Venezuela: Accord sur l'énergie nucléaire avec la Russie

[liens en espagnol sauf mention contraire] Depuis  2005,  la Russie et le Venezuela entretiennent une relation commerciale  étroite: le pays sud-américain a investi plus de 4 milliards de dollars en armement russe au cours des dernières années. Le Président Hugo Chávez, lequel est en train d'effectuer un voyage en Europe et en Asie, est arrivé en Russie (c'est la neuvième visite qu'il rend à ce pays) le 14 octobre dernier et a rencontré son homologue Dmitri Medvedev [ces 2 liens en français]. Durant cette rencontre, Chávez et Medvedev ont signé “un plan d'action” sur divers sujets: le secteur financier, les hydrocarbures, la vente d'armement (35 tanks  T-72 et T-90), l'agriculture, les télécommunications, les transports, la culture et l'énergie nucléaire.

Hugo Chávez et Dmitri Medvedev. Photo sur flickr de Globovisión, utilisée sous licence Creative Commons Attribution-NonCommercial 3.0 Unported

L'attente générée par sa visite à Moscou a été plus que satisfaite avec la signature pour la construction d'une centrale nucléaire de 500 mégawatts. Les travaux devraient prendre environ 10 ans. Le Venezuela est le premier pays latino-américain à signer un accord sur l'énergie nucléaire avec la Russie.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Le porte-parole du Département d'Etat à la Maison Blanche, Philip Crowley a dit: “C‘est quelque chose que nous surveillerons de très, très près.”
Le tweeteur  William R. Tellechea (@twiwilliamramon) a écrit:
ya los gringos empezaron a chillar porque ahora vamos a usar energia nuclear, respeten, somos un país soberano, socialista, “viva Chavez”
les Américains ont déjà commencé à hurler parce que maintenant  nous allons utiliser l'énergie nucléaire, qu'ils nous respectent, nous sommes un pays souverain, socialiste,  “vive Chavez”
Le gouverneur de l'état de Miranda, Henrique Capriles Radonski a émis des critiques,”Ils parlent de projets nucléaires lorsque plus de 3 millions d'enfants sont exclus du système scolaire, que  58% des enfants au primaire ne finissent pas la neuvième classe et 5% d'entre eux seulement achèvent le cycle diversifié. Cette réalité nous devons tous la changer, moi je suis un instrument, mais sans vous nous ne pouvons changer cette réalité.”
Le Venezuela traverse la pire crise de l'énergie électrique de son histoire, les coupures d'électricité à l'intérieur du pays continuent à se succéder, créant le mécontentement sein de la population. Le tweeteur Miguel Angel Nieto (@miguelnieto863) a dit:
‎​Como puede Venezuela Pasar a la era nuclear sino pudo con la era eléctrica? (Misterios de la Revolución)
‎​Comment le  Venezuela peut-il passer à l'ère nucléaire sans avoir pu passer à l'ère électrique? (Mystères de la Révolution)
Le  représentant permanent du Venezuela à l'ONU, Jorge Valero, a affirmé “que le TNP (Traité de Non-Prolifération des Armes Nucléaires) cherche non seulement l'élimination des armes nucléaires, mais aussi l'égalité d'accès à la technologie nucléaire pour satisfaire des objectifs civils, c'est pourquoi le Gouvernement du Venezuela revendique  le droit souverain qu'ont tous les pays à développer leur industrie nucléaire à des fins pacifiques.”
Luís Fernando Angosto analyse la nouvelle sur le portail  aporrea.org:
Aparentemente, cuando se trata de llegar a “ser potencia”, no importa si la vía es la socialista o la capitalista: el ansiado fin justifica los medios. Además, está siendo fácil contar con socios en este tipo de empresa; socios bienintencionados y hasta altruistas que trabajan para que las naciones alcancen su independencia. En este caso, Venezuela tiene a Rusia.
Apparemment, lorsqu'il s'agit de parvenir à “être une puissance” peu importe si la voie est la voie socialiste ou capitaliste : la fin désirée justifie les moyens. De plus, il est facile de compter sur ses partenaires dans ce type d'entreprise ; des partenaires bien intentionnés voire même altruistes qui travaillent pour que les nations parviennent à leur indépendance. Dans ce cas, le Venezuela a la Russie.
Juan Cristobal du blog Caracas Chronicles [en anglais] présente “5 raisons pour ne pas s'inquiéter des ambitions nucléaires de Hugo Chávez”:

1. C'est un   gouvernement d'incompétents. Récession. Inflation. Infrastructure en ruines. Coupures d'électricité.  Containers de nourriture pourrie. Abandon de projets de raffineries. Le Gazoduc du Sud. Ai-je besoin d'en dire plus? L'homme est un mégalomane et les Russes entrent dans son jeu avec l'espoir de toucher une juteuse commission.
2. Il n'y a pas ni temps, ni argent […]
3. Le  gouvernement a aliéné le peu de capital humain qu'il possède[…]
4. Nos voisins ne sont pas inquiets : cela n'a généré aucune réaction de la part du gouvernement colombien ou brésilien, s'ils ne sont pas inquiets : pourquoi quelqu'un d'autre devrait-il l'être?
5. Il ne reste aucun capital politique à Hugo Chávez : comme ceci fut démontré lors des dernières élections parlementaires, la majorité des Vénézuéliens rejettent la gestion de Chávez. Si les élections se déroulaient aujourd'hui, il les perdrait.[…]

La construction de l'usine nucléaire se trouve dans une phase préliminaire, et monter une infrastructure de cette envergure n'est pas facile pour un pays en développement ayant de nombreux facteurs contraires : un endettement qui s'accroît de façon incontrôlable, une Assemblée où le gouvernement n'a pas de majorité qualifiée, et une détérioration sociale qui se reflète dans une moyenne de 30 homicides chaque fin de semaine, Caracas étant l'une des villes les plus violentes du monde. Le Président Chávez devra  analyser la situation avec du recul afin de savoir si cette fois-ci il pourra matérialiser ses désirs.

César Santiago a contribué à l'écriture du billet d'origine

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