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Guatemala : qui était Lisandro Guarcax ?

Catégories: Amérique latine, Guatémala, Arts et Culture, Guerre/Conflit, Médias citoyens, Peuples indigènes

Plusieurs communautés rurales du Guatemala souffrent d’une augmentation de la violence, dont la dernière victime est un enseignant de campagne respecté, guide spirituel et danseur de Sololá [1]: Lisandro Guarcax. [en espagnol comme tous les liens de cet article].

Lisandro Guarcax s’est fait enlever alors qu’il se rendait à l’école dans laquelle il travaille, à Chuacruz, Sololá. Son corps a été retrouvé portant des marques de torture, signale un communiqué officiel du centre culturel Sotz´il Jay [2], dont Lisandro Guarcax était le directeur. Les blogs Colectivo El Papel [3], Red Maya [4], ComunicArte, [5] The Pavarotti Center [6] et Quahutemallan [7] se sont fait l’écho de cette agression. Les artistes et les communautés autochtones portent le deuil de Lisandro Guarcax.

La poète Rosa Chávez, d’origine autochtone, a dédié un adieu et un poème à son ami et mentor sur son blog, Santa Tirana :

Gracias por tus palabras sabias, por ser amigo, guia y hermano, tu fortaleza y tus sueños siguen con nosotros, en mi corazón estan los recuerdos que vivimos como semillas, es difícil entender la mala muerte, esa que deviene del desequilibrio y la maldad, da rabia y da coraje, el dolor corre por mi sangre, por nuestra sangre, pero tambien la luz que deviene de tu espiritu, que ya es latido de viento, sonido infinito, estrella, neblina, susurro de tiempo…

Merci pour tes paroles pleines de sagesse, pour être mon ami, mon guide, mon frère. Ta force et tes rêves restent parmi nous, mon cœur garde nos souvenirs pour les cultiver. Il est difficile d’accepter une telle fin, œuvre du déséquilibre et de la méchanceté, qui provoque rage et frustration. La douleur courre dans mes veines, dans notre sang, mais je m'accroche à la lumière qui émane de ton esprit, le battement de cœur transporté par le vent, ce son infini, cette étoile, ce murmure du temps…

Dans le cadre de son travail comme directeur du centre culturel Center Sotz´il Jay, Lisandro Guarcax, a travaillé à Sololá avec un réseau de jeunes autochtones Kaqchikel [8] à sauver des danses pré-hispaniques et des traditions orales, comme le montre cette vidéo [9].

[10]

Un membre du centre culturel Sotz´il Jay effectuant une dance traditionnelle. Image du groupe Flickr Grupo Sotz'il, publiée sous licence Creative Commons.

De tels espaces ouverts, dédiés à l’art et à l’expression, représentent pour les jeunes provenant de régions pauvres et marginales une possibilité de réinventer leur identité. C’est une excellente solution pour décourager les jeunes à côtoyer les gangs et les seigneurs de la drogue. Toutefois ce meurtre indique que la spirale de violence semble impossible à arrêter et qu’elle réduit à néant cette initiative en prenant brutalement la vie de l’artiste.