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Bulgarie : débat en ligne sur le néonazisme

Catégories: Europe Centrale et de l'Est, Bulgarie, Droit, Droits humains, Ethnicité et racisme, Gouvernance, Liberté d'expression, Manifestations, Médias citoyens, Migrations & immigrés, Politique, Relations internationales

Ces derniers jours, le racisme et le nazisme sont des sujets très discutés sur le Web bulgare. Les décisions du Président Nicolas Sarkozy à l'encontre des Roms se trouvant en France, leur expulsion vers la Bulgarie et la Roumanie, ont provoqué deux réactions opposées dans l'opinion bulgare. D'un côté, ceux qui défendent Nicolas Sarkozy, et de l'autre, ceux de l'avis que les droits fondamentaux des Roms ont été bafoués.

Les factions nationalistes en Bulgarie ont organisé une manifestation anti Roms le 25 septembre dernier, durant laquelle ils ont chanté des slogans nazis et fait l'apologie du nazisme. Ceci a fait réagir les activistes des associations de défense des droits humains, qui ont créé site Web et groupe Facebook contre les agissements des mouvements néonazis en Bulgarie.

Voici l'un de ces sites : http://stopnazi-bg.blogspot.com/ [1].

[2]

Voici ce que les internautes ont écrit sur l'espace commentaire du groupe Facebook [3]:

Svetoslav Panayotov: le nazisme est une idéologie de canailles, de lâches et de misanthropes. Les nazis aiment porter un masque de patriotisme, mais en réalité, c'est exactement le contraire  – parasites, voyous, dealers de drogues, pédophiles…

Dans cet extrait [4]de film, le grand Bulgare Georgi Dimitrov tournait en ridicule les mensonges nazis : ceux des députés nationaux-socialistes, des voleurs, des meurtriers, etc…

Nikolay Peshterniakov : s'il vous plait, ne transformons pas cette initiative en une querelle partisane. Nous avons déjà vu ce genre de débats ici, et ils sont tout simplement hors sujet. Être contre le racisme est une valeur universelle, il ne s'agit pas de partager les choses entre gauche et droite. Il y a plein de symboles universels qui peuvent unir les gens, au lieu de les diviser.

[5]

Les membres d'un autre groupe, “Le mouvement bulgare contre le racisme“ [6], écrivent :

Shifted Phase: les raisons derrière la naissance et l'expansion de ce mouvement, avec toutes ses particularités, sont assez complexes, elles commencent avec la tradition ethno-nationaliste-étatiste, héritée et répandue, de définir votre “propre” identité contre celle des “autres”, avec la démocratisation avortée de la sphère publique au cours des vingt dernières année, l'état économique et social déplorable de la plus grande partie de la population à cause de processus économiques locaux et mondiaux, jusqu'à des intérêts politiques étroits et partisans. Nous pouvons aussi ajouter l'influence de certains facteurs individuels et collectifs, comme le besoin d'appartenance sociale, l'expression personnelle et le besoin d'affirmation de l'individu. L'aveuglement devant le phénomène du néonazisme en Bulgarie, et le manque de réactions significatives de la part des institutions, publiques et personnelles est une conséquence inquiétante de ces facteurs.

Madlen Madlens : le concept de race entraine que de simples différences extérieures, dues à la biologie, sont liées à des différences intérieures plus complexes, comme des aptitudes sportives, le talent musical, l'intelligence. Cette croyance est basée sur l'idée que la race est une véritable donnée biologique.

Samuel Yosiphov: est-ce que l'on commence par être un dingue excité et agressif, un voyou, et puis on devient un skinhead “patriote”,  ou vice versa – vous vous rasez la tête d'abord, et ensuite vous devenez un sociopathe agressif ?

Hunveibin Surreal: “Ils“ sont des êtres humains. C'est une position raciste en elle-même, n'est-ce pas ? Beaucoup de Bulgares ne ressemblent peut-être pas à des êtres humains aux yeux d'un Français dont le cerveau a été endoctriné par de telles “valeurs”, ou de ceux d'un New-Yorkais de la classe moyenne, mais ils sont, en fait, des êtres humains. Les Bulgares ont beaucoup de problèmes, on les discrimine quand ils émigrent comme des misérables venus d'Europe de l'Est, on les considère comme “de seconde classe”. C'est ce même problème artificiel, dangereux, que ceux qui adhèrent à des idées racistes essayent de recréer ici. C'est absurde d'affirmer que vous êtes victimes de discrimination de la part d'autres pauvres. Ce problème ne sera pas résolu en se focalisant sur l'origine ethnique. Si les gens avaient de meilleures conditions de vie, plus de temps et d'opportunités pour aller de l'avant, grâce à une politique sociale adaptée, les choses seraient différentes, cette nouvelle politique bénéficierait aussi sans aucun doute à ceux qui ne fourragent pas nécessairement dans les ordures, mais ont du mal à joindre les deux bouts, et deviennent de plus en plus amers envers les autres, pour rien. La pauvreté est criminalisée dans certains endroits (ici, par exemple) et associée à certains groupes ethniques. Cela ne fait qu'aggraver le problème et sert d'abri temporaire aux politiciens devant responsabilités. La solution à ces problèmes et la perspective de changement sont faussées. Nous devons garder à l'esprit que cette situation où les nomades sont présentés comme les seuls déchets de la société est seulement temporaire, avec l'avancée de ce système basé sur les inégalités, le nombre de Bulgares peu éduqués et marginalisés va aussi augmenter, ce qui ne veut pas dire qu'aujourd'hui leur nombre est réduit. Deviendront-ils les nouveaux Roms ? Ou se battront-ils comme des animaux sur des critères ethniques, là ou l’ “autre” est toujours le coupable ?

Grazhdanin (“citoyen”) décrit [7] les groupes néonazis bulgares sur le site d'informations alternatives Indymedia :

Il y a d'étroites parentés et connexions entre les néonazis bulgares et leurs “collègues” en Europe – que ce soit à travers un mimétisme idéologique, ou des actions communes. Les Bulgares du mouvement  “Résistance Nationale” (un groupe qui  s'est scindé du parti BNI, dirigé par Boyan Rassate à l'époque) tente d'émuler les “nationalistes autonomes” allemands, tout à la fois dans sa rhétorique (en copiant des slogans comme  “Libre, Social, National”) et dans son style vestimentaire – vêtements de sport, tenue entièrement noire pour se rendre à des rassemblements politiques, etc. Le groupe “Garde BNS” est membre du Front National Européen, une union pan-européenne de mouvements politiques néonazis comme le Deutsches Kollegе (Collège Allemand), NPD (Parti National-Démocratique) et le Freier Widerstand (Résistance Libre), le Vlaams Blok (bloc flamand), la Phalange espagnole (Phalanx) créée par le dictateur Franco, le Renouveau Français, ex-Garde Franque, la Noua Dreapta roumaine (Nouvelle Droite) et la Nationale Alliantie hollandaise (Alliance Nationale)(http://www.bghelsinki.org/index.php?module=pages&lg=bg&…12905). Des invités d'autres mouvements fascistes allemands, roumains, italiens et suisses participent souvent aux rassemblements néonazis [en Bulgarie].

Le 2 octobre, la [chaine bulgare] bTV a diffusé un documentaire sur le nationalisme en Bulgarie. Il présentait ses différents mouvements, les jeunes qui appartiennent à ces groupes et abordait l'hypothèse d'un conflit inter-ethnique en Bulgarie si rien n'est fait contre la situation actuelle.