court pour le réchauffement climatique.
ATTENDRE N'EST PAS UNE OPTION [4]

Le gay marriage blog a un nouvel espoir de légalisation, teinté de réalisme :

Avec les Verts potentiellement pivots du pouvoir dans les deux chambres du Parlement, le mariage homosexuel n'a jamais été aussi proche du centre de la scène politique.

… En fait, il faudrait seulement l'opportunité d'introduire une proposition de loi d'initiative parlementaire, avec liberté subséquente de vote. Mme Gillard pourrait même prendre une partie du mérite si elle osait, en faisant présenter la proposition par un député travailliste. Si cela sonne l'alarme sur son radar politique, un sénateur Vert ou Bandt pourrait le faire.

… les négociations post-électorales sont un moment difficile pour les gays et les personnalités politiques à qui ils ont fait confiance.
LES VERTS AUSTRALIENS NE DOIVENT PAS RACCROCHER [5]

Le Political Sword publie deux billets sur ce qui a pu amener le résultat des élections. Ils analysent les facteurs possibles:

Le facteur Rudd  semble le moins convaincant pour expliquer comment on en est arrivé là. Il y en a beaucoup d'autres : les facteurs Gillard, Queensland, NSW (New South Wales), Abbott, coalition, média, et d'autres encore. Ils sont pour les prochains articles.

Sa conclusion:

J'aime toujours Kevin Rudd. Je le crois une personne de qualité d'une grande intégrité et aux idéaux élevés, qui a une splendide vision pour ce pays, et un programme plein d'idées pour améliorer la condition de son peuple. C'est le processus de mise en oeuvre du programme et la communication avec l'électorat qui a échoué et a déçu tant de nous qui l'avions soutenu de bout en bout. Mais pour ma part, je l'admire toujours et regrette qu'on en soit arrivé là.
Nouvelles réflexions sur comment on en est arrivé là [6]

Lorenzo de Thinking Out Aloud est bien plus optimiste que les autres :

Il était justifié de se plaindre du peu de substance de la dernière campagne des élections fédérales, et le Parlement sans majorité qui en résulte est la meilleure preuve que l'élection était vide de sens. Pourtant, nous avons aussi eu une offre de deux personnes de belle prestance, intelligentes, dévouées au public pour le poste de Premier Ministre. Le premier rang proposait des brochettes ministérielles d'individus généralement sensés et expérimentés. (Les affirmations qu'il y a une grande nécessité morale d'avoir des perdants et des gagnants, ou que le fait que l'un ou l'autre devienne premier ministre est matière à désespérer de la morale, nous en dit plus long sur ceux qui se complaisent à de telles inepties que sur Julia [ [7]Gillard] [7] ou Tony [ [7]Abbott] [7].) La campagne électorale s'est disputée avec une absence de violence que nous tenons pour entièrement acquise, mais qui serait jugée miraculeuse dans beaucoup d'endroits du globe.
Heureux pays [8]

Sur le blog collectif de Peter Black, Election Blackout, Emma Anderson fait du méta-blogging, elle blogue sur les blogs à propos de l'élection. Sa tonalité est, elle aussi, positive :

… Faire partie de ce blog a fortement influé sur ma vision du monde politique. Je reste cynique, j'ai la forte conviction que beaucoup de choses doivent changer, et je crois que les voix divergentes et critiques sont une nécessité absolue. Néanmoins, pour la première fois, j'ai l'impression que mon vote pourrait avoir vraiment compté, et je me mords les doigts de ne pas m'être inscrite à temps.

… Nous devons encourager les gens à penser par eux-mêmes, à être une voix contre la propagande, une voix en faveur des faits et non des arrières-pensées. Il nous faut respecter la diversité de notre culture et de notre peuple, mais nous devons aussi trouver un équilibre réaliste.  Le monde devrait être gouverné d'après les idées et faits les meilleurs, et non l'idéologie.
Un futur blog naît de ce blog : leçons personnelles autant que générales [9]

Orange Tim sur Despatches from Agent Orange souhaite qu'un parlement sans majorité apporte des changements au mode de fonctionnement de notre corps législatif :

Une chose est sûre, je crois qu'il y a un grand nombre d'électeurs qui pensent probablement que le moment est arrivé d'une sorte de réforme parlementaire. Pour parler franchement, les hommes politiques “réforment” fréquemment notre manière de vivre et de travailler, mais ne sont pas si empressés de réformer leur boutique.

Il voudrait aussi voir un peu d'introspection constructive chez les grands partis :

Je suis sûr que les grands partis regarderont tous deux en eux-mêmes pour chercher à se réformer. Sinon, ils auront des problèmes. Les électeurs australiens sont convaincus à l'évidence qu'ils ont des problèmes et ont besoin de réformer leurs partis.
L'Australie attend [10]

Il n'est pas seul de cet avis.