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Pérou : Manifestations à La Convención sur l'exportation du gaz

Catégories: Amérique latine, Pérou, Environnement, Manifestations, Médias citoyens, Politique

À Cuzco, Pérou, le conflit social suscité par la vente de gaz du champ de Camisea [1], se poursuit ; les habitants exigent une augmentation du montant des royalties pour la région, et ils veulent aussi s'assurer qu'une partie de la production reste dans la région, disponible à un prix raisonnable. Jusqu'à présent, le gaz avait été vendu localement plus cher que celui qu'on exporte. Après la grève du  17 juin [es] [2] qui a eu lieu dans plusieurs départements du sud du Pérou contre la vente du gaz, et après l'annonce du Président Alan García [es] [3] lors de son message à la nation le jour de la fête nationale, où il a dit que la vente de gaz ne serait pas interrompue mais qu'il y aurait des renégociations sur les royalties de la vente, il y a eu la nouvelle qu'une grève illimitée [es] [4] venait d'être annoncée dans la province de La Convención [5] fin juillet.

Les protestations s'étaient concentrées à Quillabamba, la capitale de La Convencion, et dans la zone de Echararte, où sont localisées plusieurs stations de gaz. Le 30 juillet, dix-sept personnes qui avaient essayé de s'emparer de ces établissements ont été arrêtées [es] [6]. Etant donné ces tentatives et le fait qu'un câble de fibre optique avait été coupé [es] [7] par des manifestants, le gouvernement avait déclaré l'état d'urgence [es] [8] dans la région, une mesure que avait été rejetée [es] [9] par le président régional de Cusco. Les dix-sept personnes ont été ensuite libérées [es] [10].

Sur ces entrefaites, des membres du Congrès et des ministres du gouvernement ont déclaré que ces actions faisaient partie de la plateforme politique [es] [11] de quelques personnes (faisant référence au leader de la protestation), ou qu'ils se servaient du prétexte du gaz [es] [12] pour créer un conflit. Les leaders régionaux ont refusé de se rendre dans capitale, Lima [es] [13], pour négocier un accord, et au contraire, ont appelé des représentants du gouvernement à venir dans la région.

Ces événements ont divers aspects. Par exemple, les opinions exprimées à propos des négociations sur les royalties ont soulevé des soupçons et du scepticisme. Gladys Pereyra du blog Pizarra Blanca commente : [14]

Cette renégociation prétend éviter que les Péruviens payent plus que les étrangers pour un gaz qui nous appartient. Est-ce possible? La proposition est d'augmenter les royalties… et de cette façon équilibrer le prix national et l'international. Mais réitérant toujours que les contrats originels “auraient été fait avant” le gouvernement actuel, le prix du gaz pour l'exportation “n'a pas été proprement augmenté.”

Jorge Manco de Bitacora del Peru y del Mundo présente une analyse du point de vue économique, mais pas évidente du point de vue politique, surtout de la gauche, et conclut [15] :

Dans la présente transition politique, la gauche a le défi d'assumer un discours moderne qui promeut l'investissement privé, qui facilite la capitalisation du pays dans de conditions équitables pour l'État, les entreprises et les régions. De là, le refus dogmatique d'exporter le gaz naturel nous ferait revenir à des politiques insensées et irresponsables du passé, où “le remède était pire que la maladie.” C'est à dire que le gouvernement doit, avec fermeté, libérer les réserves du Lot 88 des compromis d'exportations et doit renégocier les prix et les royalties du Lot 56.

Sur le blog Gran Combo Club, Silvio Rendón porte son attention sur la maladresse du gouvernement pour faire face au protestations s] [16]. Au lieu d'analyser la pertinence des revendications, ils ont préféré accuser les manifestants de jeux politiques, et bien que la manifestation ait été annoncée, rien n'a été fait pour l'empêcher.

Ce n'est qu'hier, dimanche que le gouvernement a lancé un communiqué condamnant les manifestants, les accusant d'être des “leaders de manoeuvres électorales,” puisqu'ils se présentent comme des candidats aux élections régionales et municipales, ayant comme objectif, d'après le gouvernement, de s'approprier des ressources “de tous les Péruviens.” Il y a un paysan disparu ici. [17] Aussi: La Convención en grève contre la vente de gaz de Camisea [18]. Soit on présente les dirigeants sociaux comme séparés des autorités politiques, voir ici [19], soit on les présente comme des “manoeuvriers politiques.” Il est difficile d'articuler une proposition politique à partir de ces manifestations et de mouvements sociaux quand on les criminalise comme des “manoeuvres électorales.”

La vidéo [20]ci-dessous (utilisée sous permis) de Enlace Nacional montre les membres de la Fédération de Travailleurs de Cusco lavant le drapeau, considéré une action de protestation.

Après l'escalade des manifestations et le refus du gouvernement de négocier avec les manifestants, Monseigneur Carbrejos, président de la Conférence Episcopale est intervenu en médiateur [es] [21]. Il s'est rendu au village de Quillabamba pour essayer de calmer la situation et d'amener les deux parties à s'asseoir et à discuter. Des discussions ont finalement eu lieu lundi 9 août, quand le Premier ministre Velasques Quesquen est arrivé à Kiteni [es] [22] en Echarate pour dialoguer avec des représentants des communautés après leur décision de suspendre la grève. Pour le moment le calme est revenu, néanmoins, il faut être vigilant puisque la suspension de la grève est temporaire. Si le gouvernement n'accomplit pas ses promesses, la grève recommencera.

Accédez à plus d'informations sur les blogs Sicuani Noticias [es] [23] et  Quillabamba Noticias [es] [24]. Ce blog publie en outre un article de Mexico qui fournit une autre perspective sur le sujet : Le gaz naturel péruvien : Pour le Mexique ou pour Repsol ? [25]