Sahel: Comment l'Occident finance Al Qaida au Maghreb Islamique

Comme le montre la récente prise en otages des sept employés des entreprises françaises AREVA et SATOM, le Sahel est devenu un des endroits les plus dangereux pour les  ressortissants étrangers  à cause des prises d'otages par les terroristes. Pour les délivrer,  leurs pays n’hésitent pas à recourir aux pressions politiques sur les états africains concernés ou même aux paiements de rançons. Pourtant, la stratégie de paiement aux organisations terroristes est souvent décriée comme ineffective et dangeureuse sur le long terme. Par exemple, dans le cas des deux otages espagnols libérés au début de cette année, le blog de rim info indique:

Des journaux privés, comme Le Temps, ont affirmé que “Madrid a payé la rançon”. De plus “les gouvernements du Mali et de Mauritanie ont libéré, une fois encore, un terroriste d'Aqmi en contrepartie de la libération d'otages occidentaux”. Un Malien, Omar Sid'Ahmed Ould Hamma, dit “Omar le Sahraoui”, auteur en novembre 2009 de l'enlèvement des deux Espagnols, a été libéré après avoir été extradé de Mauritanie où il avait été condamné à 12 ans de prison.

In The Sahara on Flickr by Library of Congress

Le quotidien Algérien La Tribune révèle que le chef d’état-major français des armées, l’amiral Édouard Guillaud a déclaré dernièrement, citant le président Nicolas Sarkozy, que:

«le paiement de rançons n’est pas une stratégie durable», ajoutant en nuançant que «tout est fonction des circonstances». Ainsi, si les circonstances obligeaient l’Etat français à verser une rançon ou à échanger des terroristes contre les cinq otages, dernièrement kidnappés, cela n’est pas à exclure.

Avec le paiement de rançons, ce sont des sommes énormes qui sont versées aux ravisseurs contribuant ainsi à les renforcer. Dans un article intitulé “La rançon, arme redoutable des groupes terroristes”,  Ali Boukhlef affirme ainsi :

«Plus de 90% du financement des groupes terroristes proviennent de paiement de rançons.» En faisant une telle affirmation, le ministre délégué chargé des  Affaires maghrébines et africaines sait de quoi il parle : tant que les pays occidentaux paient pour libérer leurs otages, les groupes terroristes prennent des ailes et garnissent leurs «comptes».

La récente prise en otages des sept employés des entreprises françaises AREVA et SATOM, dont 5 français, un togolais et un malgache, revendiquée par Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) pousse certains observateurs à se poser des questions troublantes. Le blog de l’Observatoire du nucléaire trouve que:

les faits poussent à se demander si tout n'a pas été fait pour que cette prise d'otage si prévisible puisse se dérouler sans encombre, offrant de fait une opportunité en or aux autorités françaises pour intervenir militairement.

Areva et les autorités françaises ont en effet été averties par différents biais que des menaces pesaient sur les salariés des mines d'uranium au Niger. Or, non seulement les mesures nécessaires de protection n'ont pas été mises en œuvre mais, au contraire, Areva semble avoir refusé l'aide des autorités du Niger.

Pour Mme Saïda Benhabyles, présidente de la Fédération internationale des associations de victimes du terrorisme, s’exprimant sur allAfrica.com le paiement de rançonsest:

“l'une des principales sources de financement des groupes terroristes activant dans la région du Sahel Africain”, a-t-elle ajouté. A cet effet, elle fait part de la grande préoccupation de la société civile, devant la propagation de ce phénomène au Sahel, au risque de transformer la région en “deuxième Afghanistan”

Pour contrer les activités d’AQMI qui s’étendent sur les territoires des pays bordant le Sahel, le site en ligne de San Finna se demande si les états africains ne devraient pas accepter des bases militaires sur leur territoire. Le site publie deux avis opposés: tout d'abord Tomi, qui est en faveur de cette forme de coopération internationale, écrit :

Les problèmes de la drogue, du Sida, de la dissémination des armes atomiques, de la pollution, du terrorisme…  ne peuvent être réglés par les Etats pris individuellement, quelle que soit leur puissance.

Par contre, Tozi trouve que :

…. Ce ne sont pas quelques éléments dispersés au Niger, au Burkina, en Mauritanie, qui pourront venir à bout de ce terrorisme qui a pris pied au Sahel. En Somalie, qu’a-t-on pu faire contre les Shebabs et les membres d’Hezb al-Islam ? En Irak et surtout en Afghanistan, a-t-on pu les éradiquer les fous de Dieu ?. … C’est parce qu’il y a des analphabètes, des pauvres, des désespérés en nombre grandissant que le Djihad trouve des recrues. Si sans se doter des moyens conséquents, on s’enrôle dans cette guerre contre le terrorisme, les éléments d’AQMI vont frapper sur nos infrastructures ; ils vont tuer dans l’œuf le tourisme (pas moins de 400.000 touristes chez nous (Burkina Faso), 900.000 au Sénégal, par exemple), et bonjour la multiplication des facteurs de troubles et de fractures sociales et nationales de toutes sortes.

Le blog mecanopolis se pose la question : Qui se cache derrière Al-Qaïda au Maghreb islamique ? et donne les réponses suivantes :

A l’origine, le sigle Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) est apparu en janvier 2007, prenant la suite du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, et englobant des groupes rebelles touaregs et sans doute une composante criminelle, dans une zone désertique allant du Niger à la Mauritanie.

En tout cas pour le-blog-de-barkbiiga sur fasozine.com :

Face à la menace absolument préoccupante d’AQMI dans le Sahel africain, il faut sortir du cercle vicieux de la vengeance pour trouver des solutions durables qui sécurisent aussi bien les populations de cette région que les Occidentaux qui viennent y vivre ou y travailler. Autrement, quand la France joue au médecin après la mort, elle ne fait qu’aggraver le mal au lieu de s’y attaquer à la racine.

Cette dernière prise d’otages est venue gâcher la fête aux maliens. Bark Biiga écrit sur son blog :

N’est-ce pas la grande pauvreté et le gros déficit d’administration du sahel malien qui a dressé le lit à la présence d’Aqmi dans cette région? Le tout ne sera donc pas de libérer les otages, mais de faire en sorte que ni le Mali, le Niger, la Mauritanie, l’Algérie ou le Burkina Faso ne soient plus des nids de ces terroristes qui écument le Sahel et qui compromettent finalement le développement des populations africaines qui ont déjà payé les plus lourds tributs à la colonisation, à la mal gouvernance et au sous-développement.

Le Niger est le 5ème producteur mondial d’uranium, mais a un revenu moyen par tete d’habitant parmi les plus bas d’Afrique. Le partage des revenus de l’exploitation de ce minerai stratégique pose bien des problèmes. H. Adamou, dans un article paru sur le site Republicain-Niger rappèle que:

La relation bien particulière de la France avec le Niger avait permis par le passé un accès exclusif à l’uranium à un prix ridicule, grâce à un accord signé en 1961, rappelle t-on. Le contrat d’Imouraren reste dans la même lignée: l’Etat du Niger n’a que 33 % des parts de la société d’exploitation. Tandis que le prix d’achat de l’uranium reste bien en deçà des cours du marché international.

Après la réunion des chefs d'état-major le 26 septembre à Tamarasset, ce sont les chefs des services de renseignement d'Algérie, du Mauritanie, du Niger et du Mali, qui se sont réunis à Alger le 29 septembre pour mettre en place un centre commun de renseignement dans la lutte contre le terrorisme.

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